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Actualité  •  5 min

Une relance durable face aux crises qui nous menacent : 14 recommandations d’Équiterre pour le budget fédéral 2020

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 Depuis plus d’un quart de siècle, Équiterre travaille quotidiennement à éviter un choc économique et social causé par les changements climatiques. En 2020, c’est une autre crise, sanitaire, qui a exposé aux yeux de tous la vulnérabilité de nos sociétés. Le genre de choc que nous tentions d’éviter nous a rattrapés. La présente crise de santé publique a fait naître une crise économique en pleine crise environnementale. Toutes ces crises plongent nos villes, nos régions, nos pays et notre monde dans une profonde remise en question de notre fonctionnement économique et social.

Comment faire en sorte que cette remise en question nous permette de nous relever et de mettre en place des modèles de sociétés plus durables, résilients et prêts à faire face aux crises futures afin d’atténuer les chocs pour les populations civiles?

Une façon d’y arriver est de reconnecter les enjeux environnementaux, économiques et sociaux, car ils sont interdépendants et simultanément en crise. La réponse à la crise sanitaire, à moyen et long terme, doit également être une réponse aux crises financière et climatique.

Une réorientation du budget fédéral 2020

Équiterre a donc soumis une nouvelle version de ses recommandations pour le budget fédéral 2020, dont le dévoilement avait été reporté à cause de la crise de la COVID-19. Les décisions que nous prenons aujourd’hui pour répondre aux crises sanitaire, économique et climatique qui frappent la société canadienne auront des impacts importants dans les années à venir.

À la lumière de cette réalité, les propositions soumises par Équiterre visent toutes à accompagner le gouvernement fédéral à choisir la résilience et la cohésion sociale comme axes de la reconstruction de notre société.

Voici les 14 recommandations d’Équiterre pour le budget, basées sur les critères suivants :

  • Soutenir directement les Canadiennes et les Canadiens affectés par la crise sanitaire ;
  • Prioriser les mesures permettant de bâtir une économie résiliente à long terme, en soutenant les secteurs d’avenir ;
  • Accélérer la lutte contre la crise climatique, un impératif qui demeure malgré la pandémie, en offrant un tremplin à une transition énergétique urgente et incontournable.

Emploi : remettre les Canadiennes et les Canadiens au travail

L’aide qui sera accordée par le gouvernement fédéral dans les différents secteurs économiques pour la création d’emploi devrait être conditionnelle à l’adhésion à des principes de développement durable, afin que la solution envisagée pour se remettre de la crise sanitaire de la COVID-19 ne serve pas à alimenter une crise environnementale, qui menace également la santé et la sécurité des Canadiennes et des Canadiens.

Avec un prix du pétrole qui risque de demeurer historiquement bas au fil des prochains mois, l’impératif de la diversification économique s’impose plus que jamais et répond également à l’impératif climatique. Il faut éviter les erreurs du passé et investir dans des secteurs qui vont permettre aux contribuables canadiens d’en avoir pour leur argent dans une perspective à long terme.

Recommandation 1 : Allouer des fonds et appliquer les recommandations du Groupe de travail sur la Transition équitable pour les collectivités et les travailleurs des centrales au charbon canadiennes dans le budget 2020.

Recommandation 2 : Appliquer à l’ensemble des industries fossiles les recommandations du Groupe de travail sur la Transition équitable pour les collectivités et les travailleurs des centrales au charbon canadiennes.

Énergie : miser sur le renouvelable et l’abordable

Le gouvernement fédéral doit travailler avec ses partenaires provinciaux et territoriaux pour renforcer les secteurs de la production et de la distribution d’énergies propres et renouvelables.

Accélérer le développement des énergies renouvelables permettrait de créer des emplois en développement des infrastructures, de stimuler l’innovation et d’attirer les investissements d’entreprises qui œuvrent dans le secteur des énergies vertes ou qui dépendent du développement de celles-ci pour leur croissance.

En mettant de l’avant les principes de développement durable et d’efficacité énergétique, c’est toute la société canadienne qui en sortira gagnante.

Recommandation 3 : Maintenir la tarification carbone ainsi que l’augmentation du prix plancher sur le carbone de 20 $ à 30 $ survenue le 1er avril.

Recommandation 4 : Maintenir son engagement d’éliminer les subventions aux énergies fossiles en publiant, dans le budget 2020, une feuille de route pour l’élimination complète des subventions à la production de combustibles fossiles d’ici 2025.

Recommandation 5 : Divulguer publiquement, avant la fin de 2020, les résultats de l’exercice d’examen par les pairs des subventions aux énergies fossiles réalisé conjointement avec le gouvernement de l’Argentine.

Recommandation 6 : Aligner le financement d’Exportations et Développement Canada (EDC) avec les objectifs de réduction des émissions de GES du gouvernement lors de la revue législative de 2020.

Recommandation 7 : Augmenter le financement alloué par la Banque de l’infrastructure du Canada au volet « infrastructures vertes » pour accélérer la mise en oeuvre du volet énergies renouvelables de la Stratégie canadienne de l’énergie, telle qu’identifiée dans le Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques

Transport : ambition et innovation

Le plan de relance économique doit non seulement soutenir le transport collectif, un service public essentiel, mais aussi miser davantage sur l’électrification des transports pour décarboniser la mobilité de personnes et de biens.

Recommandation 8 : Créer un fonds d’urgence permettant aux sociétés de transport de maintenir l’offre de service de transport collectif et de garantir la sécurité des opérateur.trice.s et des passager.ère.s.

Recommandation 9 : Bonifier et pérenniser les investissements en matière d’infrastructures de transports collectifs.

Recommandation 10 : Amorcer le processus réglementaire afin d’éliminer la référence automatique au règlement des États-Unis et maintenir la rigueur du règlement actuel en termes de réduction de GES.

Recommandation 11 : Accélérer l’électrification en mettant en œuvre une norme pancanadienne sur les véhicules zéro émission.

Agriculture : renforcer la chaîne de valeur

Les stratégies pour augmenter et maintenir des sols en santé sont l’un des moyens les plus importants pour réduire l’empreinte GES issue des cultures agricoles et renforcer la résilience des fermes. Il s’agit de la meilleure police d’assurance afin de protéger nos capacités de production à long terme. Nous devons investir dans la diversification de la production pour un système agricole plus durable, mais aussi un régime alimentaire diversifié et sain.

Recommandation 12 : Investir dans la formation, l’éducation et la requalification pour développer des forces agricoles locales et régionales.

Recommandation 13 : Investir dans nos programmes agroenvironnementaux afin que les fondements de notre sécurité alimentaire – sol, eau et biodiversité – soient régénérés.

Recommandation 14 : Bonifier les programmes de gestion de risque de l’entreprise pour qu’ils incitent les producteurs à adopter des pratiques régénératrices des sols.

Conclusion : diminuer la vulnérabilité des Canadiens et des Canadiennes face aux crises

Des milliards de dollars sont injectés dans l’économie canadienne : il s’agit d’une opportunité historique pour le gouvernement d’offrir une réponse commune aux défis posés par les trois crises (sanitaire, économique, climatique) qui frappent la société canadienne simultanément.

Le gouvernement devra continuer de prioriser la santé. Les investissements dans ce secteur devront non seulement chercher à protéger la population de la COVID-19, mais également à protéger la santé publique à plus long terme, par exemple en réduisant la pollution atmosphérique, responsable de milliers de décès prématurés chaque année.

De plus, les gouvernements devraient faire passer les intérêts des travailleur.euse.s d’abord. C’est par eux que passera le succès de la reprise. Il est impératif de former une force de travail qui pourra œuvrer dans des secteurs économiques d’avenir plus résilients.

Par ailleurs, les investissements pour redonner de l’élan à notre société devraient nous rendre moins vulnérables face aux prix hautement volatils du pétrole ou à des chaînes d’approvisionnement fortement mondialisées.

Équiterre invite le gouvernement à investir dans des campagnes de sensibilisation destinées à favoriser l’adhésion des citoyen.ne.s aux mesures de redémarrage. La multiplication des espaces et forums de discussion pour créer un véritable dialogue pancanadien dans les différentes régions, provinces et territoires du pays permettra aux Canadiens et Canadiennes de s’approprier la reprise pour que celle-ci soit couronnée de succès.

Pour lire le mémoire complet avec les recommandations détaillées »»