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Communiqué de presse  •  2 min

Équiterre demande à Québec et Ottawa de restreindre l'usage des pesticides pyréthrinoïdes

Publié le 

Montréal, 18 janvier 2016 – Dans la foulée de la publication d’une revue de littérature sur les effets des pyréthrinoïdes sur l’environnement et la santé commandée par Équiterre, l’organisme réclamait aujourd’hui du gouvernement du Québec et du gouvernement du Canada qu’il interdise l’usage des pesticides pyréthrinoïdes à des fins domestiques, et qu’il en restreigne l’usage à des fins agricoles.

Les pyréthrinoïdes sont des insecticides utilisés pour lutter contre les insectes domestiques indésirables (fourmis, blattes, moustiques, guêpes, etc.). On les retrouve communément sur les tablettes des quincaillers en libre service dans des produits tels que Raid par exemple, et des shampoings anti-poux et anti-puces. Selon le plus récent bilan des ventes de pesticides au Québec (2012), parmi les groupes chimiques du secteur de l’extermination, les pyréthrinoïdes se trouvent en première position avec 48,7 % des ventes de ce secteur. Ils sont également utilisés sur une grande variété de cultures agricoles (maïs, pommes de terre, tomates, carottes, brocolis, bleuets, laitues, pois, etc.). Il existe plus de 600 produits homologués appartenant à cette classe au Canada.

Or la revue de littérature scientifique commandée par Équiterre montre que ces substances sont soupçonnées avoir des effets potentiels sérieux sur la santé humaine. « Des recherches indépendantes suggèrent que certains pyréthrinoïdes sont potentiellement neurotoxiques, cancérogènes, reprotoxiques et capables de perturber le système endocrinien », explique Louise Hénault-Éthier, candidate au doctorat en Sciences de l’environnement à l’Université du Québec à Montréal et auteure de la revue de littérature. « Par exemple, une étude canadienne a révélé qu’il existait une relation significative entre les pyréthrinoïdes et certains troubles du comportement chez l’enfant. De plus, l’exposition aux pyréthrinoïdes durant la grossesse a été associée à un risque accru de troubles du spectre de l’autisme et de retards du développement », renchérit Madame Hénault-Éthier. Qui plus est, le Centre international de recherche sur le cancer a fait du réexamen de la cancérogénicité de la perméthrine – qui compte parmi les pyréthrinoïdes les plus vendus au Québec – une haute priorité pour la période 2015-2019. De récentes recherches révèlent également l’existence d’effets potentiellement nuisibles des pyréthrinoïdes à la fertilité humaine, comme la perturbation des hormones mâles et femelles, des modifications du système reproducteur mâle, une baisse du nombre de spermatozoïdes et de leur mobilité ainsi que des dommages à leur ADN.

« Au tournant des années 2000, les pyréthrinoïdes sont venus remplacer les organophosphorés, éliminés car jugés trop toxiques, eux-mêmes introduits dans les années 1970 en remplacement des organochlorés utilisés dans les années 1950, dont le DDT est un malheureux exemple. L’histoire se répète et nos pouvoirs publics ne semblent pas avoir appris la leçon. Les pyréthrinoïdes ont été adoptés comme solution de remplacement, mais une fois de plus, on met sur le marché des pesticides dont la sécurité n’est pas attestée, sans avoir évalué leurs effets à long terme à faibles doses. Or, des études récentes font craindre des risques importants pour la santé humaine, particulièrement celle de nos enfants. Il est temps que cette logique cesse et Québec doit agir diligemment pour protéger adéquatement la population », conclut Sidney Ribaux, directeur général d’Équiterre.

Il existe pourtant des alternatives pour lutter contre les insectes domestiques nuisibles comme des méthodes de lutte physique (nettoyage à la vapeur, à l’aspirateur ou la congélation), et des produits à faible toxicité (comme l’acide borique et la terre diatomée).

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Pour information :
Nadine Bachand
Chargée de projet - Choix collectifs, agriculture et pesticides
(514) 213-3287 / nbachand@equiterre.org