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Communiqué de presse  •  5 min

Protection de la forêt boréale - Un Prix pour le premier ministre du Manitoba et les Premières Nations

Publié le 

Winnipeg, le 25 octobre 2010 - Les organisations écologistes du Canada décernent leur tout premier Prix de leadership écologiste pour souligner le projet d’inscription du site Pimachiowin Aki au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Les dirigeants des principales organisations écologistes du Canada remettront ce soir leur Prix de leadership écologiste au premier ministre du Manitoba, Greg Selinger, et à l’organisme Pimachiowin Aki Corporation. Le prix est décerné en reconnaissance du travail accompli par les récipiendaires pour faire inscrire le site Pimachiowin Aki au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Situé au coeur de la forêt boréale, le site couvre un territoire presque entièrement intact de plus de 40 000 kilomètres carrés. Il est situé en partie au Manitoba, à l’est du lac Winnipeg et en partie en Ontario. Le site englobe les terres ancestrales de cinq Premières Nations et deux grands parcs provinciaux. Les forêts, les rivières, les lacs et les milieux humides de ce territoire sont précieux. Ils constituent un habitat essentiel pour plusieurs espèces – dont le caribou des bois – et ils fournissent des « services écosystémiques » d’une valeur d’environ 130 millions de dollars par année (notamment la pêche et la filtration des eaux).

« Nous félicitons la Pimachiowin Aki Corporation et le premier ministre Selinger, a déclaré Rick Smith, le directeur général d’Environmental Defence. Leur sens du leadership et leur vision permettront de protéger un écosystème essentiel, et un patrimoine culturel précieux pour les Premières Nations. Il s’agit d’un geste extrêmement important et nous sommes fiers qu’il soit posé au Canada, au nom de tous les Canadiens. »

L’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO pourrait être compromise par un projet de construction d’une ligne de transmission électrique dans les forêts du site Pimachiowin Aki (plutôt qu’à l’ouest du lac Winnipeg tel que prévu officiellement). Les principales organisations écologistes du pays ajoutent leur voix à celle des Manitobains qui reconnaissent l’importance de préserver ce précieux patrimoine naturel et culturel au coeur de la forêt boréale.

« À l’est du lac Winnipeg, on retrouve l’un des plus grands territoires intacts de forêt boréale au monde, expliquait Ron Thiessen, le directeur général pour le Manitoba de la Société pour la nature et les parcs du Canada. La création de ce site est une occasion unique de préserver l’un des derniers grands territoires sauvages, et non morcelés, de la Terre. En refusant d’y construire une ligne de transmission électrique, on prendrait une décision sage et bénéfique, maintenant et à long terme. »

« Les Manitobains ont ici une chance exceptionnelle de bâtir un précieux héritage, ajoute Marlo Raynolds, le directeur général de l’Institut Pembina. Il faut absolument mettre ce territoire important et écologiquement fragile à l’abri du développement industriel. Il y a d’autres solutions pour préserver l’intégrité du territoire tout en permettant la construction d’une nouvelle ligne de transmission électrique. »

« Le tiers de toutes les forêts boréales de la Terre sont au Canada, précise Gerald Butts, le président of WWF Canada, mais moins de 10 % de ce territoire est protégé contre le développement. Ce projet d’inscription au patrimoine mondial offre aux Manitobains une occasion unique de montrer au monde qu’ils reconnaissent la valeur de ce site vital, et qu’ils sont déterminés à le protéger pour le bénéfice des générations à venir. »

« La forêt boréale est un lieu de vie extrêmement diversifié, et d’une grande beauté, ajoute Peter Robinson, le directeur général de la Fondation David Suzuki. C’est l’un des rares territoires encore vraiment sauvages au Canada et il pourrait le demeurer en devenant un site du patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce serait un atout pour les Canadiens – et pour le monde entier. »

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Personne-ressource :
Julia Kilpatrick
Institut Pembina
613-265-5579
juliak@pembina.org
 

Fiche d’information

Le Prix de leadership écologiste

Ce Prix souligne la vision et le sens de l’initiative exceptionnels d’individus, d’entreprises ou d’organismes gouvernementaux qui agissent pour protéger le patrimoine naturel du pays et la santé des écosystèmes, pour empêcher la dégradation de l’environnement, ou pour mettre de l’avant des solutions vertes et progressistes en matière d’énergie. Le Prix sera décerné, une ou deux fois pas année, par les principales organisations écologistes du Canada.

Le prix de cette année est remis par : Bob Oliver, Pollution Probe; Bruce Cox, Greenpeace; Eric Hebert-Daly, SNAP; Gerald Butts, WWF Canada; Ian Davidson, Nature Canada; John Bennett, Sierra Club Canada; Marlo Raynolds, Institut Pembina; Peter Robinson, Fondation David Suzuki; Rick Smith, Environmental Defence; Sidney Ribaux, Équiterre; Devon Page, Ecojustice.

Le projet d’inscription du site Pimachiowin Aki sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO

De concert avec les gouvernements provinciaux du Manitoba et de l’Ontario, cinq Premières Nations de ces provinces ont proposé de créer un réseau internationalement reconnu d’aires protégées et de territoires aménagés d’une superficie de 40 147 km2 sur leurs terres ancestrales, et de faire une demande de reconnaissance comme site du patrimoine mondial auprès de l’UNESCO. L’organisme sans but lucratif Pimachiowin Aki Inc. est géré par les Premières Nations suivantes : Poplar River, Little Grand Rapids, Pauingassi et Bloodvein au Manitoba, et Pikangikum en Ontario. Le Manitoba fournit une aide financière continue à Pimachiowin Aki Inc. pour la planification de l’utilisation des terres ancestrales, un aspect fondamental et nécessaire pour la demande à l’UNESCO.

La majeure partie du territoire visé par la demande est constitué de territoires traditionnels des Premières nations, tels que reconnus par la Loi sur l'aménagement des terres traditionnelles situées du côté est et les zones protégées spéciales du Manitoba. Cette loi, présentée en 2008, donne aux Premières Nations établies à l’est du lac Winnipeg des pouvoirs législatifs pour mieux gérer, contrôler, protéger et planifier l’utilisation des ressources naturelles de leurs territoires traditionnels.

Quant aux parcs visés, il s’agit des suivants : au Manitoba : parcs provinciaux Atikaki et Atikaki-Sud; en Ontario : parc provincial Woodland Caribou, quatre territoires proposées pour devenir parcs, réserve de conservation Eagle – Snowshoe. Ces terres ancestrales des Premières Nations et ces secteurs protégés par les provinces font partie d’un immense territoire continu de forêt boréale coniférienne – qui s’étend sur 1,3 million d’acres dans tout le nord du Canada.

En novembre 2008, l'Institut international pour le développement durable de Winnipeg a publié les résultats d’une analyse des services écosystémiques pour le projet Pimachiowin Aki. Cette analyse a permis d’estimer la valeur strictement économique des services fournis par le territoire (sans tenir compte des aspects spirituels, esthétiques et culturels). Résultat : la valeur des services est de 121 à 130 millions de dollars par année (dont 35 millions pour la pêche, 32 millions pour le traitement de l’eau et 20 millions pour l’eau qui alimente les centrales électriques). Ces estimations sont prudentes puisqu’on n’a pas tenu compte de l’eau fournie par les principales rivières (0,27 à 5,55 milliards $/année), de la filtration de l’air par les arbres (0,35 à 0,60 milliards $/année) et du contrôle des inondations par les terres humides (0,38 milliards $/année). Ces montants n’ont pas été inclus dans les calculs parce qu’ils ont été établis pour un territoire plus vaste que celui dont il est question ici. Ils permettent cependant de démontrer que la valeur économique des services fournis par le site Pimachiowin Aki est sans doute nettement plus élevée.