Le Québec confronté au dossier des sables bitumineux de l’Alberta
Le projet
Le 30 octobre 2014, la compagnie TransCanada a déposé officiellement son projet Oléoduc Énergie Est à l’Office national de l’énergie. Le pipeline couvrirait 4 600 km à partir de Hardisty en Alberta jusqu’à Saint-John, au Nouveau Brunswick, en passant par la Saskatchewan, le Manitoba, l’Ontario et le Québec. Au Québec, l’oléoduc traverserait 9 régions administratives (consultez la carte du pipeline).
De ces 4 600 km, 3 000 km existent déjà sous forme de gazoduc construit entre 1958 et 1973. Ce gazoduc serait converti pour acheminer du pétrole lourd avec le projet Énergie Est. Le reste du pipeline, c’est à dire 1 600 km, à partir de Cornwall en Ontario, serait une nouvelle construction. Le projet coûtera 16 milliards de dollars et transportera 1,1 million de barils par jour (l’équivalent de plus de 175 millions de litres par jour), ce qui en fait l’un des plus grands projets de pipeline en ce moment en Amérique de Nord, surpassant le projet Keystone XL aux États-Unis.
En plus du pipeline, TransCanada construirait également des stations de stockage de pétrole, des stations de pompage et un terminal maritime à Saint-John au Nouveau-Brunswick.
Un pétrole pour l’exportation
La compagnie TransCanada promet que le projet Oléoduc Énergie Est réduira la dépendance au pétrole étranger et assurera la sécurité énergétique de l’est du Québec. En ce moment, le Québec utilise 300 000 barils par jour (1 baril = 159 litres), alors que le nouveau pipeline transporterait quant à lui 1,1 million de barils par jour ; le projet est donc largement destiné aux marchés extérieurs. Un faible 7% répondrait à la demande en pétrole des Québécois(es) contre 70-90 % pour l’étranger.
Qualité et sécurité des pipelines
Les risques de déversement sont importants; le nombre de fuites dans les pipelines au Canada a triplé depuis 10 ans. Par ailleurs, deux dénonciateurs, Mike Klink et Evan Vokes, ont présenté des plaintes sur les matériaux et la qualité des travaux effectués par la compagnie TransCanada. Mike Klink, inspecteur chez Bechtel, est un entrepreneur qui a travaillé sur le pipeline Keystone. Il indique que la qualité de l’acier utilisé était inférieure, que la compagnie falsifiait des tests de sécurité et que certaines installations étaient situées sur des terrains inappropriés, comme par exemple sur des zones humides. Evan Vokes, ancien ingénieur chez TransCanada, ajoute que la compagnie n’adhérait pas à certains règlements de soudage de l’Office national de l’énergie.
Courir des risques, sans bénéfices
Le Québec recevra peu d’avantages de ce projet, alors que les quelques emplois créés le seront surtout pendant la phase de construction. Les bénéfices économiques à long terme pour la province s'avèrent ainsi marginaux. Et en cas de déversement, c’est l’approvisionnement en eau de millions de personnes qui sera compromis.
D'ailleurs, l'oléoduc aggraverait sérieusement la crise climatique : L’exploitation des sables bitumineux représente la source d’émissions de gaz à effet de serre qui connaît la croissance la plus rapide au Canada. À lui seul, le projet Oléoduc Énergie Est engendrerait l’émission supplémentaire de 30 à 32 millions de tonnes de GES par année (soit l’équivalent d’ajouter 7 millions de voitures sur nos routes).
Plus d'informations
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