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Actualité  •  4 min

Notre avenir énergétique se dessine : 4 choses qu'on garde à l'oeil

Publié le 

On est à un moment important de l’histoire énergétique du Québec. On arrive à la fin des surplus d’Hydro-Québec et le gouvernement prépare des changements profonds pour concrétiser sa vision pour la transition énergétique.

Par manque de transparence et en l’absence de stratégie structurante, sa vision de notre avenir énergétique est toujours aussi nébuleuse à l’approche du dépôt de son projet de loi qui modifiera les lois sur Hydro-Québec et la Régie d’énergie, que nous attendons cet hiver. Il y a plusieurs choses qu’il faut garder à l’œil…

En voici 4 qu’Équiterre surveille de près, qui devraient interpeller toute la population québécoise, ainsi que les forces économiques impliquées.

1. La promotion de notre hydroélectricité à rabais pour inciter les entreprises à s’installer chez nous

Notre ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, participe à des conférences économiques et environnementales internationales pour faire la promotion du Québec comme endroit propice où les entreprises peuvent s’installer afin de verdir leurs opérations, en s’alimentant avec notre hydroélectricité renouvelable… à bas prix! Ce n’est donc pas une surprise qu’il y ait une longue liste de projets industriels sur sa table. Le problème (parmi d’autres) de cette stratégie, c’est qu’Hydro-Québec n’est pas en mesure de répondre à la demande de tous les clients industriels de cette liste.

Des décisions doivent donc être prises. Qui va pouvoir bénéficier de notre hydroélectricité? Qui aura la priorité? Qui va devoir payer plus cher? Est-ce qu’il y a d’autres moyens de répondre à la demande des nouveaux clients industriels, tout en assurant de combler les besoins de la clientèle existante? Si oui, quels seront les impacts socio-environnementaux associés et comment s’assurer qu’ils seront pris en compte dans le processus décisionnel? Nous gardons un œil là-dessus🧐

2. L’autoproduction énergétique par les entreprises et la possibilité de vendre des surplus

L’accroissement de l’autoproduction est une piste que semble envisager le gouvernement pour combler les besoins industriels dont on vient de parler. Vous voulez établir votre entreprise ici, mais Hydro- Québec ne peut pas vous accorder toute l’énergie hydroélectrique dont vous avez besoin? Construisez donc vos propres éoliennes ou panneaux solaires pour alimenter votre entreprise! Ce type d’autoproduction est permis par la loi, mais a été très peu utilisé jusqu’à présent, car Hydro-Québec était capable de répondre largement à la demande. Mais si une grande partie des entreprises sur la liste du ministre Fitzgibbon adoptaient ce modèle…

La construction d'infrastructures énergétiques n’est pas anodine. Elle engendre des coûts majeurs, accapare des ressources matérielles, terrestres et humaines importantes et soulève très souvent des enjeux d’acceptabilité sociale. C’est une chose si le but ultime est d’alimenter la population québécoise en énergie propre et de décarboner la société. C’en est une autre si c’est pour alimenter une usine de stockage de données, par exemple.

Et tout porte à croire que le gouvernement vise non seulement à encourager les entreprises à prendre cette piste, mais qu’il pourrait également changer la loi pour leur permettre de vendre leurs surplus à une autre entreprise… ce qui mettrait fin au monopole d’Hydro-Québec.

Est-ce la meilleure voie à prendre pour le Québec? Quels seront les impacts de ce changement important de notre modèle de distribution d’électricité? C’est très complexe. Nous la gardons à l’œil🧐

3. La modification de règlements pour permettre à de nouveaux clients industriels d’outrepasser nos mécanismes de participation publique

Northvolt est l’exemple célèbre actuellement - un exemple de comment le gouvernement du Québec a permis à des entreprises d’outrepasser certains mécanismes de participation publique dans la dernière année.

Alors qu’un nombre important de projets industriels sont sur la table du ministre Fitzgibbon et que nous disposons d’une quantité d’énergie limitée, l’affaiblissement des mécanismes de protection environnementale et de participation publique est extrêmement préoccupant. Équiterre continue de demander au gouvernement de mieux respecter ces mécanismes – de faire mieux en matière d’environnement, de façon plus cohérente, transparente, participative et responsable, et nous continuerons de le faire. Nous vous encourageons à ajouter votre voix à la nôtre.

4. Les embûches que met le gouvernement provincial devant l’action des municipalités pour décarboner leurs bâtiments

Plusieurs municipalités se montrent exemplaires en matière d’action climatique en prenant l’initiative de limiter l’utilisation du gaz fossile dans les bâtiments de leur territoire. Pour ce faire, il faut naturellement compter sur la disponibilité de l’hydroélectricité.

Mais le gouvernement et Hydro-Québec (tout comme Énergir d’ailleurs, mais ça c’est une toute autre histoire) se méfient de ces initiatives, en raison des faibles surplus hydroélectriques actuels. Avec le projet de loi 41 sur l’efficacité énergétique des bâtiments, le gouvernement semble vouloir encadrer et limiter l’action que les municipalités entreprennent pour sortir le gaz de leurs bâtiments, parce qu’elles « n’ont pas forcément l’expertise pour déterminer l’impact de leur décision sur la sécurité énergétique ».

On l’a vu en Montérégie, quand Hydro-Québec a averti la Ville de Saint-Bruno-de-Montarville que le bannissement du gaz naturel dans son futur écoquartier serait une mauvaise idée.

Encore une fois, la question se pose : dans un contexte où nos surplus énergétiques rétrécissent, qui devrait avoir priorité sur la ressource précieuse qu’est notre hydroélectricité? Les habitant(e)s d’un écoquartier ou une usine de batteries? La réponse à cette question sera déterminante. Nous la gardons à l’œil🧐

La transition énergétique : nécessaire mais complexe

Il y a clairement une panoplie d’enjeux majeurs et de perspectives et de priorités divergentes dans la transition énergétique. La volonté est là, mais les moyens pour y arriver ne font pas l’unanimité. Et ceux déployés jusqu’à maintenant ne donnent pas les résultats escomptés, surtout à cause de notre surconsommation d’énergie.

Selon l’État de l’énergie au Québec, par la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal, on n’a toujours pas réussi à réduire la demande. Le Québec consomme toujours plus d’énergie – plus d’énergies renouvelables, oui, mais aussi plus d’énergies fossiles. Il n’y a malheureusement pas encore de substitution d’énergies fossiles par le renouvelable. Nous sommes en train d'additionner les sources d'énergies au lieu de faire la transition de l'une à l'autre.

Le Québec a besoin d’un débat public à la hauteur de ces enjeux. Les décisions du gouvernement doivent refléter la volonté de la population, et pour ce faire, celle-ci doit être bien informée et être consultée pour contribuer au débat.

Car on ne peut pas tout avoir. Il faut faire des choix.

Le gouvernement doit respecter nos mécanismes de participation publique et de protection de l'environnement

Contact

Directeur, Relations gouvernementales

Analyste des politiques climatiques