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Actualité  •  7 min

Équiterre à la COP25 : priorités et attentes

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Du 2 au 13 décembre, le monde se réunit à Madrid pour la COP25, sous la présidence du Chili. Caroline Brouillette, l’experte en changements climatiques chez Équiterre, figure parmi les 25 000 participants qui s’efforcent à assurer que les pays adoptent conjointement des mesures ambitieuses et efficaces dans le but de maintenir le réchauffement de notre planète à moins de 1,5 °C, et ce de façon juste et équitable.

La COP, c’est quoi?

Le terme « COP » signifie « Conférence des Parties » à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), un cadre d’action de lutte contre le réchauffement climatique, qui réunit presque tous les pays du monde. Depuis 1995, des représentants des parties qui ont ratifié la convention se rassemblent une fois par an à la COP pour négocier et adopter des décisions, et veiller à leur suivi. La COP rassemble également de nombreux regroupements d’acteurs non-étatiques : collectivités territoriales, groupes de la société civile, groupes autochtones, scientifiques, syndicats, entreprises, jeunes, etc., qui viennent y faire entendre leurs voix.

Le contexte de la COP25

Rehausser l’ambition : 4 ans après la COP21, qui a ouvert la voie à l’Accord de Paris (durant lequel les gouvernements se sont engagés à tendre vers une limitation du réchauffement à 1,5 °C au-dessus des niveaux pré-industriels), les efforts actuels des parties pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) ne nous permettent pas d’atteindre cet objectif. Pour répondre aux exigences de l’Accord de Paris, les parties doivent communiquer une mise à jour de leur cible de réduction des GES (qu’on appelle contribution déterminée au niveau national - CDN) à tous les 5 ans, ce qui tombe à la COP26 en 2020. En date de publication de ce texte, 41 pays ont déjà déclaré leur intention de mettre à jour un CDN d'ici 2020, et 68 pays ont déclaré leur intention de renforcer l'ambition du leur. Parmi les grands absents : les grands émetteurs, qui représentent une large proportion des émissions mondiales. On peut s’attendre à ce que la COP25 soit un moment privilégié pour de telles annonces.

Justice climatique et équité sociale : La COP25 se déroule dans un contexte où les mobilisations citoyennes se multiplient partout dans le monde. 2019 aura été l’année où la population a pris la rue pour demander des politiques plus ambitieuses, plus justes et plus inclusives. Plus de 7,6 millions de citoyens ont pris la rue pendant les Global Climate Strikes (grèves pour le climat) en réclamant une action climatique urgente. Il faudra s’assurer que les voix des jeunes, des groupes autochtones, des pays du Sud et des syndicats soient entendues à la COP. Équiterre appelle également au respect des droits et libertés fondamentales de l’ensemble des citoyens et citoyennes de la Catalogne et de l’Espagne, pays hôte de la COP25.

>>> Pour les éléments techniques cruciaux de cette COP25, voir l’encadré à la fin de la page.

Les priorités d’Équiterre à la COP25

Les thèmes que nous suivons de près :

  • les annonces des nouvelles cibles et les mécanismes qui encouragent le rehaussement de l’ambition;
  • le travail sur la transition juste;
  • la finance climatique internationale;
  • les négociations sur l’Article 6, et ses impacts sur le marché de carbone Québec-Californie;
  • l’agriculture régénératrice comme solution à la crise climatique.

Pour en savoir plus, écoutez les vidéos de Caroline :  

Équiterre est sur la délégation canadienne à la COP25 et est l’un des rares groupes environnementaux canadiens qui ont accès aux négociations. Par conséquent, nous suivrons les négociations de près et nous ferons rapport à nos collègues canadiens d’autres organisations. Nous serons également une ressource pour les médias du Québec et du Canada.

Nos attentes face au Canada

La cible actuelle de réduction des émissions de 30 % sous les niveaux de 2005 d’ici 2030 établie par le Canada est nettement insuffisante pour atteindre l’objectif de 1,5 °C. Le Canada doit donc faire preuve de plus de leadership sur la scène internationale en annonçant rapidement des cibles nationales de réduction plus ambitieuses. Le GIEC établit que pour restreindre l’augmentation de température à 1,5 °C, nous devons réduire mondialement les émissions de 45 % sous les niveaux de 2005 d’ici 2030, et atteindre le zéro émission nette en 2050. En tant que pays parmi les 10 plus grands émetteurs de GES au monde, le Canada a une responsabilité historique et la capacité de faire plus, et ce, plus rapidement.

Nos attentes sont donc que le Canada : 

  • Annonce de nouvelles cibles de réduction de GES pour 2030 et 2050, intégrées dans un cadre législatif, qui sont alignées avec la science et qui reflètent la responsabilité historique du pays;
  • Augmente sa contribution à la finance climatique internationale qui, pour le moment, est nettement insuffisante et ne représente pas sa juste part, à 4 milliards de $ US par année;
  • Participe aux discussions sur la transition juste et l’élimination des subventions aux énergies fossiles, et que ces éléments soient inclus dans la CDN 2020 du Canada;
  • Souligne l’importance de l’objectif de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C d’une manière juste et équitable;
  • S’assure que des règles robustes soient adoptées pour l’Article 6 sur les marchés du carbone, afin d’assurer l’intégrité environnementale, l’ambition et l’esprit de l’Accord de Paris. Équiterre surveillera de très près les règles définissant les « résultats d'atténuation transférés à l'échelle internationale » et réitère que les exportations à faibles émissions de carbone ne nous libèrent pas de la responsabilité de réduire nos émissions domestiques.
Nos attentes face au Québec

Le Québec s’est déjà démarqué comme État fédéré par sa participation aux négociations climatiques internationales, notamment par son marché du carbone avec la Californie et sa contribution à la finance climatique internationale. Le Québec est bien représenté à la COP avec des participants qui représentent le gouvernement, les entreprises, les syndicats, les jeunes et la société civile.

Nos attentes sont que le Québec :

  • Intègre les priorités internationales traitées à la COP25, soit la nécessité d’une décarbonisation complète des économies, dans son Plan d’électrification et de changements climatiques (PECC), et révise ainsi sa cible de réduction des émissions de GES afin de la rendre compatible avec nos engagements internationaux;
  • Participe aux discussions sur la transition juste et réfléchisse à comment celle-ci s’applique au Québec, particulièrement dans les secteurs du transport, de l’industrie, de l’agriculture et du bâtiment;
  • Continue à montrer l’exemple en tant qu’État fédéré participant à la finance climatique internationale;
  • Souligne que les choix que le Québec fait présentement en matière de développement d’infrastructures énergétiques reflètent l’urgence climatique;
  • S’assure que les règles de l’Article 6 prennent en compte les réductions des émissions amenées par notre marché du carbone avec la Californie (le SPEDE - système de plafonnement et d’échange de droits d’émission).

Comment suivre la COP à travers les yeux d’Équiterre

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Notre couverture de la COP25

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Commmuniqués et réactions

Équiterre participe aux Conférences des Nations unies sur le climat depuis plus de deux décennies, seule organisation de la société civile québécoise impliquée dans le processus de négociations internationales sur le climat depuis la Conférence de Berlin en 1995. Notre présence constante au cours de ces conférences réunissant les décideurs du monde entier, de même qu’à plusieurs séances des groupes de travail spécialisés, a notamment contribué au rayonnement du Québec comme l’un des leaders nord-américains dans le dossier climatique.

Éléments techniques cruciaux à la COP25 : À la COP24 à Katowice, les parties ont finalisé le livre de règlements qui assure la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Cependant, quelques éléments importants persistent et sont à l’agenda des négociations de la COP25, tels que l’important Article 6 sur la réduction des émissions par les marchés de carbone. Il sera important d’assurer que le résultat ne compromette pas l’ambition climatique domestique. Dans le contexte où l’on ressent déjà les effets de la crise climatique, et que ces effets sont irréversibles, les négociateurs vont également se concentrer sur les mécanismes d'adaptation pour financer les pertes et dommages causés (le Warsaw International Mechanism for Loss and Damage - WIM).