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Communiqué de presse  •  4 min

Première étude pan-canadienne sur la consommation alimentaire responsable : Des citoyens prêts, des commerçants intéressés... et des gouvernements à la remorque

Publié le 

Montréal, le 20 juin 2007- Équiterre rend publique aujourd'hui une première étude pan-canadienne portant sur les facteurs menant les consommateurs canadiens à choisir des produits responsables dans le secteur de l'alimentation. Les résultats, obtenus à la suite d'une revue documentaire, d'entrevues avec des commerçants canadiens et d'un sondage national mené par la firme Léger Marketing auprès de 1662 répondants, démontrent que la consommation d'aliments biologiques, équitables et produits localement est freinée par le flou entourant les appellations et l'identification de la provenance, l'accessibilité restreinte et la méconnaissance de ces produits.

Un consommateur en manque d'information
Bien que les produits équitables, biologiques et locaux soient de plus en plus connus par les consommateurs canadiens, l'étude démontre que les consommateurs sont avides d'information, et qu'un manque de renseignement sur ces produits serait en partie responsable du statut encore marginal de ceux-ci. Par exemple, pour les produits équitables, les répondants ont affirmé vouloir en connaître davantage au sujet des règles du commerce équitable (44 %), de la certification (42 %) et des avantages pour la société (36 %). De plus, 63 % des répondants, qui consomment peu ou pas du tout de produits biologiques, ont affirmé désirer mieux connaître les vertus des produits biologiques.

Des appellations semant la confusion
Une grande proportion des 1662 personnes interrogées est d'avis que les termes « biologiques » (86 %) et « équitables » (61 %) ainsi que l'identification de la provenance des aliments (81 %) devraient faire l'objet d'une certification obligatoire. Plusieurs exemples démontrent le flou actuel en la matière comme les appellations « Canada de fantaisie », « Canada no.1 », « Produit du Canada » (si 51 % de la valeur finale est générée au Canada, même si ce n'est pas le produit lui-même) ou encore les termes « bio » et « équitable », qui sont soit authentifiés par de très nombreuses marques de certification ou ne répondent à aucune autorité publique. Une forte proportion des gens interrogés préfèrent acheter des produits locaux (77 %) et sont même prêts à payer plus cher (72 %). Toutefois, les répondants affirment avoir de la difficulté à connaître avec certitude la provenance des aliments qu'ils consomment. Pour Équiterre, il apparaît important qu'une législation claire vienne encadrer les appellations et mentions et soit rapidement mise en place partout au pays.

Un flou légal et un manque d'intervention de l'État
« Nous avons constaté par cette étude que les Canadiens sont prêts à consommer des aliments responsables, particulièrement les produits locaux. Outre la perception d'un prix élevé pour les produits bio et le manque d'accessibilité des produits équitables et bio, les principaux freins ne résident pas dans un manque de volonté des consommateurs, mais plutôt dans le flou légal et le manque d'intervention de l'État pour favoriser ces produits », a expliqué Frédéric Paré, coordonnateur du programme Agriculture écologique chez Équiterre.

« Cette étude nous démontre bien qu'il est temps de faire un bon ménage dans les appellations et certifications, et que les Canadiens sont prêts à aller plus loin. On s'attend des gouvernements à ce qu'ils prennent leurs responsabilités pour que la consommation d'aliments responsables passe en deuxième vitesse. Tout le monde attend cela », a résumé Frédéric Paré.

Des recommandations pour une plus grande accessibilité des produits
À la suite des constats de cette première étude pan-canadienne sur le thème de la consommation alimentaire responsable, Équiterre demande aux gouvernements de rapidement mettre en place des mesures afin d'éliminer les freins à la consommation et de favoriser les produits alimentaires biologiques, locaux et équitables. Équiterre demande ainsi concrètement aux gouvernements de travailler de concert avec les commerçants afin qu'ils se dotent de politiques internes de développement durable qui auraient pour effet de rendre plus flexibles et accessibles les politiques d'achat, favorisant ainsi les produits biologiques, locaux et équitables.

Pour les aliments biologiques, Équiterre recommande aussi au gouvernement, afin d'assurer une offre suffisante d'aliments biologiques d'ici, de garantir aux producteurs la gratuité des frais de certification et d'améliorer la formation qui leur est offerte.

Parmi les propositions d'Équiterre pour favoriser les aliments locaux, notons l'idée de soutenir les réseaux de mise en marché à caractère solidaire aptes à assurer la consommation des aliments canadiens par les Canadiens et Canadiennes, comme les marchés publics et l'Agriculture soutenue par la communauté. En outre, il est proposé d'ajouter un indicateur gouvernemental permanent de « souveraineté alimentaire » dans les indices de « succès agricole et social », tant à l'échelle canadienne qu'à celle de ses provinces, et d'assurer le développement et le déploiement de moyens de mesurer l'impact d'une telle mesure (ex. : revenu agricole net en contexte de mise en marché de proximité). Finalement, il est recommandé d'accentuer la représentation sur le plan international au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) afin de promouvoir les idées de l'exception agricole et de la souveraineté alimentaire ainsi que la gestion de l'offre.

Faire connaître les aliments biologiques, équitables et locaux
Équiterre recommande également que le gouvernement, de concert avec les organisations de la société civile, réalise une vaste campagne d'information sur les produits biologiques, équitables et locaux et participe activement aux efforts d'information proposés par les organisations civiles.

Finalement, une mesure volontaire d'accréditation des commerces de détail exemplaires sur le plan de la vente d'aliments responsables pourrait être mise en place par la société civile.

Les conditions de l'étude
L'étude d'Équiterre « Passons à l'action et consommons de façon responsable » a été réalisée au Canada en 2006-2007. Elle comporte notamment un sondage Internet réalisé par la firme Léger Marketing auprès de 1662 Canadiens et Canadiennes. Aussi, une série d'entrevues téléphoniques a été faite auprès de commerçants canadiens. L'étude complète est disponible sur le site Internet d'Équiterre au www.equiterre.org.

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Source :
Amélie Ferland, Équiterre
514-973-2000, aferland@equiterre.qc.ca