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Alors que Québec annonçait récemment un resserrement de la règlementation encadrant l’utilisation et la vente des pesticides les plus à risque en agriculture, dont trois néonicotinoïdes, une nouvelle revue de la littérature d’envergure mondiale du Groupe de travail sur les pesticides systémiques, publiée aujourd’hui dans le journal scientifique Environmental Science and Pollution Research, conclut que ces pesticides ne sont pas aussi efficaces qu'on le croyait. Ils sont inutiles dans la grande majorité des cas et des alternatives aussi efficaces et moins coûteuses pour les agriculteurs existent.
Cette méta-analyse portant sur plus de 200 études scientifiques révisées par les pairs sur les pesticides systémiques (néonicotinoïdes et fipronil) met en lumière des solutions gagnant-gagnant qui protègent les revenus des agriculteurs et l’environnement.
PRINCIPAUX FAITS SAILLANTS
- Dans la plupart des cas, le recours aux traitements de semences aux néonicotinoïdes n’augmente pas le rendement des cultures car les populations de ravageurs demeurent sous les seuils susceptibles de causer d’importants dommages. Qui plus est, les ravageurs développent une résistance aux néonicotinoïdes, ce qui les rend moins efficaces.
- Il existe des méthodes de détection précoce fiables et peu coûteuses pour évaluer les risques liés à la présence de ravageurs.
- Un modèle développé en Italie permet d’établir quels champs sont susceptibles de présenter des problèmes liés aux ravageurs et d’ainsi faire des choix appropriés en matière de stratégies pour les combattre. Une étude à grande échelle menée sur 29 ans a permis de déterminer les facteurs qui augmentent les risques de dommages causés par les vers fil-de-fer. L’évaluation de ce dernier type de risques fournit une base solide afin de déterminer quelles terres peuvent être laissées sans traitement sans risque de voir chuter les rendements — au lieu d’utiliser les néonicotinoïdes sans discernement. Dans le nord-est de l’Italie, 96 % des champs de maïs ne nécessitent aucun traitement aux insecticides (parce que la menace représentée par les ravageurs reste en deçà des seuils économiques de dommages).
- Un nouveau type de fonds mutuel d'assurance, moins coûteux qu’une recours aux néonics, permettant un système de compensation des pertes. Proportionnelle aux ressources financières du fonds, la compensation couvre largement tous les risques qui ne sont jamais couverts par les assurances, ce qui inclut les dommages causés par les ravageurs, les animaux sauvages, y compris les catastrophes liées à la météo.
- Tous les scénarios de rechange à l’utilisation des néonicotinoïdes — qu’il s’agisse du recours à la LIR ou à une couverture d’assurance — sont comparativement moins coûteux.
PASSER À L'ACTION
La ministre de la Santé fédérale et Santé Canada n’ont plus d’excuses : il peuvent et doivent interdire sans délai les néonicotinoïdes. Des politiques agricoles qui soutiennent la transition vers des stratégies existantes, à présent testées, éprouvées et jugées moins toxiques, doivent être adoptées.
Équiterre continue de militer pour que le laxisme du gouvernement fédéral face à l’encadrement des pesticides nocifs pour notre santé et l’environnement cesse. Signez la pétition pour demander l’interdiction des pesticides néonicotinoïdes, avant la fin de la période de consultation de Santé Canada le 19 mars.
Pour en savoir plus, consultez notre document d’information : Les néonicotinoïdes menacent la sécurité alimentaire