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Par Andréanne Brazeau, Analyste en mobilité
Ces derniers temps, les États-Unis ne sont pas le terreau le plus fertile pour les bonnes nouvelles. Toutefois, en ce début d’automne, une récente annonce d’un gouvernement de la côte ouest a réchauffé mon petit coeur d’analyste en mobilité. Embarquez avec moi — la comprenez-vous? — pour mieux comprendre pourquoi les Californien·ne·s l’ont, l’affaire (et pourquoi on devrait s’en inspirer ici)!
Aux prises avec des feux de forêt d’une ampleur inégalée et un gouvernement fédéral inerte, la Californie est aux premières loges pour assister aux effets désastreux des changements climatiques. Proactif, Gavin Newsom, son gouverneur, a peu après annoncé que toutes les nouvelles voitures vendues en Californie seraient des véhicules zéro émission à compter de 2035.
C’est tu pas assez ambitieux, ça?
En comparaison, la même cible pour le Canada est fixée à 2040, mais contrairement à la Californie, les mesures actuellement en place ne nous permettront probablement pas d’atteindre cette cible.
L’annonce de la Californie résonne particulièrement fort quelques mois après l'annonce de l’affaiblissement des normes américaines entourant les émissions de gaz à effet de serre (GES) des véhicules légers par l’administration Trump. Dans une classe de cancres, la Californie se présente comme un rare bon élève qui ose défier l’autorité du professeur Trump pour s’assurer d’être du bon côté de l’Histoire. Greta Thunberg serait fière.
«Au fond, c’est quoi le problème avec les autos?»
Empreinte d’audace et de franchise, la déclaration de Newsom, qui donne le ton à l’action californienne en matière de lutte aux changements climatiques, est claire :
«Pendant trop de décennies, nous avons permis aux automobiles de polluer l’air que nos enfants et nos familles respirent. Les Californiens ne devraient pas s’inquiéter que nos autos donnent l’asthme à nos enfants. Nos autos ne devraient pas empirer les feux de forêt – et entraîner davantage de journées où l’air est rempli de fumée. Les autos ne devraient pas faire fondre les glaciers ou entraîner la hausse du niveau de la mer, menaçant nos plages et nos côtes adorées.»
En lisant ces mots, j’ai tremblé. Du haut de mes vingt-cinq ans, j’ai imaginé que les leaders politiques du Québec et du Canada offraient un pareil discours.
Un État à l’avant-garde dans notre coin du monde
En Amérique du Nord, la Californie est déjà reconnue pour son leadership en matière environnementale, notamment grâce au marché du carbone qu’il a avec le Québec (hey, c’est nous, ça!) et à l’élargissement de sa norme Véhicules zéro émission (VZE) qui inclura les véhicules mi-lourds et lourds. Oui, les gros camions, ça pollue beaucoup! Non, il ne se passera rien si on n’aide pas l’industrie!
-«Est-ce que ça veut dire que les constructeurs seront obligés de produire une certaine quantité de camions électriques pour que notre air soit encore respirable dans 100 ans?»
-«Oui, c’est exactement ça que ça veut dire!»
-«Pas bête! Pourquoi on n’a pas ça ici?»
Un discours du Trône qui crée des attentes
À l’heure où le gouvernement canadien révise sa propre réglementation et évalue la possibilité de suivre celle de l’administration Trump, j’ai envie de croire que notre gouvernement a un meilleur plan pour nous. Un plan qui donnerait espoir aux jeunes. Un plan qui nous redonnerait confiance en nos politicien·ne·s. Un plan qui ne me donnerait pas le goût de déménager à San Francisco. Bref, le plan de relance économique du gouvernement doit être à la hauteur des attentes des Canadien.ne.s, en particulier les plus jeunes d’entre eux, qui voient l’étau d’un avenir incertain se refermer sur eux. Donnons-leur un peu d’air s’il vous plaît!
Certes, le discours du Trône a laissé entendre que des projets excitants étaient à venir : des véhicules zéro émission plus abordables et plus accessibles, davantage d’infrastructures de recharge à l’échelle du pays, un soutien accru au transport en commun et au transport actif, etc. Cependant, ce n’est pas la première fois que nous entendons de belles promesses. L’heure est à l’action.
Mes ami·e·s d’Équiterre et moi, on sera de garde pour que l’ambition climatique du Canada rivalise avec celle de la Californie.