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Co-écrit par Muhannad Malas, Program Manager, Toxics chez Environmental Defence
En dépit de l’abondance de preuves des risques de l’herbicide « atrazine » pour la santé humaine et l’environnement, l’organisme de règlementation des pesticides du Canada s’apprête à prendre une décision qui continue d’approuver l’usage généralisé de ce pesticide nocif.
Un des pesticides les plus utilisés au Canada pourrait se retrouver dans l’eau de votre robinet. La semaine dernière, nous avons publié les résultats d’une analyse de l’eau potable de Montréal et de Toronto. Des concentrations d’atrazine, un pesticide reconnu comme perturbateur endocrinien, y ont été détectées à des concentrations plus élevées que la norme européenne, mais inférieures à la norme moins sévère des Recommandations pour la qualité de l’eau potable au Canada.
Alors que l’Union européenne (UE) l'interdisait il y a 13 ans en raison d’inquiétudes environnementales concernant la pollution des eaux souterraines, Santé Canada propose aujourd’hui d’autoriser à nouveau ce pesticide. Cette situation est des plus inquiétantes puisqu'on constate de nombreux effets sur les amphibiens et les animaux, notamment des problèmes de reproduction et de développement. Quelques études chez l’humain suggèrent également des effets néfastes sur la reproduction et le développement à des concentrations dans l’eau similaires à celles mesurées à Montréal et Toronto. À l’heure actuelle, Santé Canada conclut que les risques posés par l’atrazine ne sont pas nocifs pour notre santé ni pour l’environnement. À l’aube d’une décision définitive, nous appelons la ministre de la Santé à interdire l’atrazine.
SIGNEZ LA PÉTITION POUR INTERDIRE L’ATRAZINE
contexte
L’atrazine est un pesticide utilisé à grande échelle pour tuer les mauvaises herbes dans les champs de maïs et de sorgho en Ontario et au Québec. Ce pesticide soulève une controverse puisqu’il entraîne des perturbations du système endocrinien (hormonal) des poissons, des grenouilles et des humains. L’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) a lancé une révision spéciale de l’atrazine en 2013, en raison d’une disposition légale de la loi sur les pesticides au Canada. Celle-ci exige une révision de tous les pesticides interdits dans les autres pays faisant partie de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), dont l’UE.
L’UE a banni l’atrazine étant donné ses inquiétudes reliées à la contamination observée des eaux souterraines et de la possibilité de contaminations futures. L’ARLA a choisi de limiter la révision spéciale exclusivement à la justification qui a mené à l’interdiction de l’atrazine en Europe, c’est-à-dire de n’évaluer que les répercussions environnementales liées à la pollution des eaux souterraines. Toutefois, il s’agit de la source d’approvisionnement d’eau de seulement 30 % de la population canadienne. Bien que cette considération importe, il n’en demeure pas moins que l’eau potable de 70 % des Canadiens provient d’eaux de surface (fleuve, lacs et rivières).
La révision incomplète de l’ARLA a négligé de traiter des données reliées à la santé et l’environnement :
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La pollution de l’eau potable provenant des sources d’eau de surface :
La plupart des individus habitant Montréal et Toronto, les métropoles des deux provinces où ce pesticide est le plus largement utilisé pour l’agriculture, boivent l’eau qui provient de sources d’eau de surface, comme le lac Ontario et le fleuve Saint-Laurent. Malgré le fait que l’atrazine soit couramment détectée dans les sources d’eau potable de la municipalité de Toronto et ait été trouvée dans l’eau du robinet de Montréal à des concentrations dépassant les normes européennes, l’ARLA n’a pas jugé bon de tenir compte de l’eau de surface dans son évaluation -
Les répercussions sur les écosystèmes aquatiques de la pollution de l’eau de surface :
L’ARLA n’a pas pris en considération les conséquences de l’atrazine dans l’eau de surface pour les écosystèmes aquatiques. Des données scientifiques ont démontré que l’atrazine peut entraîner l’apparition de caractéristiques femelles chez les grenouilles mâles ou autres amphibiens, perturber le fonctionnement de base des abeilles, détériorer la diversité des micro-organismes des sols et la santé des vers de terre et affaiblir la photosynthèse des algues et des autres plantes aquatiques. L’atrazine, à cause de ses propriétés qui perturbent le système endocrinien, représente également une menace pour d’autres espèces, comme les poissons et les reptiles. -
La santé des agriculteurs et des autres groupes vulnérables :
La révision ne prend pas en compte les répercussions de l’atrazine sur les agriculteurs, les travailleurs agricoles, les opérateurs antiparasitaires et sur les collectivités agricoles, qui sont davantage en contact avec l’atrazine quotidiennement, particulièrement durant la saison des cultures. -
Les effets synergiques de l’atrazine avec d’autres éléments chimiques toxiques dans l’environnement :
Lorsque l’atrazine est mélangée avec d’autres substances actives dans l’environnement, le résultat est beaucoup plus préoccupant que l’effet d’une seule substance. Par exemple, la présence d’atrazine et de nitrates dans l’eau potable entraine de plus fortes chances de développer des lymphomes non hodgkiniens.
Les Canadien-NE-s ont besoin d’une interdiction immédiate de l’atrazine
Au Canada, on ne devrait pas devoir se demander si boire de l’eau pourrait nuire à notre santé. Même si certains filtres à eau spécialisés peuvent aider à diminuer l’exposition, la responsabilité de trouver des solutions provisoires ne devrait pas reposer sur les citoyens canadiens.
La seule solution équitable et durable pour protéger entièrement les Canadien-ne-s, ainsi que les milieux aquatiques, serait d’interdire complètement l’usage de l’atrazine en agriculture. Pour cette raison, nous demandons au gouvernement fédéral de protéger ses citoyens en interdisant l’atrazine.
Signez notre pétition pour faire entendre votre voix et exiger de la ministre de la Santé une interdiction immédiate de l’atrazine.