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TransCanada se vante de son système de « haute technologie » de détection des fuites. Pourtant, moins de 14 % des déversements ou des fuites sont constatés par ce système! Comment faire confiance à cette stratégie pour protéger les 700 km et 830 cours d’eau traversés au Québec?
Malgré la suspension du BAPE sur Énergie Est où plus de 300 mémoires et 4 000 commentaires ont été déposés, Équiterre vous présente de toutes nouvelles informations issues du mémoire que nous avons déposé. Nous abordons ici le système de détection des fuites proposé par TransCanada.
TransCanada et les autres compagnies pipelinières se targuent de détecter les fuites grâce aux systèmes de « haute technologie » SCADA. Lors des présentations au BAPE en mars dernier, les dirigeants de TransCanada ont affirmé le rôle central de cette technologie dans la détection d’éventuelles fuites (1) .
Pourtant, la majorité des détections de fuite ou de déversement des infrastructures de TransCanada, depuis 2004, se sont faites par l’œil humain! Le tableau suivant détaille les détections liées spécifiquement aux déversements et fuites des installations de cette compagnie.
Performance de la détection de TransCanada (depuis 2004) (2)
Comment le déversement/la fuite a été détecté(e)* Fréquence Pourcentage SCADA (Supervisory Control and Data Acquisition) 56 13,5 % Détection de fuite (technologie/méthode) 2 0,5 % Surveillance de l'emprise 6 1,5 % Inspection interne 1 < 0,5 % Tiers 59 14,0 % Employé de pipeline 288 70 % Total 412 100 %* Il s’agit d’une reproduction exacte des termes utilisés par le BST. Malheureusement, le BST ne définit pas plus spécifiquement ces termes.
Tirées des bases de données du BST, ces informations indiquent que les systèmes SCADA ont détecté moins de 14 % des fuites sur les canalisations de TransCanada. Ce faible pourcentage ne nous apparaît pourtant pas surprenant puisque les systèmes de détection SCADA n’ont pas prouvé leur efficacité ailleurs en Amérique du Nord. Constamment, de nouvelles études américaines démontrent que les systèmes de détection à distance, tel le système SCADA, sont inefficaces et, malgré leur installation, les fuites et déversements sont généralement décelés par des passants ou des employés des compagnies pipelinières.
Pour ajouter à cela, le Pipeline and Hazardous Materials Safety Administration (PHMSA), une division du Département des Transports des États-Unis, a fait une étude approfondie de 197 déversements de pipelines qui ont eu lieu entre janvier 2010 et juillet 2012. Nous y remarquons que seulement 12 % des fuites avaient été rapportées par les systèmes de détection à distance, dont le SCADA. Bref, peut-on réellement se sentir en sécurité par ces systèmes de détection alors que le projet Énergie Est s’étirera sur 4 500 km et transportera 1,1 million de barils de pétrole par jour? Poser la question est y répondre.
(1) À titre d’exemple : BAPE. « Commission d’enquête sur le projet oléoduc Énergie Est- section québécoise », Séance de l’après-midi du 8 mars 2016, verbatim, pages 65, 76-78.
(2) Bureau de la sécurité des transports du Canada. Statistiques de pipeline ET Bureau de la sécurité des transports du Canada. Dictionnaire de données – Évènements de pipeline à partir de janvier 2004.