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Équiterre et la Fondation David Suzuki se réjouissent de la volonté du gouvernement du Québec de réglementer l’usage des pesticides les plus dangereux, dont l’atrazine, les néonicotinoïdes et le chlorpyrifos. Le ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, M. David Heurtel, annonçait le 22 novembre le dépôt d’un projet de loi visant à modifier la Loi sur les pesticides, sonnant ainsi le glas à toutes fins pratiques à l’utilisation de pesticides qui comportent le plus de risques pour la santé et l’environnement. Ces derniers nécessiteront désormais obligatoirement une prescription de la part d’un agronome qui devra en justifier l’utilisation. De plus, le nombre de pesticides interdits pour usage en milieu urbain triplera, passant de 20 à 60, et des restrictions seront imposées sur les terrains de golf.
Après des années de travail d’Équiterre et de ses partenaires sur ce dossier, cette annonce représente une belle victoire pour les groupes écologistes. Au cours de ces années, les organisations ont travaillé sans relâche à agir auprès des citoyens et décideurs afin de diffuser les études scientifiques concernant les impacts possibles et documentés des pesticides sur la santé et l’environnement. Québec rattrape enfin son retard et s’engage à réduire significativement les pesticides les plus dangereux pour la santé et l’environnement des Québécois, dont la santé des agriculteurs, concernés au premier chef car en contact direct avec ces pesticides. Avec cette annonce, le Québec fait figure de pionnier car il s’agit du premier endroit en Amérique du Nord à restreindre l’usage de l’atrazine.
Certains de ces pesticides font l’objet de règlementations sévères dans d’autres parties du monde ou d’autres provinces. C’est le cas de l’atrazine, qui est interdite dans l’Union européenne depuis 2004, et des néonicotinoïdes, règlementés par le gouvernement ontarien depuis cette année en agriculture. L’Ontario et la Nouvelle-Écosse ont également interdit l’usage de tous les pesticides de synthèse à des fins esthétiques.
Plusieurs des pesticides qui seront règlementés par Québec sont suspectés avoir des impacts inquiétants pour la santé et l’environnement :
- Les impacts de l’atrazine sur les amphibiens sont documentés. Par exemple, une étude dirigée en 2010 par un chercheur de l’Université de Berkeley a révélé que suite à une exposition à l'atrazine, 10 % des grenouilles mâles démontraient des caractéristiques sexuelles femelles et que 75 % devenaient stériles.
- Des liens sont également suspectés entre l’exposition à l’atrazine et des retards de croissance intra-utérine chez l’humain.
- Les néonicotinoïdes, cette classe de pesticides maintenant reconnue comme faisant partie des causes du déclin des colonies d’abeilles, pourraient aussi affecter le cerveau et le système nerveux humain et certains « néonics » sont suspectés de perturber le système hormonal et causer des effets néfastes sur la reproduction.
Équiterre et la Fondation David Suzuki auraient souhaité voir les pesticides les plus à risque entièrement interdits, mais considèrent ce geste comme un pas dans la bonne direction.
Les organisations commenteront la manière dont sera mise en œuvre cette nouvelle stratégie et militeront pour la mise en place de bonnes pratiques agroenvironnementales (pratiques culturales, etc.), reléguant l‘usage des pesticides en tout dernier recours.