Québec, le 7 novembre 2016 -. Une très grande majorité des Québécois (73 %) dit ne plus avoir confiance en l’Office national de l’Énergie (ONÉ) suite au scandale de l’affaire Charest et une très forte majorité de la population (89 %) demande au gouvernement libéral fédéral de réformer en profondeur le processus d’évaluation environnementale fédéral des projets avant de poursuivre l’étude du projet de pipeline Énergie Est. Telles sont les conclusions d’un sondage SOM réalisé rentre le 6 et le 17 octobre dernier auprès de 1020 répondants. Ce sondage SOM a été commandé par Équiterre, Fondation Coule pas chez nous, Fondation David Suzuki, Greenpeace Canada, Nature Québec et Regroupement vigilance hydrocarbures Québec.
Déficit de confiance envers l’ONÉ
Les résultats du sondage sont clairs, 73 % des Québécois disent ne pas avoir confiance en l’Office national de l’énergie pour étudier le projet d’oléoduc Énergie Est. Rappelons que suite au scandale de l’affaire Charest révélé par le National Observer le 4 août dernier, les trois commissaires qui avaient rencontré l’ancien Premier ministre alors qu’il était en relation d’affaire avec TransCanada avaient dû se récuser. Le président de l’ONÉ, lui-même présent à cette rencontre, avait dû également se retirer du dossier.
Pour Anne-Céline Guyon, coordonnatrice de la Fondation Coule pas chez nous, « Ce sondage dit clairement que la population québécoise n’accorde pas de crédibilité à l’Office national de l’énergie pour étudier le projet d’oléoduc Énergie Est. Les citoyens estiment que l’ONÉ n’est pas indépendante de l’industrie qu’elle règlemente et ne peut prendre des décisions objectives sur les projets en cours, qu’il s’agisse d’Énergie Est ou de Kinder Morgan. »
« Les résultats du sondage démontr ent que le gouvernement Trudeau ne pourra pas rétablir la confiance du public envers l’ONÉ simplement en changeant quelques têtes. La population n’a plus confiance en cette institution et réclame un processus véritablement indépendant de l’industrie, qui prenne en compte la parole des citoyens et des Premières Nations et qui s’appuie sur la science du climat », termine Karel Mayrand, directeur général pour le Québec à la Fondation David Suzuki.
Selon Patrick Bonin de Greenpeace, « Avant de se récuser, les commissaires Gauthier et Mercier ont siégé pendant environ deux ans et demi et ont complètement orienté l’évaluation du projet Énergie Est en prenant des douzaines de décisions importantes. Faire table rase et recommencer l’évaluation d’Énergie Est sur de nouvelles bases crédibles est le seul moyen de rétablir la confiance de la population et de démontrer qu’il n’y a pas un biais favorable à l’industrie. »
Les processus d’évaluation environnementale fédéraux doivent être entièrement réformés avant la reprise des études des projets
Un impressionnant 89 % des répondants demande d’ailleurs expressément au gouvernement Trudeau de réviser totalement les lois de protection de l’environnement et de réformer le processus d’évaluation environnementale fédéral avant de continuer l’étude du projet Énergie Est.
« Face à ce jugement très sévère de la population, le gouvernement canadien devrait retirer la responsabilité de l’évaluation environnementale des projets énergétiques à l’ONÉ et la confier à l’Agence canadienne de l’évaluation environnementale (ACEE). Cela devra se faire au terme d’une réforme en profondeur des processus d’examen qui font présentement l’objet de larges consultations » selon Christian Simard de Nature Québec.
Le gouvernement Trudeau s’est en effet engagé à redonner leur crédibilité aux évaluations environnementales et en a entrepris la réforme en nommant un comité d’experts indépendants pour examiner les processus en vigueur. Ce comité doit remettre son rapport au début de 2017 et sillonne actuellement le Canada afin de consulter les Canadiens, les groupes autochtones et les intervenants clés. Malgré cela, il est toujours prévu que les projets Énergie Est de TransCanada et Trans Mountain de Kinder Morgan seront évalués selon les lois, politiques et pratiques opérationnelles en vigueur sous le gouvernement précédent, avec des aménagements mineurs annoncés en janvier dernier.
« Comment monsieur Trudeau peut-il penser que les citoyens croiront en des évaluations dont il a lui-même désavoué la crédibilité?, s’interroge Carole Dupuis, du Regroupement vigilance hydrocarbures Québec (RVHQ). Nous lui demandons de laisser aux experts le temps de faire leur travail et de ne reprendre l’étude de ces énormes projets pipeliniers qu’après avoir rétabli un cadre crédible qui s’appuiera véritablement sur la science et l’intérêt public. »
Notes méthodologiques
Ces questions ont été posées dans le cadre du sondage omnibus téléphonique de SOM mené du 6 au 17 octobre 2016, auprès de 1 020 adultes du Québec.
L’échantillon utilisé est stratifié non proportionnel en trois grandes régions. Cet échantillon est probabiliste : il a été généré aléatoirement à partir de tous les échanges téléphoniques valides couvrant le territoire à l’étude (dont 20 % réalisés dans des échanges de cellulaire).
Les données ont été pondérées pour refléter au mieux les caractéristiques de la population adulte du Québec.
La marge d’erreur maximale pour l’ensemble de ces répondants est de 4,4 %, 19 fois sur 20.
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Renseignements
Anne-Céline Guyon, Fondation Coule pas chez nous, (581) 989-0815
Carole Dupuis, Regroupement vigilance hydrocarbure Québec, (418) 886-1001
Christian Simard, Nature Québec, (418) 928-1150
Dale Robertson, Équiterre, (514) 605-2000
Karel Mayrand, Fondation David Suzuki, (514) 998-5458
Patrick Bonin, Greenpeace Canada, (514) 594-1221