Les éoliennes produisent de l’énergie sans créer de pollution atmosphérique ni de gaz à effet de serre. Malgré ces bienfaits pour la santé de tous et pour l’environnement, certaines questions concernant le bien-être des résidents habitant près des parcs éoliens ont été soulevées. Le bruit, les infrasons ainsi que les ombres mouvantes générés par les éoliennes ont été mis en cause. Voici un tour d’horizon de l’état actuel des connaissances scientifiques sur ces sujets.
Le bruit
Le bruit émis par les éoliennes est presque entièrement causé par le frottement de l’air passant sur les pales en rotation, particulièrement lorsque celles-ci passent devant la tour.
Au Québec, le niveau sonore acceptable pour l’extérieur d’une résidence située à proximité d’une éolienne est de 40 décibels (dB(A) (1)) la nuit et de 45 dB(A) le jour. Ce niveau de bruit relativement faible est équivalent au bruit de fond caractéristique d’une banlieue tranquille. Ainsi, plusieurs études ont confirmé qu’il n’existe aucun risque pour l’ouïe, comme la perte ou la fatigue auditives, liés aux niveaux sonores des éoliennes pour les résidents avoisinants.
Certaines études effectuées en Europe ont aussi souligné l’existence de problèmes de perturbations du sommeil causés par la présence de bruit généré par les éoliennes, mais ces problèmes étaient généralement rencontrés à des niveaux sonores excédant la norme québécoise de 40 dB(A) la nuit. Soulignant que les preuves scientifiques sont insuffisantes pour confirmer un dérangement du sommeil, l’Institut national de la santé publique du Québec estime que des études supplémentaires devraient être menées afin de mieux cerner cette problématique, un point de vue repris dans certains rapports du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).
En fait, la majorité des recherches scientifiques démontrent que le principal problème lié au niveau sonore des éoliennes serait un sentiment d’agacement vécu par certains résidents, sentiment qui serait également accru par des facteurs indépendants comme la visibilité des éoliennes et l’acceptation par l’individu de celles-ci. Également, l’effet de nuisance associé au bruit des éoliennes pourrait être exacerbé par le sentiment d’attente de tranquillité dans les zones rurales ou encore par l’introduction de ce nouveau son dans une population qui n’en est pas habituée. Cette nouvelle gêne pourrait équivaloir à une nuisance perçue de plus de 5 dB sur le bruit mesuré.
Les infrasons et les sons basses fréquences
Dans un livre publié en 2009 intitulé Wind Turbine Syndrome, la médecin Nina Pierpont rapportait la possible existence d’un « syndrome éolien » chez certains résidents vivant à proximité des parcs éoliens, caractérisé par de multiples symptômes allant de la présence d’acouphène à des problèmes de tension artérielle. Elle en expliquait l’existence par l’émission de fortes doses d’infrasons (dont la fréquence est inférieure à 20hz et qui sont inaudibles à l’oreille humaine) et de sons de très basses fréquences qui affecteraient notre oreille interne.
La majorité des scientifiques qui se sont penchés sur l’étude du Dre Pierpont en sont venus à la conclusion que les échantillons de population employés étaient très limités et que l’établissement du lien de cause à effet entre les éoliennes et les symptômes rapportés n’était pas établi. C'est d'ailleurs ce que le Dr Éric Notebaert, médecin chercheur en clinique en toxicologie et en environnement à l’Université de Montréal, a confirmé, en tant que représentant de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement, lors de son témoignage au cours des audiences du BAPE sur le projet de parc éolien de Saint-Valentin en 2011. Le Dr Notebaert a déclaré, en référence au « syndrome de l'éolien » que cette étude n'avait aucune valeur scientifique :
« Il s’agit d’un questionnaire fait auprès de 38 personnes dans dix familles. Il y a un biais de sélection important, évidemment. […] Ceci n’a jamais été publié dans une revue «peer reviewed ». Donc il n’y a aucun comité de pairs, comité scientifique qui a validé sa méthodologie. Les bases physiologiques, comme je vais vous dire, sont tout à fait erronées. Ceci n’a strictement aucune valeur scientifique. Le Wind Turbine Syndrom ne correspond à rien en ce moment, rien accepté par l’ensemble de la communauté médicale. »
Selon les études analysées par l’Institut nationale de la santé publique, les éoliennes produiraient une quantité négligeable d’infrasons et n’auraient aucun effet nocif pour la santé, et ce, même pour des distances rapprochées. Les nouvelles études qui énonceraient de nouvelles hypothèses sont, pour le moment, non appuyées par des preuves. Il en va de même pour les sons de basses fréquences qui ne constitueraient pas une nuisance pour la santé humaine, mais doit être prise en compte lorsque ces sons sont perceptibles à l’oreille humaine
En conclusion, il semble qu’aucune preuve scientifique ne puisse prouver l’existence d’un « syndrome éolien ». La mise en place par les promoteurs des projets éoliens de protocoles de suivi des plaintes pourra nous éclairer davantage sur ce sujet au fil des années.
Les ombres mouvantes
Dans certaines conditions spécifiques, c’est-à-dire lorsque le ciel est dégagé et que le soleil est bas à l’horizon, l’ombrage des pales des éoliennes crée des ombres mouvantes qui peuvent déranger. Si certaines personnes ont émis l’hypothèse que le battement produit par ces ombres pourrait créer des crises d'épilepsie, aucune preuve scientifique n’appuie ce point de vue. En effet, la fréquence de l’effet stroboscopique nécessaire pour générer une crise d’épilepsie se situe entre 150 et 2 400 clignotements par minute, alors que la fréquence d’oscillation des ombres des éoliennes varie autour de 30 à 60 clignotements par minute.
Par ailleurs, la nuisance causée par la projection de ces ombres mouvantes à l’intérieur des résidences peut être bien réelle, mais la modélisation informatique des projets avant leur réalisation permet de prévoir ce phénomène et de prendre des mesures préventives afin de les réduire.
Note:
(1) Le dB(A) est utilisé pour mesurer les bruits environnementaux. Il s'agit d'un décibel pondéré A qui constitue une unité du niveau de pression acoustique.