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Actualité  •  6 min

5 ans de la Maison du développement durable : la force d’un rêve

Publié le 

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Pour les 5 ans de la Maison du développement durable, découvrez, en 7 questions-réponses, les dessous de ce projet-phare mené par Équiterre et son directeur général, Sidney Ribaux, ainsi que toute une équipe et de nombreux partenaires qui ont cru en ce rêve.

COMMENT L’IDÉE DE LA MDD EST-ELLE NÉE?

La Maison du développement durable est née de discussions entre des groupes environnementaux au début années 2000… On se disait que ce serait chouette de se doter d’un lieu où l’on pourrait se regrouper et interagir autour du développement durable, organiser des rencontres, et parallèlement, Équiterre se demandait comment faire avancer l’industrie du bâtiment en termes d’impacts environnementaux.

De plus, nous logions dans des locaux absolument horribles, à la limite insalubres. Notre conseil d’administration a pris une décision : nous allions déménager et nous allions faire de ce déménagement un modèle en termes de développement durable. Cette nécessité de se trouver des locaux convenables a fait en sorte qu’Équiterre a pris le leadership du projet.

On s’est donc mis à chercher des lieux, des terrains ou des bâtiments qu’on pourrait rénover, d’autres groupes environnementaux et sociaux se sont greffés et le projet s’est tranquillement dessiné.

Quel était ton rôle dans ce projet? Et le rôle d’Équiterre?
 

Je devais mettre en œuvre la décision du C.A. de faire de ce déménagement un projet exemplaire, même si à l’époque on n’avait pas d’argent, encore moins que maintenant, pas de terrain, aucune expertise en développement de projet immobilier ou en construction. Bref, on partait sans aucune carte dans les mains!

Mon travail en a donc été un de mobilisation. Je devais nous doter de tous les outils pour mener ce projet à terme : trouver des partenaires et les convaincre de partager leur expertise, convaincre Hydro-Québec de nous donner un terrain, et amener tout un tas de gens à nous financer, et convaincre les sept autres organisations fondatrices de faire partie de l’aventure, ce qui était aussi un défi. Plusieurs avaient des réticences, car il y avait un certain risque financier; nos conditions de travail seraient multipliées par 10, mais le loyer allait augmenter aussi. Par exemple, dès les débuts, nous avons eu l’idée d’intégrer un CPE au projet, mais entre l’idée et la construction, 7 ans se sont écoulés! Le CPE hésitait à renouveler son bail, à déménager ailleurs… les gens avaient besoin d’une date et c’était un grand défi, car tout était en mouvance. Des organisations ont quitté car l’échéancier ne fonctionnait plus.

Quels ont été les plus grands défis?
 

  • Lors du montage du projet : le défi était de maintenir un optimisme, car on a essuyé de nombreux revers. Le chemin pour se rendre du rêve à la réalité n’était pas du tout clair. On partait de zéro, c’était un projet très innovant, à la fois le type de bâtiment et le fait d’être une ONG qui voulait construire un bâtiment écolo. Il n’y avait pas de subventions ou de programmes de financement pour ça, on a du convaincre le gouvernement de donner de l’argent pour appuyer le projet. Plusieurs fois, on s’est fait dire non; le gouvernement du Québec voulait que le fédéral donne l’équivalent… mais c’était Harper à cette époque-là... À d’autres moments, notre banquier a dit : « on a besoin de telle ou telle garantie avant de pouvoir vous prêter ». À travers tout ça, si je n’avais pas été assez convaincu pour donner l’impression à tout le monde que ça allait marcher, je doute qu’on se serait rendu à terme. La confiance, dans des projets comme ça, est primordiale. Il suffit qu’un ou deux partenaires se retirent et le château de cartes s’effondre. On a eu à convaincre des gens d’un rêve et 20-30 y ont cru jusqu’à la fin et ont apporté leur expertise et donné du temps de manière bénévole, et de l’argent. Ce qui a fait qu’ils ont acheté le rêve, c’était la crédibilité des organisations impliquées. Il ont cru qu’Équiterre était suffisamment entrepreneur pour comprendre les enjeux et réaliser le projet. Une université aurait voulu faire la même chose, ça aurait été plus facile; ils ont une expertise dans ce genre de projets et construisent régulièrement de nouveaux pavillons. C'était ça le défi : convaincre qu’on pouvait porter le projet.
     
  • Lors de la phase de conception : les plus grands défis ont été de mettre de côté nos idéaux d’environnementalistes à l’égard des bâtiments et de s’ouvrir à la réalité de la construction. On avait une vision d’un bâtiment ultra bien isolé, avec des panneaux solaires sur le toit, des éoliennes et finalement on a été confrontés à la réalité. À l’époque, le solaire n’était pas rentable, on dépenserait donc de l’argent sur des choses qui n’étaient pas rentables au niveau environnemental et financier. L’autre grand défi était d’être confrontés au budget. C’était intéressant car soudainement, nous étions de l’autre côté de la clôture; normalement on critiquait les promoteurs et là on était promoteur. On voulait faire rien de moins que le bâtiment le plus écologique au monde et là, on devait ajuster nos objectifs en fonction du budget. Au départ, il n’y avait pas de toit vert dans le projet et à un moment il est revenu… on devait faire des choix dans les innovations qu’on voulait réaliser.
     
  • Lors de la phase de construction : le plus difficile, même si on avait la bonne équipe pour le faire, était de pousser tout le monde pour avoir le bâtiment écolo qu’on voulait et viser la certification LEED. On était au début des LEED, c’était le 2e bâtiment LEED de l’équipe, et à peu près tous les sous-traitants n’avaient jamais fait ça. C’était un véritable défi : on leur demandait d’utiliser des matériaux qu’ils ne connaissaient pas, des techniques avec lesquelles ils n’étaient pas familiers, de facturer d’une manière qu’ils ne connaissaient pas, etc. Aujourd’hui, ils nous disent qu’ils visent à faire des bâtiments LEED, ils savent comment faire et que ça fonctionne. 

La plus grande satisfaction par rapport à la MDD, pour l’équipe et pour toi?
 

Pour moi, après 5 ans, ce n’est même pas le bâtiment; c’est sûr que c’est une énorme satisfaction d’avoir réussi à le construire, une fierté que j’ai rarement eue, mais ce dont je suis le plus fier, c’est la vie dans le bâtiment qu’on a réussi à créer. Ce carrefour de rencontres, avec 22 organisations sur place, qui font des projets ensemble, animent une programmation, mettent en commun des ressources et amènent de nouvelles opportunités d’innovations en développement durable, un carrefour de réunions qui attirent des gens de tous horizons : affaires, gouvernemental, OBNL, etc.

Nos objectifs de départ étaient ambitieux, soit de regrouper nos espaces de travail, de créer un carrefour de rencontre de tous les milieux et de faire de l’éducation sur le bâtiment durable, et on les a tous atteints.

Quelle est la plus grande innovation de la MDD par rapport à d’autres bâtiments durables?


Son efficacité énergétique, l’étanchéité du bâtiment. Au départ, notre rêve était de produire de l’énergie décentralisée, avec des éoliennes, du solaire, mais dans les faits, la priorité est devenue perdre le moins d’énergie possible. Et le bâtiment est tellement efficace qu’on doit le chauffer moins que prévu, car sinon il fait trop chaud.

Comment la MDD se situait-elle à ses débuts dans l’industrie du bâtiment? Et maintenant?


La Maison du développement durable a été la première à obtenir la certification LEED Platine Nouvelle Construction (NC) au Québec. À ma connaissance, il n’y a pas eu d’autre bâtiment certifié LEED Platine dans notre catégorie d’édifice de bureaux et la MDD demeure l’un des bâtiments les plus écolos au pays, toutes catégories confondues. C’est même un peu une déception pour moi; j’aurais souhaité qu’on amène les autres joueurs à être meilleurs et que 5 ans plus tard, on soit plusieurs et même que la MDD soit dépassée. Le milieu n’a pas vraiment suivi.

Ta vision pour l’avenir dans le bâtiment durable?
 

L’enjeu qu’on a aujourd’hui : le carrefour de rencontres fonctionne tellement bien qu’on n’a plus assez de place! On aurait dû construire plus grand. Mon souhait pour l’avenir est de trouver avec nos partenaires une façon de grandir : ailleurs, en face, à côté, pour que le carrefour sur le développement durable puisse continuer de remplir sa mission. On réalise qu’il y a un grand besoin, ce qu’on a mis sur pied n’est pas suffisant.

Ma vision d’avenir serait d’amener les gouvernements à aller beaucoup plus loin sur les bâtiments, tant publics que communautaires ou privés. En montrant l’exemple dans les bâtiments qu’ils gèrent comme les écoles, par des programmes d’efficacité, etc.

Mon objectif ultime est que la MDD soit un bâtiment « banal », la norme car nous aurons diminué au maximum l’impact environnemental de nos bâtiments. Nous avons diminué de moitié la consommation d’énergie d’un bâtiment traditionnel, et si on peut la réduire à zéro, pourquoi ne pas le faire?

Première pelletée de terre de la Maison du développement durable :

Pour découvrir la campagne Ma maison durable dont Sidney Ribaux est ambassadeur, des trucs et astuces à faire chez soi pour rendre votre maison durable à l’occasion de ce 5e anniversaire, visitez le : http://lamdd.org/services/ma-maison-durable

Pour aller plus loin :