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Communiqué de presse  •  4 min

Des milliers de Canadiens intoxiqués par les pesticides chaque année - Un rapport révèle que tous les ans 2 800 enfants sont victimes d'une intoxication par les pesticides

Publié le 

Ottawa, le 21 juin 2007 – Selon un nouveau rapport de la Fondation David Suzuki, plus de 6 000 Canadiens sont victimes d'une intoxication par les pesticides tous les ans, et près de la moitié sont des enfants de moins de six ans.

« Protéger la santé des enfants est l'une de nos responsabilités les plus cruciales », déclare David Boyd, auteur du rapport et juriste spécialiste des questions d'environnement. « Le nombre étonnamment élevé d'enfants canadiens empoisonnés par les pesticides prouve de façon convaincante qu'il faut prendre des mesures plus rigoureuses pour empêcher de tels incidents de se produire », ajoute-il.

Le rapport, intitulé Exposition au nord : Les intoxications aiguës par les pesticides au Canada a compilé des données sur les intoxications par les pesticides obtenues des autorités provinciales et régionales de neuf des dix provinces.

« Le Québec a fait un pas de géant en instaurant son Code de gestion des pesticides, le premier au Canada et en Amérique du Nord à interdire l'usage de certains pesticides. Ce code n'est évidemment pas parfait, puisqu'il limite l'utilisation de seulement 20 ingrédients actifs et que les ressources qui sont allouées à son application ne sont pas suffisantes, mais c'est tout de même un modèle à suivre pour les autres provinces », explique Lova Ramanitrarivo, chargée de projets pour le programme Horticulture écologique chez Équiterre.

En 2002, au Québec seulement, avant l'application du Code de gestion des pesticides, les centres antipoison de la province ont reçu 2 096 appels concernant les pesticides, dernière année pour laquelle on dispose de données. Il s'agissait d'une moyenne par habitant nettement supérieure à la moyenne nationale – 28 intoxications aiguës par les pesticides par 100 000 habitants au Québec, comparativement à 19 par 100 000 habitants à l'échelle du Canada.

Il faut s'attendre à ce que les intoxications par les pesticides au Québec diminuent quelque peu suite à l'entrée en vigueur du nouveau Code de gestion des pesticides. On n'a pas pu obtenir de plus récentes données. Le Québec est la seule province dotée d'une loi interdisant la vente de certains pesticides approuvés par le gouvernement fédéral.

Équiterre est depuis longtemps préoccupée par l'utilisation des pesticides, notamment en ce qui concernent leurs impacts sur l'environnement et la santé humaine. De plus, depuis octobre 2006, Équiterre a accueilli en son sein la Coalition pour les alternatives aux pesticides (CAP) – un des acteurs principaux, grâce à qui, le Code de gestion des pesticides actuel a été instauré au Québec. Les deux organismes ont choisi d'unir leur expertise afin de permettre une intervention plus soutenue et étendue dans le domaine des pesticides.

En plus de souligner le nombre choquant des intoxications aiguës dues aux pesticides, le rapport de la Fondation David Suzuki conclut que le système canadien de suivi et de surveillance des intoxications aiguës est inefficace et, plus grave encore, que le Canada ne protège pas suffisamment ses citoyens des effets néfastes des pesticides.

« De nombreuses failles dans les politiques canadiennes en matière de pesticides sont mises en évidence dans le rapport, notamment de flagrants manques d'informations dans les données disponibles », explique Lisa Gue, analyste des politiques sanitaires et environnementales de la Fondation. « Le Canada doit se doter d'un système national de suivi de la santé environnementale qui couvre les empoisonnements par les pesticides ».

On entend par intoxication aiguë par les pesticides une exposition à une seule dose d'un pesticide – par inhalation, ingestion d'un solide ou d'un liquide, ou contact direct avec les yeux ou la peau.

Le rapport estime en outre que les intoxications aiguës par les pesticides coûtent à l'économie canadienne jusqu'à 16 millions de dollars par an, un chiffre qui ne comprend ni la valeur attribuée aux souffrances et douleurs endurées par des milliers de Canadiens et leur famille, ni les coûts pouvant découler de tout obstacle au développement normal des enfants.


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Le rapport intégral, Exposition au nord : Les intoxications aiguës par les pesticides au Canada, est disponible en ligne à :
http://www.davidsuzuki.org/Publications/Northern_exposure.asp

Pour plus d'information sur l'horticulture écologique : www.equiterre.org

Sources :

Jason Curran
Spécialiste des communications, Fondation David Suzuki
Bureau : (604) 732-4228, poste 229
Tél. cellulaire : (604) 961-9591

Amélie Ferland
Relationniste, Équiterre
Bureau : (514) 522-2000, poste 234
Tél. cellulaire : (514) 973-2000

Fiche d'information

Recommandations formulées dans le rapport Exposition au nord : Les intoxications aiguës par les pesticides au Canada :
1. Obliger la vente de tous les produits antiparasitaires dans un contenant protège-enfant pour minimiser le risque d'exposition accidentelle.
2. Augmenter le financement accordé aux centres antipoison canadiens.
3. Établir un programme national de prévention des empoisonnements.
4. Interdire l'utilisation des pesticides à des fins esthétiques (ex.: pelouses et aires de jeux).
5. Mettre un terme à l'homologation de tous les produits antiparasitaires contenant un ingrédient actif qui a été interdit dans un autre pays de l'OCDE en raison de préoccupations liées à la santé et à l'environnement.
6. Établir un système national de suivi de la santé environnementale couvrant les intoxications par les pesticides.
7. Reconnaître aux canadiens le droit de vivre dans un environnement sain.

Dix mesures que les particuliers peuvent prendre pour réduire le risque d'intoxication par les pesticides :
1. N'achetez pas de pesticides! Évitez d'utiliser ou d'entreposer des pesticides à la maison et au jardin. Il existe presque toujours une autre solution non ou peu toxique tout aussi efficace. On ne peut justifier l'utilisation des pesticide à des fins esthétiques, comme une pelouse bien verte, à la lumière des dangers reconnus qu'ils posent à la santé humaine et à l'environnement.
2. Si vous utilisez des pesticides, suivez les consignes figurant sur l'étiquette. Portez des vêtements de protection. Mettez un écriteau avertissant que l'endroit a été traité aux pesticides. Rangez toujours les pesticides et autres substances dangereuses (ex.: les médicaments, les produits de nettoyage et les cosmétiques) dans un placard verrouillé ou autre endroit auquel les enfants n'ont pas accès.
3. Conservez les pesticides dans leur contenant d'origine pour éviter qu'on les confonde avec autre chose.
4. N'utilisez pas de pesticides à proximité des enfants.
5. Débarrassez-vous des pesticides et autres produits ménagers toxiques en votre possession en toute sécurité. Les centres antipoison provinciaux, les établissements médicaux et les installations de recyclage et de gestion des déchets proposent souvent des renseignements utiles sur la façon de s'en débarrasser en toute sécurité. Ne les mettez pas à la poubelle et ne les videz pas dans l'évier ou les toilettes!
6. Surveillez vos enfants quand vous rendez visite à des amis ou membres de votre famille, car ils ne prennent peut-être pas les mêmes précautions que vous dans leur maison.
7. Achetez des aliments biologiques locaux dans la mesure du possible.
8. Parlez à vos parents, amis, voisins et collègues de ce rapport et des façons d'éviter les risques que posent les pesticides. Renseignez-vous sur les politiques de l'école et de la garderie de vos enfants en matière de pesticides.
9. Votez pour des politiciens (fédéraux, provinciaux, territoriaux et municipaux) qui soutiennent le resserrement des restrictions sur l'utilisation des pesticides au Canada, comme les recommandations proposées par la Fondation David Suzuki.
10. Affichez le numéro de votre centre antipoison régional près du téléphone.