Published on
L’énergie éolienne dans le monde
Au cours de la dernière décennie, la capacité de production mondiale d’énergie éolienne a connu une croissance fulgurante estimée à 28 % annuellement. Plusieurs facteurs expliquent cette expansion spectaculaire. D’une part, cette source d’énergie renouvelable aide les États à augmenter leur production d’électricité sans augmenter leur production de gaz à effet de serre. D’autre part, plusieurs de ces pays voient dans le développement de la filière éolienne une étape importante vers une diminution de leur dépendance aux combustibles fossiles, dont les prix ne cessent d’augmenter. Cette croissance a aussi été stimulée par des avancées technologiques qui permettent de construire des éoliennes plus puissantes permettant d’occuper moins de territoire, tout en produisant la même quantité d’électricité.
En 2013, selon le Global Wind Energy Council (GWEC), il y avait déjà 318,137 gigawatts de capacité d’énergie éolienne installée sur la planète. La Chine domine le classement des pays avec 91,4 gigawatts (et prévoit en ajouter 640GW d’ici 2030 !), suivie de près par les États-Unis avec 61 gigawatts. Le GWEC estime qu’en 2020, la production éolienne mondiale composera de 10 à 12 % de toute l’énergie électrique produite.
L’énergie éolienne au Canada
Le Canada possède l’un des potentiels éoliens les plus importants sur la planète. Une région nordique telle que le Nunavik possède suffisamment de ressources éoliennes pour fournir 40 % des besoins en électricité des Canadiens. Malgré cette richesse, le pays est au neuvième rang des producteurs d’énergie éolienne au monde. Avec une production de plus de 8 000 MW, 2 millions de foyers canadiens pourraient être alimentés par l’électricité provenant de cette industrie. C’est l’Ontario qui possède la plus grande production d’énergie éolienne au Canada. Grâce à cette énergie, la province a fermé ses dernières centrales thermiques au charbon en avril 2014 et accueille déjà sur son territoire plusieurs usines de fabrication de composantes. Elle est suivie de près par le Québec et ensuite par l'Alberta au troisième rang. Pour l’ensemble du Canada, 4 722 éoliennes sont réparties dans 192 parcs éoliens.
L'énergie éolienne au Québec
Le Québec présente, pour la production d’électricité, le bilan le plus positif de l’Amérique du Nord en termes d’émissions de gaz à effet de serre et se compare très avantageusement à d’autres pays à l’échelle mondiale. La province a été la première du continent à adopter un plan de réduction des gaz à effet de serre s’approchant des objectifs du protocole de Kyoto.
En juillet 2014, la province comptait près de 4 000 MW d’éoliens installés sur le total de 43 892 MW, soit un peu plus de 9 % de sa production électrique. Le Québec devrait compter sur près de 10 % de son électricité provenant de l’éolien à la fin de l’implantation des projets du dernier appel d’offres vers 2015-2016.
Un sondage réalisé à l’automne 2010 par Léger Marketing pour le compte de CanWEA démontrait également que 75 % des Québécois étaient favorables à la poursuite du développement de l’énergie éolienne après 2015 et que 23 % d’entre eux prétendaient avoir une meilleure opinion de celle-ci que l’année précédente.
De plus, il est à noter que les éoliennes s’adaptent à merveille au climat québécois. En fait, les données du TechnoCentre éolien, situé à Gaspé, ont démontré que les éoliennes produiraient davantage d’électricité de novembre à avril en raison des forts vents hivernaux et de la densité plus grande de l’air froid. Certes, des périodes de froid intenses et prolongées, combinées à de faibles vents, peuvent toutefois diminuer les performances des éoliennes, mais lorsque ces épisodes de grands froids sont combinés à des vents propices, les éoliennes atteignent alors parfois leurs productions maximales. Bref, tout est une question de vent !
Les obstacles à l’implantation des parcs d’éoliennes, dont la répartition des revenus locaux et la modification des projets pour considérer la qualité des paysages, sont mieux pris en compte dans les projets québécois, ce qui favorise une meilleure intégration future de l’énergie éolienne au Québec.
La gestion de la production énergétique
Le Québec n’a jamais autant vendu d’électricité à l’extérieur de son territoire, mais cette opération n’est cependant plus aussi rentable qu’elle ne l’a déjà été. La construction de très nombreuses centrales au gaz naturel aux États-Unis, alimentées principalement par le gaz de schiste, a grandement fait fléchir les prix de l’électricité sur le continent.
Toutefois, les surplus énergétiques peuvent avoir des bénéfices autres qu’économiques pour la province. Auparavant, le Québec a réussi à éliminer des sources d'énergies polluantes grâce aux surplus de l'hydroélectricité. La centrale thermique au mazout lourd de Sorel-Tracy ou encore la centrale nucléaire de Gentilly 2 en sont de bons exemples. Sans surplus électriques, nous nous trouverions peut-être encore dans l'obligation de les maintenir en opération pour combler des besoins de pointe, qui surviennent lors d'un hiver très froid ou d'un été caniculaire. Si, en plus, le taux de précipitations est faible, le niveau d'eau dans les barrages baisse, ce qui a pour effet de réduire les surplus.
Ces variabilités climatiques affectent aussi grandement la capacité de production hydroélectrique, car la quantité de précipitations qui tombe sur le Québec en une année détermine la quantité d’énergie qui peut être produite à partir des barrages d’Hydro-Québec. Si nous sommes aux prises avec des besoins plus importants lors d'un hiver particulièrement rigoureux, alors qu’il est normal que l’hydraulicité est à son plus faible niveau, nous serons heureux de recourir aux éoliennes, au lieu d'acheter de l'électricité des États-Unis en provenance des usines au gaz naturel ou pire, au charbon.
Le Québec doit donc pouvoir compter sur des surplus d’électricité afin de gérer la variabilité de la production électrique et la demande énergétique québécoise.
Une nouvelle stratégie énergétique pour le Québec
En 2016, alors que près de 10 % de la production d’électricité québécoise sera de source éolienne, la province accusera encore un retard dans cette filière énergétique face aux autres provinces et aux leaders mondiaux. Compte tenu du couplage idéal de l’éolien avec l’hydroélectricité, le Québec pourrait augmenter progressivement sa proportion de puissance éolienne installée à 8 000 MW ou 20 % de sa puissance installée.
En plus de s’inscrire dans des appels d’offres plus équitables favorisant la participation des communautés locales et autochtones dans tous les projets, la nouvelle stratégie énergétique québécoise devrait aussi favoriser l’équité entre les différentes tailles de projets, en instaurant rapidement un incitatif sous forme de tarif de rachat ou « feed-in-tariff», incluant une prime sur la valeur courante du kWh, pour l’autoproduction d’énergie renouvelable, qu’elle soit solaire ou éolienne.
L’industrie éolienne québécoise, incluant la fabrication des composantes, s’est implantée largement en région. L’adoption de nouveaux objectifs en puissance installée de source éolienne contribuerait donc simultanément à stimuler l’économie des régions, dont la Montérégie, le Bas-Saint-Laurent (plus particulièrement, la MRC de Matane) ou encore la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine.
Lors de l’annonce de l’attribution de 800 nouveaux MW, le gouvernement du Québec s’est engagé à soutenir la filière éolienne jusqu’en 2025. Bien que plusieurs changements puissent survenir d’ici là, cela envoie un message rassurant pour tous les employés œuvrant dans ce secteur économique. Une indication en ce sens dans la prochaine stratégie énergétique du Québec consoliderait cet engagement.