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Opinion  •  3 min

Vivement un débat des chefs tout climatique

Colleen Thorpe

Executive Director

Published on 

Alors que les effets de la crise climatique se font de plus en plus tangibles et dévastateurs, le Québec est mûr pour la tenue d’un débat des chefs portant exclusivement sur cette question lors des prochaines élections québécoises. C’est ce que nous demandons aux médias et aux partis politiques, et ce, avec l’appui d’une majorité de Québécoises et Québécois.

Selon un sondage Léger, 56 % des Québécois estiment qu’il est pertinent de tenir un débat des chefs exclusivement sur l’environnement, la crise climatique et les solutions que proposent les partis politiques pour ces questions. Selon le même sondage, ce sont principalement les débats qui aident les Québécois à orienter leur choix.

Maintenant que cela est dit, un questionnement légitime émergera assurément : « Oui, mais tant qu’à faire, pourquoi ne pas tenir un débat des chefs juste sur la santé ? Sur l’économie ? Tous ces sujets sont importants ! Si on fait un débat pour chacun, on n’en finira plus et on va se ramasser avec 12 débats ! »

La réponse est simple : nous avons besoin d’un débat des chefs portant exclusivement sur les questions climatiques et environnementales, car celles-ci touchent déjà presque tous les aspects de nos vies.

Les changements climatiques menacent notre santé collective et individuelle : la pollution de l’air, les vagues de chaleur, l’émergence de maladies liée à la destruction des milieux naturels, le déclin de la biodiversité et l’arrivée d’espèces invasives en sont autant d’exemples récents et probants. Selon le sondage Léger mentionné ci-dessus, 73 % des Québécois comprennent l’état de la situation et se disent inquiets de l’impact des changements climatiques sur leur santé.

Ces bouleversements menacent aussi notre qualité de vie et notre économie, faisant grimper le prix de notre panier d’épicerie, détruisant nos infrastructures publiques ou inondant nos maisons. À cet effet, la même proportion de la population — soit 73 % — se dit inquiète du coût des changements climatiques sur les fonds publics et leurs finances personnelles.

Les dérèglements du climat menacent ultimement notre sécurité en nous exposant aux conséquences d’événements météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents. Nous en avons fait les frais récemment, alors que plusieurs d’entre nous se sont retrouvés sans électricité pendant plusieurs jours. Il y a aussi les vagues de chaleur, qui tuent plusieurs concitoyennes et concitoyens chaque été, et l’érosion des berges, qui affectent les collectivités côtières.

C’est pourquoi la tenue d’un débat des chefs sur la question est plus nécessaire que jamais. On ne peut plus se contenter de traiter la situation comme un problème parmi tant d’autres.

16 minutes, ce n’est pas assez

Il suffit de remonter à 2018 pour constater le chemin qu’il reste à parcourir pour un traitement politique et médiatique adéquat de la crise climatique lors d’une campagne électorale québécoise. Et il suffit de se rappeler un chiffre : 16 minutes.

C’est le temps qu’on a alloué aux questions environnementales et climatiques lors du débat des chefs du consortium des médias pendant les dernières élections québécoises. Ce débat durait environ deux heures.

Et dans le Face-à-face TVA de 2018, on a brièvement parlé de voitures électriques, de la cimenterie McInnis et du REM dans la section « Finances publiques et économie », à la toute fin de l’exercice. Un débat lui aussi de deux heures.

Résultats ? On escamote les idées et les arguments, on reste en surface ou on répète les deux ou trois « lignes de communication » nécessaires pour passer à travers. Est-ce vraiment le genre de traitement qu’une crise d’une telle gravité et d’une telle complexité exige ?

Il faut faire mieux lors de la prochaine élection. Beaucoup mieux.

Comment peut-on espérer voir les différents partis présenter leur plateforme climatique adéquatement en une dizaine de minutes, alors que quatre ou cinq chefs se partagent le temps d’antenne ?

Les élections du 3 octobre prochain doivent être celles de l’urgence climatique. Les électrices et électeurs sont en droit de connaître les solutions proposées par les partis. La tenue d’un débat des chefs leur permettra de faire un choix éclairé afin de décider à qui faire confiance pour préserver notre santé, notre économie et notre sécurité dans les prochaines années et décennies.


Patricia Clermont
Coordonnatrice à l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME). Au nom du collectif Vire au vert et d’une vingtaine d’organisations partenaires.

⏳😮 16 minutes

C’est le temps qu’on a alloué aux questions environnementales et climatiques lors du débat des chefs du consortium des médias pendant les dernières élections québécoises. Ce débat durait environ deux heures.

Et dans le Face-à-face TVA de 2018, on a brièvement parlé de voitures électriques, de la cimenterie McInnis et du REM dans la section « Finances publiques et économie », à la toute fin de l’exercice. Un débat lui aussi de deux heures.

Résultats ? On escamote les idées et les arguments, on reste en surface ou on répète les deux ou trois « lignes de communication » nécessaires pour passer à travers. Est-ce vraiment le genre de traitement qu’une crise d’une telle gravité et d’une telle complexité exige ?

Il faut faire mieux lors de la prochaine élection. Beaucoup mieux.

Comment peut-on espérer voir les différents partis présenter leur plateforme climatique adéquatement en une dizaine de minutes, alors que quatre ou cinq chefs se partagent le temps d’antenne ?

Les élections du 3 octobre prochain doivent être celles de l’urgence climatique.

Les électrices et électeurs sont en droit de connaître les solutions proposées par les partis. La tenue d’un débat des chefs leur permettra de faire un choix éclairé afin de décider à qui faire confiance pour préserver notre santé, notre économie et notre sécurité dans les prochaines années et décennies.

Patricia Clermont
Coordonnatrice à l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME). Au nom du collectif Vire au vert et d’une vingtaine d’organisations partenaires.