Alors que la COP28 est à nos portes et le Canada se rendra dans le désert des Émirats arabes unis avec une délégation plus nombreuse que jamais… Entre oasis et mirages, le Canada s’est-il perdu en chemin?
Après l’été enfumé et désastreux que l’on vient de connaître sur le plan climatique, les Canadiennes et les Canadiens sont de plus en plus nombreux à se demander ce que fait concrètement le gouvernement pour lutter contre la crise.
Le problème, c’est que les politiques pour s’y attaquer sont complexes en plus d’être souvent mal communiquées par nos gouvernements. Rien pour aider, il faut parfois des années pour en voir les effets. Tout cela ne fait qu'augmenter la confusion et le cynisme, en plus de réduire la confiance au sein de la population : on le voit clairement avec le dossier de la tarification carbone.
Qui plus est, le Canada n'a jamais atteint les cibles qu'il s'est fixées en matière d'émissions. Ça, c’est l’autre problème. En fait, c’est le principal problème.
Dans ce contexte loin d’être favorable, une question revient encore et encore : comment pouvons-nous être sûr(e)s que notre gouvernement s'attaque réellement à la crise climatique?
Pour ce faire, le gouvernement fédéral doit faire preuve de leadership en communiquant clairement les actions entreprises pour lutter contre les changements climatiques, comme il l’a fait pendant la pandémie, en pleine situation d'urgence, car c’est le même genre de défi que nous vivons avec le climat.
Le Canada doit aussi profiter des opportunités offertes par la COP28 et le prochain rapport d'étape prévu par la loi canadienne pour présenter une mise à jour complète et détaillée des progrès accomplis. Ainsi, il répondrait aux inquiétudes de la population, particulièrement celles de la jeunesse canadienne qui ne cessent de grandir.
Si le Canada a réalisé des progrès significatifs lors des dernières années, il est crucial que ces avancées soient clairement détaillées pour renforcer la confiance du public. Dans le cas contraire, nous demandons au gouvernement d’être transparent et de présenter en détails les mesures prévues pour remédier à la situation et nous mettre sur la voie de la réussite climatique.
Cette COP28 sur le climat est d’ailleurs surnommée la COP de la vérité. Pourquoi? Parce qu’on y conclura le premier Bilan mondial sous l’Accord de Paris, c’est-à-dire que la communauté internationale fera état des progrès (insuffisants, vous vous en doutez) - en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, d’adaptation ainsi que de financement pour faire face aux catastrophes que la crise engendre. N’est-ce pas l’occasion rêvée pour le Canada d’utiliser cette plateforme pour montrer son propre bilan?
Se tenant en plein désert, cette COP pourrait même apparaître comme un oasis pour Ottawa parce que le Bilan mondial identifie non seulement les écarts à combler entre la science et les engagements des pays, et entre ces engagements et leur mise en oeuvre ; il propose aussi les solutions pour y répondre.
Malheureusement, cette COP sera aussi celle de tous les mirages, étant menée par un pays hôte qui semble davantage préoccupé par la conclusion de deals pour vendre des énergies fossiles, que de nous assurer un avenir sécuritaire.
On peut aussi s’attendre à la présence d’un fort contingent de lobbyistes de cette même industrie et de ses sinistres alliés, qui tenteront de mousser des fausses solutions comme la capture et le stockage de carbone pour maintenir un dangereux statu quo auprès des gouvernements.
Le gouvernement canadien saura-t-il éviter ces mirages ou continuera-t-il à s’enfoncer dans le désert?
Car nous sommes plusieurs à avoir soif de solutions. À avoir soif de bonnes nouvelles.