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Pour limiter l’impact des changements climatiques, le gouvernement du Québec a pour objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 20 % sous le niveau de 1990 d’ici 2020 et de 37,5 % d’ici 2030. Pour y parvenir, les solutions passent par des changements structurants sur le plan des transports.
Un régime minceur pour nos émissions de GES
Le secteur des transports constitue la principale source d’émissions de GES au Québec, soit 40 % de ses émissions totales. Il s’agit également du secteur ayant connu la plus forte croissance de ses émissions depuis 1990, notamment en raison de l’augmentation de la taille des véhicules, des distances parcourues et du nombre total de véhicules immatriculés. En ce sens, 79 % des émissions de GES du secteur des transports sont attribuables au transport routier.
Dans un contexte où le nombre de voitures ne cesse et ne cessera d’augmenter, l’électrification des transports pourrait avoir un impact positif sur les émissions de GES. Le Québec, n’utilisant pas de carburant fossile pour produire son électricité, présente l’un des bilans carbone les plus faibles au monde : sa production d’électricité compte pour moins de 1 % de ses émissions de GES. Par conséquent, si l'on remplaçait un million de voitures à essence par des voitures 100 % électriques, soit environ 16 % du parc automobile actuel, les émissions de GES du Québec diminueraient d’environ 4,37 millions de tonnes par année, et ce, sans devoir augmenter la production d’électricité.
Un plus pour notre portefeuille et nos emplois
Le Québec fait partie des plus grands consommateurs d’énergie au monde. Une grande part de sa consommation énergétique est dirigée vers le pétrole. Le transport, principal responsable de cette dépendance, représente 75 % de nos besoins en produits pétroliers, dont 62 % sont attribuables aux ventes au détail (ventes à la pompe). En moyenne, chaque Québécois consommerait 1057 litres de carburant par an!
Du point de vue de l’économie, c’est plus de 7,8 milliards de dollars nets qui ont été drainés hors de l’économie québécoise en 2016 par l’importation de combustibles fossiles. Se libérer de notre dépendance aux combustibles fossiles, c’est donc se libérer des fluctuations internationales des prix qui fragilisent grandement notre économie. Avec la montée prévisible du prix du pétrole dans les prochaines années, ces dépenses – hors de la province – liées à l’approvisionnement en pétrole et à l’achat de carburant pèseront encore plus lourd sur notre portefeuille.
Devant cette tendance, il s’avère ESSENTIEL de diriger une partie de cette consommation énergétique vers une source d’énergie renouvelable, issue du Québec et offerte à des prix plus compétitifs et stables. Une stratégie d’électrification des transports permettra de développer et de mettre en valeur l’expertise québécoise tout en créant des emplois dans la province. De plus, dans un contexte de surplus d’électricité, ce virage vers l’électrification est tout à fait indiqué pour le Québec et assurerait des gains tangibles pour toute la société. Concrètement, pour les consommateurs, il coûte environ sept fois moins cher de rouler à l’électricité au Québec qu’à l’essence.
Une solution qui ne vient pas seule : éviter, transférer et améliorer
Malgré tous les bienfaits qu’elle représente, l’électrification des transports ne peut être présentée comme LA principale solution quant à la lutte aux changements climatiques et à la dépendance au pétrole dans le secteur des transports. L’électrification des transports fait partie d’un ensemble de stratégies qui sont complémentaires et dont certaines visent des changements plus structurants en transport tout en étant plus efficaces à court terme. Le but n’est pas de remplacer un embouteillage de voitures à essence par un embouteillage de voitures électriques!
Équiterre croit que pour parvenir à réduire ses émissions de gaz à effet de serre et sa dépendance au pétrole, le Québec doit agir rapidement en s’appuyant sur les trois axes d’intervention suivants. Cette position se base sur son rapport « Changez de direction » :
- Éviter les besoins de déplacement et réduire les distances parcourues en repensant l’aménagement urbain : contrer l’étalement urbain, rapprocher les fonctions par une plus grande mixité, densifier autour d’axes de transport collectif et actif ;
- Transférer les déplacements vers des modes de transport moins consommateurs d’essence et moins polluants (transport collectif et actif, autopartage) ;
- Améliorer la performance des systèmes de transport et des carburants pour les véhicules restants, notamment par l’électrification des transports.
Dans la perspective actuelle où les distances parcourues et le nombre de véhicules ne cessent d’augmenter, il s’avère primordial de trouver des stratégies qui s’attaqueront aussi à ces problématiques. Les ignorer rendrait vains tous les efforts d’électrification des transports dans le contexte des défis environnementaux auxquels nous sommes confrontés. Quoi qu’il en soit, il restera toujours place à l’amélioration de la performance énergétique des voitures qui continueront, hélas, d’occuper une place prépondérante dans les habitudes de déplacement des Québécois.
Sources ayant servi à la rédaction de cet article :
- État de l’énergie au Québec, HEC, 2018.
- Inventaire québécois des émissions de GES, Gouvernement du Québec, 2013.
- Dossier statistique, bilan 2014, SAAQ.
- Statistique Canada, Tableau 128-0016, 2015 (1 térajoule = 161, 48 barils de pétrole).
- Banque de données des statistiques officielles du Québec, 2015.