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La banane certifiée équitable fait son apparition au Canada en 2004, puis au Québec en 2008. En 2009, 72 organisations de producteurs sont certifiées équitables en Amérique latine. Tant les organisations de petits producteurs que les plantations avec main-d'œuvre salariée peuvent obtenir la certification équitable. Privilégier l'achat de bananes équitables est bénéfique pour les producteurs et l'environnement.
L'univers de la banane
Cultivée depuis plus de 10 000 ans, la banane est:
- le fruit le plus populaire en Amérique du Nord;
- la 5e denrée alimentaire la plus commercialisée, après le café, le sucre, le cacao et les céréales;
- le 4e aliment de base le plus important dans les pays en développement, après le riz, le blé et le maïs (1).
Chaque personne mange en moyenne 14 kg de bananes par année, ce qui représente 12% de sa consommation totale en fruits! Mis bout à bout, les 100 millions de tonnes de bananes consommées chaque année entoureraient la Terre 2000 fois! (1)
La banane est un fruit populaire tant au Nord qu'au Sud, où il est cultivé. Seulement 13% des bananes produites à travers le monde se retrouvent dans le marché d'exportation : 87% des bananes sont consommées localement.
Même s'il existe plus de 1000 variétés de bananes, 99% des bananes qui arrivent sur les marchés du Nord proviennent de la variété Cavendish. La culture intensive d'une seule variété de bananes rend cette dernière extrêmement précaire. Une simple maladie pourrait détruire l'entièreté des récoltes (2).
Cinq multinationales, Chiquita Brands International, Dole Food, Del Monte Fresh Products, Noboa et Fyffes, se partagent près de 85% de la production mondiale (2).
Si la banane est vendue à prix très bas chez nous, c'est bien au détriment de la santé et de la qualité de vie de ceux qui la cultivent. En effet, les multinationales bananières n'hésitent pas à sabrer les conditions de travail, de façon à réduire les coûts de production au minimum, bafouant des droits des travailleurs et les règles environnementales (3).
Impacts sociaux
Toutes les multinationales impliquées dans la production bananière ont fait l'objet de controverses à propos du traitement des travailleurs dans leurs plantations (6).
Les conditions de travail dans les plantations violent fréquemment les droits de la personne:
- longues journées de travail (entre 12 et 14 heures);
- heures supplémentaires exigées et non rémunérées;
- salaires insuffisants pour couvrir les besoins familiaux;
- aucune sécurité d'emploi ni protection contre les nombreux et fréquents licenciements;
- peu ou pas de conventions collectives;
- violence physique et intimidation envers les chefs syndicaux et les membres des syndicats;
- conditions de travail pour les femmes encore pires : plus d'heures de travail, pauses plus brèves, salaire nettement moindre, pas de contrat fixe et intimidation sexuelle fréquente;
- embauche de mineurs : en Équateur, par exemple, des enfants commencent à travailler dans les plantations lorsqu'ils ont 10 ou 11 ans;
- pas d'accès à l'éducation et à des soins de santé (2).
- En moyenne, à peine 4% du revenu de la vente des bananes non équitables revient aux producteurs et aux pays producteurs : 1% à 3% pour les travailleurs des grandes plantations et 7% à 10% pour les petites plantations (2).
Impacts environnementaux
Une plantation typique en Amérique centrale utilise 30 kg de pesticides par hectare annuellement, soit dix fois plus que dans l'agriculture intensive des pays industrialisés (2).
Près de 90% des pesticides pulvérisés de façon aérienne se perdent dans l'environnement. Les produits chimiques toxiques se retrouvent dans l'écosystème local, c'est-à-dire dans le sol, les sources d'eau, même potables, et la chaîne alimentaire, entraînant mort et difformités dans la faune locale (4).
Au Costa Rica, grand producteur de bananes, on estime que 90% des récifs coralliens sont morts à cause du ruissellement des pesticides. Les plantations de bananes ont causé l'érosion, l'épuisement des sols, le déboisement et la destruction d'un bon nombre d'écosystèmes locaux (5).
L'utilisation de tous ces pesticides a de très graves conséquences sur la santé des travailleurs et de la population locale. Plusieurs souffrent de maladies et de symptômes chroniques liés à l'utilisation de pesticides : irritation des yeux et des voies respiratoires, douleurs à l'estomac et aux reins, cancers de la peau, invalidité, stérilité et anomalies congénitales (2).
Sources:(1) Banana Link Trade Union Forum, Working towards a fair and sustainable banana trade
(2) TransFair Canada
(3) Fairtrade Labelling Organizations
(4) Conférence internationale sur la banane
(5) The Fairtrade Foundation, Unpeeling the Banana Trade, 2000
(6) Ronald Harpelle, Histoires de bananes : La banane dans tous ses états, 2003
Global exchange, Bananas
Fondation Max Havelaar Suisse, Bananes
John S.Wilsona & Tsunerhiro Otsuki, To spray or Not to Spray; Pesticides, Banana, 2002
Gilberth Bermúdez Umaña, Working Conditions in Latin American Banana Plantations
Équicosta