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Ottawa annonçait dans le discours du Trône, le 23 septembre dernier, que la transition énergétique et l'environnement seraient les moteurs de la relance post-COVID : des signes encourageants, mais des mesures concrètes que nous ne pouvons plus attendre.
Nous sommes satisfaits de voir que la relance annoncée sera juste et verte, mais nous attendons du gouvernement qu’il concrétise ses paroles en actions décisives pour assurer que notre pays soit prêt à répondre aux crises futures, qu’elles soient sanitaires, économiques ou environnementales.
VERS UNE LOI SUR LE CLIMAT?
Au coeur des annonces faites par le gouvernement se trouve une mesure vivement attendue par la communauté environnementale depuis longtemps : l’adoption d'une loi sur le climat. Une telle initiative permettrait de surpasser les objectifs climatiques du Canada pour 2030 et d’atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050 pour le pays.
Ottawa a affirmé que les solutions proposées pour lutter contre les changements climatiques seraient appuyées par des politiques concrètes comme la modernisation de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement, la mise en place du Fonds pour l’énergie propre, le maintien de la politique de tarification de la pollution et l’interdiction des plastiques à usage unique.
Concrètement, la stratégie environnementale du gouvernement s’appuiera sur l’investissement dans les énergies renouvelables ainsi que dans les solutions et les technologies d’énergie propre. De plus, Ottawa s’engage à investir durablement dans l'adaptation aux changements climatiques.
Nos recommandations
Nous saluons les mesures annoncées pour l’investissement dans les énergies propres qui permettront de favoriser la résilience de nos communautés ainsi que le déploiement d’une stratégie pour tous.tes les travailleur.euse.s dans des secteurs d’avenir.
Mais avant toute chose, il demeure primordial que les engagements du gouvernement en la matière s'inscrivent dans une loi sur la responsabilité climatique.
Le gouvernement doit se doter des meilleurs outils pour ancrer la transition dans la réalité d’aujourd’hui, car c’est aujourd’hui que les crises nous frappent. Pas demain. Maintenant. Il doit se montrer à la hauteur des défis qui nous attendent collectivement.
L’ÉLECTRIFICATION DES TRANSPORTS COMME SOLUTION
Parmi ses priorités, le gouvernement Trudeau accordera une place de choix au transport en commun ainsi qu’au transport actif. Il s’engage également à rendre les véhicules zéro émission plus abordables et plus accessibles, en plus d’investir dans l’élargissement des infrastructures de recharge à l’échelle du pays.
Nos recommandations
Chez Équiterre, nous nous réjouissons qu’une redéfinition de nos modes de transport s’inscrive dans la relance. Cependant, seuls les plans d’action à venir nous diront si la vision du gouvernement est structurante et suffisamment ambitieuse.
D’abord, de manière prioritaire, Ottawa doit s’attaquer à la taille des véhicules sur nos routes. En nombre grandissant dans le parc automobile canadien depuis une décennie, les camions légers sont plus polluants, plus dangereux et plus lourds que les voitures. Ainsi, une véritable stratégie structurante en matière de transport durable inclurait un système de redevance-remise afin d’encourager l’achat de véhicules zéro émission et de décourager l’achat de véhicules énergivores. Un tel système a l’avantage de s’autofinancer, permettant de dégager des fonds pour accélérer l’électrification des transports collectifs par exemple.
Justement, une stratégie nationale d’électrification des transports qui favoriserait d’abord les déplacements à émissions nulles, par exemple à l’aide de vélos électriques, pourrait mener à de petites révolutions aux retombées positives à travers le pays. À nos yeux, si le Canada s’engage fermement dans la voie de l’électrification, un solide plan d’investissement dans le recyclage des batteries et l’économie circulaire, dans les modes de transport à la fois sobres en carbone et en matériaux et dans les transports collectifs devra être mis en branle.
La stratégie d’électrification des transports devra parallèlement s’attaquer au transport de marchandises. Collectivement, nous devons faire preuve d’audace pour limiter les émissions de gaz à effet de serre (GES) associées à l’augmentation de la livraison de biens issus du commerce en ligne en milieu urbain, l’un des effets négatifs entraînés par la crise sanitaire. À ce titre, il est crucial qu'Ottawa accompagne les municipalités afin qu’elles mettent en oeuvre différentes initiatives innovantes telles que l’implantation de zones à faibles émissions ou encore la livraison en vélos-cargos électriques.
Bref, il n’est pas suffisant d’augmenter le nombre de véhicules électriques sur nos routes. Pour avoir un maximum d’impact, la stratégie devra se déployer des vélos aux camions, en passant par les voitures et le transport collectif si l’on souhaite créer des milieux de vie sains et durables.
L’AGRICULTURE RÉSILIENTE COMME UN ENJEU CLÉ
Dans son discours, le gouvernement Trudeau a soulevé la fragilité de notre système agroalimentaire. Afin de le rendre plus résistant face à la crise actuelle et aux prochaines crises, le gouvernement promet de travailler main dans la main avec les fermiers pour combattre les changements climatiques, notamment en les soutenant dans la réduction de leurs émissions.
Le gouvernement a également mis l’accent sur l'importance de l’alimentation locale en s’engageant à renforcer les chaînes d’approvisionnement alimentaire locales du pays.
Nos recommandations
C’est une noble orientation, mais le gouvernement doit en faire davantage en plaçant la santé des sols au coeur de sa stratégie. En effet, cette dernière est la pierre angulaire de nos systèmes alimentaires : elle garantit une agriculture résiliente face aux crises climatiques et économiques.
Pour renforcer notre système alimentaire et atteindre nos cibles de réduction de GES, le gouvernement doit accorder une plus grande place aux solutions axées sur la nature et faire évoluer nos modes de production et de distribution agricoles ainsi que notre modèle économique pour permettre aux producteurs de vivre de leur métier.
Le gouvernement fédéral a un rôle important à jouer pour accompagner les agriculteurs sur la voie de la résilience et Équiterre continuera de proposer des solutions concrètes pour y parvenir.
VERS LE CANADA DE DEMAIN
Le discours du Trône a abordé un enjeu que la pandémie a exposé au grand jour : les inégalités préexistantes auxquelles il faut s’attaquer en priorité, notamment en ce qui a trait à l’emploi, à la sécurité alimentaire et à l’habitation. Un défi de cette ampleur nécessite la mise en place de transformations structurelles profondes pour amorcer la transition écologique. La bonne nouvelle : bien que nous soyons à peine au début du parcours, nous sommes sur la bonne voie pour y parvenir.
Il faut maintenant que le gouvernement concrétise l’audace de ses paroles en des actions ambitieuses, qui seront bien plus éloquentes que tout discours. Faisons entendre notre voix pour exiger que le gouvernement fédéral consacre les milliards de dollars prévus au budget de relance à une transition verte et juste.