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Et comment il m’a permis de voir les choses plus clairement
Au terme d’une première longue semaine à travailler de la maison, je suis sortie pour promener mon chien après avoir bordé mes deux jeunes garçons. En revenant au bout de notre rue, j’ai aperçu l’étoile brillante qui nous guide toujours vers la maison lorsque je ramène mon fils de la garderie les longs mois d’hiver. J’ai arrêté de marcher et j’ai levé les yeux. Jamais je n’avais vu autant d’étoiles dans le ciel de Verdun et jamais elles n’avaient brillé autant.
Étant au courant que la majorité des Montréalais n’avaient pas pris leur véhicule pour se rendre au travail ou à l’école cette semaine-là, ayant aussi vu les données sur la baisse des niveaux de smog et de pollution en Chine et en Italie à cause de la crise du COVID-19, je me demandais si j’imaginais ce que j’étais en train d’observer... Mais non, ça ne faisait aucun doute.
Deux réflexions se sont imposées à moi à ce moment : 1 - Je n’avais jamais réalisé qu’il y avait autant de particules qui m'empêchaient de voir les étoiles. 2 - Un spectacle grandiose était là chaque nuit, dont je ne profitais pas assez souvent.
Ce fut une dure semaine d’adaptation pour moi, comme elle l’avait été pour tout le monde. Nous sommes tous à fleur de peau. Il est difficile d’éviter l’anxiété. Je n’ai jamais voulu être le genre de mère qui essaye malgré tout de rester concentrée sur son ordinateur alors que ses enfants réclament son attention. Malgré toute la technologie permettant le télétravail, il a été beaucoup plus difficile de communiquer avec mes collègues. La frustration est inévitable et les nouvelles angoissantes qui nous arrivent de partout sont très difficiles à digérer.
Malgré cela, les étoiles m’ont rendue heureuse cette nuit-là. Elles me rappelaient les vacances d’été de mon enfance, quand on n’avait pas d’électricité et que le ciel nocturne était notre divertissement de la soirée. De merveilleux souvenirs d’une période plus simple et moins effrénée de la vie.
Cette période sans précédent causée par la frénésie et l’inquiétude autour du COVID-19 a mis nos vies sens dessus dessous. Les actions rapides et fortes de nos gouvernements sont saluées et appréciées par la majeure partie de la population, qui est prête à faire des changements drastiques dans sa façon de vivre. Les gens font des sacrifices et remettent en question ce qu’ils tenaient pour acquis. Nous avons simplifié nos vies en nous limitant à notre famille proche et aux communautés près de chez nous. C’est difficile à plein d’égards, mais merveilleux à tant d’autres. Je suis reconnaissante que ma famille soit en sécurité. Je suis reconnaissante de pouvoir déjeuner, dîner et souper avec eux, tous les jours, et que le temps qu’on passe ensemble soit beaucoup moins précipité que d'habitude. Et je suis reconnaissante d’avoir encore un travail.
Je sais bien que nous ne sommes pas tous prêts ou intéressés à réfléchir au futur, alors qu’on s’efforce de vivre un jour à la fois et à protéger ceux qu’on aime. Mais la réponse sociale et gouvernementale au COVID-19 est un exemple probant et concret de la capacité qu’a l’être humain à s’adapter et s’entraider pour assurer sa survie et son avenir. Quelle belle occasion nous avons présentement de penser au type de société dans laquelle nous souhaitons vivre une fois que nous aurons traversé cette épreuve.
Une société où les communautés sont bâties autour des gens, où ces derniers se rassemblent et s’entraident. Où il est possible de se rendre au travail ou à l’école sans émettre plus de GES dans l’atmosphère. Où on peut être confiant que nos aliments sont sains et sans danger. Où on évite les déchets inutiles et dangereux. Où on sait que l’air et l’eau sont purs. Où on peut avoir plus de temps avec ceux qu’on aime, pour jouer dehors, pour regarder les étoiles...
Il y a à peu près un an, j’ai participé à un atelier où quelqu’un disait que nous devions être prudents lorsqu’on parlait de la crise climatique comme d’une « urgence ». Parce que dans une situation d’urgence, il y aura un besoin de faire appel à un dictateur « bienveillant » pour nous dicter comment sortir de la situation dans laquelle on est… et veut-on vraiment cela? Dans la crise de santé publique que nous vivons présentement, nous sommes reconnaissants des actions de nos gouvernements : c’est un signal clair de la capacité de notre société à effectuer les changements nécessaires pour garantir notre avenir collectif.
La crise de la COVID-19 expose la fragilité de nos systèmes.
La crise climatique expose, elle, la fragilité de notre planète, qui est de plusieurs manières intimement liée aux systèmes non durables sur lesquels se basent nos sociétés et nos économies.
Nous devons tirer des leçons de cette crise et de celles du passé, de manière à réimaginer et restructurer nos systèmes. Notre planète est résiliente lorsqu’on lui donne une chance. Voyez à quel point le ciel nocturne s’est éclairci en une semaine. Nous devrons travailler pour assurer la résilience de notre société et de nos systèmes, pour pouvoir passer à travers cette crise et nous rendre assez forts et unis lorsque nous aurons à affronter les prochaines.