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Québec, 31 octobre 2023 — Équiterre a déposé ce matin plus de 6000 bouteilles de plastique devant l’Assemblée nationale afin de demander au gouvernement de bonifier sa réforme de la consigne, qui sera officiellement lancée le 1er novembre : une réforme que l’organisme juge inadéquate et décevante.
« Au Québec, ce sont plus de 2 millions de bouteilles de plastique par jour qui sont gaspillées dans les sites d’enfouissement, en plus de celles qui se retrouvent dans la nature. Ça, c’est environ 6 000 bouteilles toutes les 5 minutes. Il faut voir physiquement ce que ça représente pour comprendre l’ampleur du problème. »
-Amélie Côté, analyste en réduction à la source chez Équiterre.
« On veut rappeler ces chiffres, car il y a une inadéquation entre ce qui est proposé par le gouvernement et ce dont on a besoin pour éviter le gaspillage des contenants de boisson. Il n’est pas trop tard pour proposer un système de consigne réellement ambitieux », ajoute l’experte. « Rappelons que, si le gouvernement n’avait pas repoussé ses échéanciers, ces bouteilles auraient pu être consignées demain », conclut-elle.
Trois grandes améliorations à apporter
Selon Équiterre, trois grands pans de la consigne font actuellement défaut et menacent les objectifs de récupération que s’est fixés lui-même le gouvernement.
1. Le montant de la consigne est trop bas
Si l’argent remis lorsqu’on retourne un contenant consigné n’est pas suffisamment élevé, la population sera moins encouragée à les retourner, surtout lorsqu’on considère le climat économique actuel. Résultat? Les taux de récupération seront grandement affectés.
Un bon exemple : la mouture actuelle de la consigne prévoit faire diminuer la valeur de la canette de bière de 473 ml de 0,20 à 0,10 $. Une étude menée en 2015 pour le gouvernement du Québec avait pourtant conclu qu’une consigne à 35 ¢ permettrait d’atteindre un taux de retour de près de 90 % pour les contenants de plastique et de verre.
2. L’implantation est beaucoup trop lente
Le gouvernement a le pouvoir de devancer la mise en œuvre de la consigne ou, à tout le moins, d’arrêter d’en reporter les différentes étapes. Il parle de l’élargissement de la consigne depuis janvier 2020: il faut maintenant se mettre en branle. Du 1er novembre 2023 jusqu’au déploiement complet de la consigne en mars 2025, plus d’un milliard de contenants de verre et de plastique auront pris le chemin de l’élimination. C’est beaucoup trop.
« On doit intégrer les bouteilles de plastique dès que possible au système de consigne. Il s’en trouve en masse dans l’espace public, à preuve la quantité amassée par les valoristes de Québec en quelques jours », estime Simon La Terreur, président du CA de Valoristes Québec. Cet organisme a pour mission de faciliter et de mettre en lumière le travail et la contribution des valoristes de Québec, soit les personnes qui récupèrent des matières consignées, recyclables ou réutilisables dans le domaine public pour des raisons économiques, sociales ou environnementales.
3. La consigne ne soutient pas suffisamment les systèmes de contenants réutilisables
Les contenants réutilisables — dont le meilleur exemple demeure la bonne vieille bouteille de bière en verre — constituent la meilleure solution pour réduire nos matières résiduelles et doivent être mis à l’avant-plan de la réforme.
En 2009, 83 % des bières embouteillées au Québec l’étaient dans des contenants à remplissages multiples (CRM) en verre. Cette proportion a chuté à 32 % en 2017 et la situation s’est aggravée pour atteindre 15 % en 2022, selon des données de l’Association des brasseurs du Québec.
« Équiterre s’inquiète de voir le peu de place et de ressources allouées aux CRM et espère que le gouvernement planche sur des solutions pérennes pour ce système qui a fait ses preuves sur le plan écologique et économique », explique Amélie Côté.
« Nous sommes de bonne foi. Le message qu’on envoie au ministre de l’Environnement et au gouvernement c’est que nous avons la chance de développer un des meilleurs systèmes de consigne au monde, mais que ce qui nous a été présenté jusqu’à maintenant n’est pas suffisant. On espère que le tir sera corrigé », conclut-elle.
Les bureaux d’Équiterre sont situés sur des territoires autochtones non cédés par voie de traité que nous appelons de nos jours Montréal et Québec. Nous reconnaissons que les Premiers Peuples protègent leurs territoires depuis des temps immémoriaux et utilisent leurs savoirs traditionnels pour garder les terres et les eaux. Nous sommes reconnaissant(e)s de vivre sur ce territoire et tenons à poursuivre nos efforts pour le protéger. Pour en savoir plus »