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Au cours du dernier mandat, le gouvernement a réalisé des bons coups environnementaux que nous avons pris la peine de souligner. Nous avons maintenant un plan d’agriculture durable et une Loi visant à mettre fin à la recherche et à la production d'hydrocarbures. Mais nous avons aussi vu le gouvernement miser sur la construction d’autoroutes, l’étalement de la banlieue et l’affaiblissement de la réglementation environnementale et des mécanismes de participation publique.
Malheureusement, les bonnes décisions du gouvernement ne compensent pas les mauvaises et ne sont pas suffisantes dans le contexte actuel. C’est pourquoi nous avons besoin d’un gouvernement qui prenne de meilleures décisions. Il faut, par exemple, cesser l’utilisation des terres agricoles à des fins industrielles et résidentielles. Que ce soit à Beauharnois ou à Bécancour, les mauvaises décisions économiques ont privé les Québécois(e)s de potentiel agricole important.
Il faut aussi miser sur le transport actif, collectif et partagé au lieu de continuer à privilégier l’auto solo. Il faut éviter la destruction de milieux naturels comme à Sainte-Julienne ou Laval pour le prolongement d’une autoroute, au lieu de s’en remettre systématiquement à la compensation financière. Il faut réduire la consommation énergétique au lieu de chercher à toujours en produire davantage pour satisfaire l’appétit d’industries toujours plus énergivores comme les centres de données.
Pas le droit à l’erreur
Nos attentes sont donc élevées envers la ministre Andrée Laforest, qui aura un rôle crucial à jouer dans la définition et la mise en œuvre d’une politique d’architecture et d’aménagement du territoire qui soit cohérente. Nous sommes à la croisée des chemins en matière d’aménagement du territoire, la ministre n’a pas droit à l’erreur.
Aussi, plusieurs plans et stratégies qui avaient été promis n’ont malheureusement pas été livrés au cours du dernier mandat et sont attendus de pied ferme, que ce soit la stratégie de développement durable, la stratégie plastique ou encore l’élargissement de la consigne. Le gouvernement n’a pas le luxe de manquer son coup dans ces dossiers-là non plus.
Au cours du prochain mandat, nous souhaitons voir le gouvernement prendre de meilleures décisions en matière de développement économique et énergétique, qui tiendront davantage compte des limites de la disponibilité des ressources au lieu de répliquer le modèle de la surexploitation. À cet effet, la création d’un poste de super ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie est problématique. Déjà que les protections environnementales faisaient les frais des projets industriels et d’infrastructures, le risque de voir s’accélérer la destruction des milieux naturels et des espèces vivantes qui les composent est exacerbé.
De belles occasions pour faire mieux
Nous souhaitons aussi, comme une grande majorité de Québécois et de Québécoises, voir le gouvernement redoubler d’ardeur et d’ambition. Les attentes d’Équiterre envers le nouveau gouvernement sont d’autant plus élevées que des opportunités se présentent rapidement à lui, notamment avec la COP27 sur le climat en novembre et puis la COP15 sur la biodiversité en décembre, qui aura lieu ici même au Québec, à Montréal.
À la COP15, les thèmes de la protection du vivant et de l’effondrement de la biodiversité seront l’objet central de la conférence. Ce sera l’occasion de présenter les choix économiques, industriels et en aménagement du territoire du gouvernement du Québec qui contribueront à freiner le déclin des milieux humides, des terres agricoles, de la faune et de la flore, en plus de renverser la tendance. Quant à la COP27, il est grand temps de rehausser l’ambition de la cible de réduction des émissions de GES fixée par le gouvernement de Philippe Couillard en 2015.
Par ailleurs, le gouvernement devra miser sur l’adaptation au cours du prochain mandat pour mieux préparer le Québec aux défis à venir en matière climatique. La stratégie d’adaptation du gouvernement du Québec est échue depuis 2020 et a été rédigée par le gouvernement du premier ministre Charest… en 2012. Or, s’il y a une leçon à retenir de la pandémie, c’est qu'en préparant le Québec face aux défis à venir, nous protégerons mieux la population et nous réduirons la facture liée aux conséquences des phénomènes climatiques extrêmes, tout en évitant de réagir en catastrophe devant le fait accompli.
Au cours des quatre prochaines années de ce mandat, nous continuerons d’offrir un regard juste mais critique face à l’action gouvernementale. Mais nous ne pourrons, à nous seuls, mettre suffisamment de pression sur le gouvernement pour qu’il rehausse son ambition et qu’il propose des solutions qui soient à la hauteur des défis que nous devons affronter collectivement. Nous faisons appel à vous pour que notre voix, pour que votre voix soit entendue.
On va se faire entendre. On va se mobiliser. On va proposer des idées. On va trouver des solutions. On va imaginer un Québec plus juste et plus écologique. Ensemble, on va faire changer les choses et transformer le Québec.
Exigeons du gouvernement du Québec de #FaireMieux
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