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Le Canada et le Québec subissent les impacts des changements climatiques de manière de plus en plus marquée. L’augmentation des températures et les événements de météo extrêmes (inondations, sécheresses, tempêtes, feux de forêt, chaleur extrême etc.) impactent nos infrastructures, nos rendements agricoles et nos écosystèmes (migration et déclin de certaines espèces, etc.). Pour faire face à ces bouleversements majeurs, l’adaptation climatique est devenue une priorité à tous les niveaux.
🌊 Qu'est-ce que l'adaptation climatique?
L'adaptation climatique désigne l'ensemble des actions et des stratégies mises en œuvre pour nous adapter, pour réduire les vulnérabilités de nos communautés et pour augmenter notre résilience face aux impacts des changements climatiques.
L’urgence de s’adapter maintenant
Si nous n’adaptons pas nos sociétés au changement climatique dès maintenant, les conséquences pourraient être désastreuses :
Des sécheresses ou des inondations pourraient détruire des cultures agricoles, entraînant des pénuries alimentaires.
Des tempêtes de plus en plus violentes pourraient inonder encore plus de maisons et de quartiers.
Des feux de forêt, la chaleur extrême et des inondations plus fréquentes pourraient causer plus de décès et de dommages sur la santé humaine.
Les bouleversements climatiques pourraient faire disparaître des animaux et des plantes dans certaines régions parce qu’ils ne pourraient pas survivre aux nouvelles conditions climatiques, ou bien les faire migrer vers d’autres régions entraînant des conséquences à ne pas négliger.
Pour protéger les populations, les écosystèmes et les infrastructures des ravages que font les phénomènes météorologiques extrêmes causés par les changements climatiques, les pays, les communautés et les individus doivent s'adapter et mieux anticiper les risques.
Comment le Canada et le Québec s’adaptent-ils?
Ce que font les gouvernements
Au Québec et au Canada, plusieurs plans et stratégies d’adaptation climatique sont mis en œuvre comme la Stratégie canadienne d’adaptation au niveau fédéral. À ce jour, le Québec ne possède pas de stratégie d'adaptation aux changements climatiques comme telle, mais le Plan pour une économie verte 2030 contient quelques mesures clés sur l’adaptation. À cela s'ajoutent, entre autres, plusieurs programmes de soutien aux municipalités, des initiatives de résilience climatique et de protection des écosystèmes.
Les municipalités jouent un rôle crucial dans la mise en place de mesures d’adaptation climatique. En tant que gouvernement de proximité, elles offrent les services d’urgence essentiels aux personnes sinistrés et ont ainsi une connaissance accrue des besoins du territoire et de leurs populations. De plus, elles ont le pouvoir d’agir directement sur des questions comme l’aménagement du territoire, les infrastructures, et la gestion des ressources naturelles.
👍 Des municipalités proactives
Plusieurs municipalités au Québec s'engagent déjà activement dans des stratégies de résilience et d'adaptation comme la Ville de Montréal avec son Plan climat (2020-2030), la Ville de Québec avec son Plan de transition et d'action climatique 2021-2025, ou les villes de Sherbrooke, de Trois-Rivières et de Gatineau.
Il n’existe pas de mesures uniques qui pourraient être déployées à l’échelle du pays, ni même du Québec. Chaque communauté fait face à des défis spécifiques qui appellent à des mesures d’adaptation propres. Chose certaine, nous devons repenser à comment nous habitons notre territoire, nous nous y déplaçons et revoir nos modèles alimentaires.
Quelques exemples concrets d’adaptation climatique
- Infrastructures vertes : utiliser des solutions basées sur la nature comme la plantation d'arbres, l'installation de toitures vertes et la restauration des milieux humides pour réduire les risques d'inondation.
Par exemple : depuis 2022, la Ville de Montréal a aménagé sept parcs éponges, comme à la place des Fleurs-de-Macadam (le premier parc éponge du Québec) et 800 trottoirs éponges. C’est quoi un trottoir éponge? Il s’agit d’un type de trottoir conçu pour absorber l'eau de pluie et prévenir les inondations. Il est fait de matériaux poreux qui permettent à l'eau de s'infiltrer dans le sol au lieu de s'accumuler à la surface.
- Planification urbaine : interdire les constructions dans les zones inondables, réduire l’espace occupé par des surfaces minéralisées (recouverts de matière telles que l'asphalte, le béton, le pavé, le gravier), et ajouter de la verdure et des arbres dans les milieux urbains pour réduire l’effet des îlots de chaleur.
Par exemple : le futur tracé du tramway de Québec prévoit le verdissement et la végétalisation des routes du tramway, ainsi que la plantation de 1 200 arbres.
- Construction de bâtiments et d’infrastructures plus résistants : concevoir et construire des bâtiments et des infrastructures plus durables et plus résilients, faits de matériels plus résistants, avec des toits végétalisés par exemple. Les toits verts permettent d’absorber l’eau de pluie en plus d’offrir une isolation thermique.
Par exemple : il y a un toit végétalisé sur le campus de l’Université de Montréal.
- Modification des pratiques agricoles : prioriser les cultures qui tolèrent mieux la sécheresse ou la chaleur ou adapter les périodes de semis aux nouvelles conditions climatiques pour favoriser leur survie et leur croissance.
Par exemple : le haricot est une légumineuse qui est plus résistante à ces nouvelles conditions climatiques. Cette culture se popularise au Québec.
« Chaque dollar investi maintenant dans des mesures d'adaptation au Canada entraînerait des économies à long terme de 13 $ à 15 $. »
L’inaction climatique coûte cher
Ne pas agir – ou trop peu agir – face à la crise climatique entraîne des coûts économiques massifs (dommages matériels, dégradation des infrastructures, pertes agricoles, etc.). Plus on tarde à prendre des mesures pour limiter le changement climatique, plus ces coûts continueront de grimper.
En raison de la multiplication des catastrophes naturelles, les primes d'assurance ne cessent d’augmenter pour la population. Pire, certaines zones particulièrement à risque deviennent même inassurables, laissant les populations sans protection financière face à des événements climatiques destructeurs.
Les gouvernements provincial et fédéral ont le pouvoir, la responsabilité et le financement pour mettre en place des plans et des stratégies d’adaptation ambitieux et conséquents. Mais malheureusement les financements actuels alloués aux municipalités pour l’opérationnalisation des plans et des initiatives en matière d’adaptation sont beaucoup trop insuffisants pour répondre aux besoins pressants des communautés qui font face aux événements de météo extrême, ce qui ralentit grandement le processus d’adaptation.
L'atténuation vs l’adaptation
Bien que l'adaptation soit indispensable pour limiter les dommages causés par la crise climatique, elle ne suffit pas à elle seule à limiter ses effets. Il faut également continuer de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), qui sont les principales causes des changements climatiques, afin de limiter leurs impacts dans le futur. Les conséquences des changements climatiques se feront toujours sentir, mais en réduisant la pollution on peut empêcher que ces conséquences s'aggravent.
Tant que nous aurons recours aux énergies fossiles, les changements climatiques s’empireront et les catastrophes naturelles deviendront de plus en plus courantes et feront encore plus de dégâts.
Les gouvernements provincial et fédéral ont la responsabilité de nous protéger et de mettre en œuvre des mesures ambitieuses pour éviter que la crise ne s’empire. Il faut réglementer les industries fossiles et adapter nos milieux de vie, à l’échelle du pays pour limiter les conséquences des changements climatiques.
Voici quelques mesures qui favorisent la réduction des émissions :
Priorisation des énergies renouvelables
en diminuant notre dépendance aux énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz) au profit des sources d'énergie renouvelables (solaire, éolien, hydroélectricité).
Transition vers des transports actifs et collectifs
en développant des projets de transports collectifs et actifs, comme des pistes cyclables ou des projets de piétonnisation.
Plafonnement des émissions des industries du pétrole et du gaz
Cessez le financement public de l’industrie du pétrole et du gaz
et plutôt rediriger ces fonds vers des mesures de lutte aux changements climatiques.
L'atténuation et l'adaptation climatique vont de pair : elles sont toutes deux essentielles pour répondre aux défis de la crise climatique.
ll s'agit d'un effort collectif qui requiert innovation, collaboration et engagement à long terme. Il nécessite une réelle ambition politique d'impliquer toutes les les franges de la population à définir les pistes de solution à la crise qui répondent adéquatement aux besoins de nos communautés et qui s'inscrivent dans une transition juste et durable.
Analyste, Politiques climatiques et énergétiques