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Communiqué de presse  •  3 min

Équiterre et la Fondation David Suzuki applaudissent la décision de Québec de règlementer l’usage des pesticides les plus dangereux

Publié le 

Montréal, 22 novembre 2015 – Équiterre et la Fondation David Suzuki applaudissent la volonté du gouvernement du Québec de règlementer l’usage des pesticides les plus dangereux, dont l’atrazine et les néonicotinoïdes. Le ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC), M. David Heurtel, annonçait aujourd’hui en conférence de presse qu’il déposera cet hiver un projet de loi visant à modifier la Loi sur les pesticides, sonnant ainsi le glas, à toute fin pratique, des pesticides qui comportent le plus de risques pour la santé et l’environnement. Ces derniers nécessiteront obligatoirement une prescription de la part d’un agronome qui devra en justifier l’utilisation. De plus, le nombre de pesticides interdits pour usage en milieu urbain passera de 20 à 60.

Après des années de travail sur ce dossier, cette annonce représente une grande victoire pour les groupes écologistes. « Nous sommes ravis que le Québec s’engage à réduire significativement les pesticides les plus dangereux pour la santé et l’environnement des Québécois, dont la santé des agriculteurs, qui sont concernés au premier chef, car ceux-ci sont en contact avec les pesticides plus directement encore que la population. Le Québec fait figure de pionnier, car il s’agit du premier endroit en Amérique du Nord à restreindre l’usage de l’atrazine », affirme Sidney Ribaux, directeur général d’Équiterre.

Certains de ces pesticides font l’objet de règlementations sévères dans d’autres parties du monde ou d’autres provinces. L’atrazine est interdite dans l’Union européenne depuis 2004 et les néonicotinoïdes sont règlementés par le gouvernement ontarien depuis cette année afin de réduire les superficies en semences traitées avec cette classe de pesticides de 80 % d’ici 2017.

« Nous avons le droit de vivre dans un environnement sain. Plusieurs des pesticides qui seront règlementés par Québec sont suspectés d’avoir des impacts inquiétants pour la santé et l’environnement. C’est le cas de l’atrazine, dont les impacts sur les amphibiens sont bien documentés. Des liens sont également suspectés entre l’exposition à l’atrazine et des retards de croissance intra-utérine chez l’humain », de rappeler Karel Mayrand, directeur général pour le Québec de la Fondation David Suzuki. M. Mayrand souligne également que « les néonicotinoïdes, une classe de pesticides maintenant reconnue comme faisant partie des causes du déclin des colonies d’abeilles, pourraient aussi affecter le cerveau humain et le système nerveux ».

Selon Équiterre et la Fondation David Suzuki, l’approche de Québec ouvre la porte à ce que d’autres pesticides dangereux soient règlementés comme le glyphosate, ingrédient actif de l’herbicide Roundup, qui vient d’être classé comme cancérogène probable pour l’humain en mars 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer. La présence et les concentrations de glyphosate ont augmenté au cours des dernières années dans les rivières en zone agricole au Québec, phénomène lié à l'accroissement des cultures transgéniques tolérantes au Roundup.

Québec emboîte aussi le pas à l’Ontario et la Nouvelle-Écosse qui ont interdit l’usage de tous les pesticides de synthèse à des fins esthétiques en augmentant de 20 à 60 le nombre d’ingrédients actifs interdits dans la Belle province. Équiterre et la Fondation militaient depuis de nombreuses années pour ce changement. La situation actuelle était absurde : des pesticides interdits d’usage par des villes comme Montréal étaient permis de vente par Québec sur leur territoire! La mise à jour du Code de gestion des pesticides du Québec confirmera le principe de précaution préconisé par nos voisins en interdisant la presque totalité des pesticides de synthèse pour usage domestique.

Les deux groupes écologistes ont également salué l’intention du gouvernement de taxer les pesticides en fonction de leur degré de toxicité. « Tout comme nous l’avons fait pour le tabac, l’alcool et l’essence, il faut envoyer un signal de prix si l’on veut réduire l’usage des pesticides, puisque le niveau de taxation sera fonction du niveau de toxicité, l’agriculteur aura un signal pour éclairer ses choix », a ajouté Sidney Ribaux qui avait d’ailleurs fait la recommandation au gouvernement récemment.

Les organisations commenteront la manière dont sera mise en œuvre cette nouvelle stratégie et militeront pour la mise en place de bonnes pratiques agroenvironnementales (pratiques culturales, etc.), reléguant l‘usage des pesticides en tout dernier recours. Elles proposeront aussi qu’un appui soit donné aux agriculteurs qui souhaitent se convertir à la pratique biologique ainsi qu’à ceux qui souhaitent simplement diminuer l’utilisation de pesticides notamment par de meilleures pratiques culturales.

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Pour information :
Nadine Bachand
Chargée de projet - Choix collectifs, agriculture et pesticides
(514) 213-3287 / nbachand@equiterre.org

Manon Dubois, Directrice des communications (Québec)
Fondation David Suzuki
(514) 679-0821 / mdubois@davidsuzuki