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Montréal, 11 septembre 2015 – Équiterre lançait aujourd’hui une pétition pour demander au gouvernement du Québec d’interdire la vente et l’usage de l’atrazine, un herbicide de synthèse qui figure parmi les pesticides les plus utilisés au Québec et dont les effets sur les organismes vivants sont nombreux. Selon le plus récent bilan des ventes de pesticides au Québec (2012), l’atrazine est le pesticide qui contribue le plus au risque pour l’environnement (15,9 %) et au risque pour la santé (13,6 %). En raison de son potentiel de contamination des eaux souterraines, cet herbicide, principalement utilisé pour détruire les mauvaises herbes dans la culture du maïs, est interdit dans l’ensemble de l’Union européenne depuis 2004.
Sur les 460 000 hectares de maïs cultivés au Québec en 2012, les superficies traitées avec l’atrazine étaient d’environ 130 000 hectares. Selon le plus récent rapport d’échantillonnage des cours d’eau des régions agricoles du Québec publié par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, il est l’un des pesticides les plus fréquemment détectés dans les eaux de surface au Québec : on le retrouve dans 98 % des échantillons.
Ses effets sur les organismes vivants sont nombreux. « L’atrazine est reconnue comme un perturbateur endocrinien, c’est-à-dire qu’elle peut agir sur l’équilibre hormonal d’un être vivant, et donc potentiellement sur la croissance, le développement ou la reproduction par exemple. Elle cause notamment des malformations de la queue chez les têtards d’amphibiens et un retard dans leur développement, ainsi que la féminisation chez les grenouilles mâles. Par exemple, une étude dirigée en 2010 par un chercheur de l’Université de Berkeley a révélé que suite à une exposition à l'atrazine, 10 % des mâles démontraient des caractéristiques sexuelles femelles et que 75 % devenaient stériles. C’est très inquiétant », indique Monique Boily, professeure associée au département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal.
Bien que peu de données épidémiologiques existent quant aux effets de l’atrazine sur la reproduction et le développement chez les humains, des liens sont toutefois suspectés entre l’exposition à l’atrazine et des retards de croissance intra-utérine, des naissances prématurées, certaines malformations congénitales de même qu’une baisse de la qualité du sperme. De plus, les enfants sont plus vulnérables à l’exposition à l’atrazine en raison de l’influence du système endocrinien sur les stades de développement de l’enfant.
« Si un pays considère un pesticide comme trop nocif pour être employé sur sa production alimentaire, comment le même produit pourrait-il être moins nocif ici? », affirme Sidney Ribaux, directeur général d’Équiterre. « Le gouvernement du Québec a le devoir de protéger la santé de la population et doit interdire sans délai ce dangereux herbicide », conclut-il.
Les citoyennes et citoyens sont invités à signer la pétition ici :
http://cauzio.org/pesticides/agissons-pour-interdire-latrazine
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Pour information :
Nadine Bachand
Chargée de projet - Choix collectifs, agriculture et pesticides
(514) 213-3287 / nbachand@equiterre.org