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Communiqué de presse  •  7 min

Plus de 450 000 citoyen(ne)s préoccupé(e)s exigent l’interdiction immédiate des pesticides néonicotinoïdes tueurs d’abeilles au Canada

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Plus de 450 000 citoyen(ne)s préoccupé(e)s exigent l’interdiction immédiate des pesticides néonicotinoïdes tueurs d’abeilles au Canada

 Cet appel à une action rapide survient alors que les consultations publiques sur l'interdiction des néonicotinoïdes menées par le gouvernement sont terminées 

OTTAWA, le 16 novembre 2018 — De concert avec l’Association des apiculteurs de l’Ontario, quatorze organisations vouées à la conservation, à la santé environnementale et à la défense des droits ont demandé au gouvernement fédéral de mettre un terme sans plus attendre à l’utilisation des insecticides néonicotinoïdes au Canada. Cet appel survient alors qu’Ottawa a conclu le processus de consultation sur les dernières évaluations des risques imputables aux néonicotinoïdes le mardi 13 novembre.

Depuis 2013, plus de 450 000 personnes au Canada ont pris part à des campagnes, signé des pétitions et adressé des lettres au gouvernement fédéral afin d’appuyer l’interdiction rapide des néonicotinoïdes**.

Cette semaine, l’Agence de règlementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) a conclu les consultations publiques qui portaient sur ses projets de décision visant l’élimination progressive de la clothianidine et du thiaméthoxame — deux néonicotinoïdes — au cours des trois à cinq prochaines années. Dans le cadre d’un autre projet de décision déposé en 2016, l’ARLA a proposé l’élimination progressive d’un troisième néonicotinoïde, l’imidaclopride. Ces examens ont conclu que les risques découlant de la plupart des modes d’utilisation des néonicotinoïdes sont inacceptables.

Bien qu’en accord avec la proposition du gouvernement fédéral de bannir les néonicotinoïdes, les organisations exhortent celui-ci à devancer le calendrier qu’il s’est fixé afin de protéger les pollinisateurs, les insectes aquatiques et les autres espèces bénéfiques. Une interdiction immédiate est nécessaire afin d’éviter de mettre en danger l’environnement.

Tel que proposé, le lent processus d’élimination des principaux néonicotinoïdes permettrait de continuer à utiliser ces substances jusqu’en 2023 ou plus, et ce, malgré le fait qu’il a été démontré que les risques qui leur sont associés sont inacceptables. Ce sursis injustifié causera davantage de dommages écologiques étendus et évitables, et va d’ailleurs à l’encontre des lois sur les pesticides auxquelles Santé Canada est tenu de se conformer.

En contraste, l’interdiction s’appliquant à tous les néonicotinoïdes proclamée par l’Union européenne entrera en vigueur en décembre 2018, soit seulement sept mois après la ratification des règlements par les pays membres. En France, une interdiction s’appliquant à tous les néonicotinoïdes est en vigueur depuis le 1er septembre 2018.

Les néonicotinoïdes, une menace indéniable pour l'environnement

L’utilisation à vaste échelle des néonicotinoïdes est à l’origine d’une contamination environnementale généralisée. Les scientifiques ont présenté des preuves démontrant hors de tout doute les dommages qu’ils causent à plusieurs espèces et écosystèmes. Les évaluations menées par l’ARLA ont révélé la présence de clothianidine, de thiaméthoxame et d’imidaclopride dans les milieux aquatiques canadiens à des concentrations nocives pour les insectes aquatiques. Or, ces derniers constituent un élément important de l’écosystème, jouant notamment le rôle de source alimentaire pour les poissons, les oiseaux, les chauves-souris et d’autres animaux. En outre, le stade larvaire de plusieurs espèces d’insectes pollinisateurs se déroule en milieu aquatique.

Alors que les consultations portant sur les examens spéciaux de la clothianidine et du thiaméthoxame sont maintenant terminées, la ministre fédérale de la Santé, Ginette Petitpas Taylor, devrait rendre des décisions définitives en janvier 2020. Faisant écho aux voix de 460 000 Canadiennes et Canadiens, les organisations demandent à la ministre Petitpas Taylor de mettre immédiatement un terme à l’utilisation des néonicotinoïdes.

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Une poursuite intentée par des organisations environnementales dans le but de protéger les pollinisateurs du thiaméthoxame — un néonicotinoïde nocif — sera entendue par la Cour fédérale à Toronto du 19 au 23 novembre 2018. Les avocats d’Écojustice qui représentent la Fondation David Suzuki, Les Amis de la Terre Canada, Ontario Nature et le Wilderness Committee soutiendront que ces pesticides sont homologués illégalement au Canada depuis plus de dix ans, alors que l’ARLA a ignoré les conclusions de ses propres scientifiques quant aux risques que courent les pollinisateurs, et qu’elle a omis de consulter la population comme l’exige la loi.

**Ce chiffre reflète le nombre de signatures uniques en provenance du Canada (une fois les doublons éliminés) reçues par les campagnes de lettres et de pétitions menées par les organisations suivantes :

D’autres organisations mènent également des campagnes semblables, incluant la Fédération canadienne de la faune et Les Amis de la Terre Canada et Ontario Nature.

Citations :

« Les insectes pollinisateurs sont soumis à la même exposition aux néonicotinoïdes hydrosolubles que les invertébrés aquatiques. Au cours des dix dernières années, les apiculteurs ont pu observer les effets négatifs de la surutilisation des pesticides néonicotinoïdes sur la santé des abeilles domestiques. Le déclin des colonies, la mort des reines et les pertes anormalement élevées durant l’hiver menacent la pérennité de l’apiculture en Ontario. Alors qu’une bouchée d’aliment sur trois dépend des insectes pollinisateurs, la santé des abeilles domestiques, des bourdons et des abeilles sauvages est essentielle à la sécurité alimentaire du Canada. Il existe plusieurs raisons d’agir rapidement pour éliminer les pesticides néonicotinoïdes. »

Jim Coneybeare, président, Association des apiculteurs de l’Ontario

« Les connaissances sur les néonicotinoïdes sont là. Ils causent de sérieux préjudices à plusieurs espèces non ciblées et ont des impacts négatifs sur les chaînes alimentaires aquatiques. Ils sont toxiques pour les espèces d’insectes bénéfiques non ciblées qui aident les agriculteurs en pollinisant les cultures ou en tuant les organismes nuisibles qui s’attaquent aux cultures. Ils sont toxiques pour les organismes qui vivent dans le sol et contribuent à sa santé. Également, il existe de plus en plus de preuves démontrant qu’ils sont nocifs pour les chauves-souris, qui sont des prédateurs très efficaces pour lutter contre les organismes nuisibles qui détruisent les cultures. Interdire les néonicotinoïdes est la seule option envisageable si nous voulons éviter que les écosystèmes qui soutiennent l’agriculture au Canada subissent de graves impacts persistants. Ça, c’est la première étape. Offrir aux agriculteurs canadiens des solutions de rechange moins toxiques afin de contrôler les organismes nuisibles est le prochain impératif si nous voulons parvenir à une agriculture durable. »

Carolyn Callaghan, Fédération canadienne de la faune

« L’élimination progressive des néonicotinoïdes est une importante avancée pour la protection des pollinisateurs et des écosystèmes, mais le calendrier proposé est inacceptable. L’Union européenne a mis en place son interdiction cette année, après seulement sept mois, alors que la proposition faite par l’ARLA permet de poursuivre l’utilisation des néonicotinoïdes au Canada jusqu’en 2023 ou plus. Si le Canada n’est pas capable de réagir plus rapidement face à des risques écologiques établis, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans notre manière de règlementer les pesticides. »

Lisa Gue, Fondation David Suzuki

« L’évaluation qu’a menée le Canada sur les impacts des néonicotinoïdes montre sans l’ombre d’un doute que nous devons agir rapidement afin d’empêcher des dommages indus aux écosystèmes aquatiques. Le fait que Santé Canada ait proposé une période d’élimination de trois à cinq ans contredit à tort cette conclusion, en plus d’ignorer les recommandations d’éminents scientifiques à travers le monde et les inquiétudes de dizaines de milliers de Canadiennes et de Canadiens. »

Muhannad Malas, responsable de programme — produits toxiques, Environmental Defence

« Lorsque nous découvrons qu’un médicament possède un grave effet nocif sur notre santé, il est retiré des rayons. Mais lorsque nous découvrons qu’un groupe de pesticides laisse planer des risques inacceptables sur notre environnement, notre gouvernement le laisse sur le marché pour encore plusieurs années. Ce genre de processus décisionnel lent en matière de règlementation à l’ARLA cause un préjudice inutile à l’environnement et n’est pas conforme au consensus scientifique voulant qu’il soit urgent d’agir. »

Annie Bérubé, Équiterre

« Les néonicotinoïdes ont de lourdes répercussions sur les écosystèmes où ils sont appliqués. Nous savons maintenant qu’ils ne tuent pas seulement les insectes qu’ils sont censés cibler, mais également ceux qui composent la base alimentaire de nombreuses espèces d’oiseaux comme l’hirondelle des granges. L’usage continu des néonicotinoïdes au Canada contribue directement au déclin de nos populations d’oiseaux, et les éliminer dès maintenant est une étape importante afin d’aider à stopper la disparition des oiseaux en cours dans nos écosystèmes. »

Silke Nebel, vice-présidente — science et conservation, Études d’oiseaux Canada

« Les abeilles domestiques ont été comme nos canaris dans une mine de charbon, nous avertissant des dangers des néonicotinoïdes. Nous savons maintenant que les néonicotinoïdes sont hautement néfastes, pas seulement pour les abeilles domestiques, mais également pour les abeilles sauvages indigènes et les insectes aquatiques qui constituent une importante source de nourriture pour les oiseaux et les poissons. Le Canada doit agir immédiatement afin d’interdire ces pesticides, puis aider les agriculteurs à adopter des approches écologiquement sûres qui seront profitables pour eux et pour l’environnement. Nous ne pouvons pas nous permettre de remplacer des pesticides toxiques pour les abeilles par davantage de pesticides. »

Beatrice Olivastri, Les Amis de la Terre Canada

« Ces risques découlant des néonicotinoïdes ne représentent que la pointe d’un iceberg toxique. Les néonicotinoïdes sont dégradés en d’autres produits chimiques qui peuvent persister pendant des années, migrer sur de grandes distances et, qui plus est, posséder des effets nocifs que les évaluations fragmentaires ne permettent pas de faire apparaître sur le radar de Santé Canada. Les insecticides systémiques déstabilisent les écosystèmes tandis que les dirigeants agricoles mettent l’accent sur des méthodes plus durables dans le but de préserver la santé des fermes, des écosystèmes et des gens aussi. »

Meg Sears, présidente, Prévenons le cancer

« Le Canada doit agir immédiatement dans le dossier des abeilles. Nous ne pouvons pas attendre cinq ans avant de bannir les trois néonicotinoïdes. Les abeilles meurent à un rythme alarmant. Il n’y a aucune raison d’attendre aussi longtemps. L’Union européenne a promulgué son interdiction moins d’un an après avoir décidé d’interdire tous les néonicotinoïdes. SumOfUS veut également dire à Santé Canada que l’ensemble des néonicotinoïdes devrait être considéré comme une unique famille de pesticides, pas comme plusieurs pesticides distincts. C’est ce qu’a fait la France lorsqu’elle a promulgué l’interdiction la plus progressiste sur les pesticides tueurs d’abeilles. Considérer tous les néonicotinoïdes en bloc implique que les entreprises comme Bayer et Syngenta ne pourront pas contourner l’interdiction en apportant de petites modifications chimiques à leurs produits. »

Angus Wong, SumOfUS.org

Pour plus d’information ou pour organiser une entrevue, veuillez communiquer avec les personnes suivantes :

Camille Gagné-Raynauld, cgraynauld@equiterre.org, 514 605-2000

Diego Creimer, dcreimer@davidsuzuki.org, 514 871-4932, poste 1458

Mise en contexte :

Le Groupe de travail sur les pesticides systémiques a examiné les connaissances scientifiques sur les néonicotinoïdes dans le cadre de deux revues exhaustives des études évaluées par les pairs qui ont été publiées en 2015 et 2017. Le Groupe de travail a conclu que les néonicotinoïdes causent des préjudices aux abeilles et à de nombreuses autres espèces incluant les invertébrés aquatiques, les vers de terre et les oiseaux. Les néonicotinoïdes ne laissent pas seulement planer une lourde menace sur la biodiversité et les écosystèmes à l’échelle planétaire; le Groupe de travail a également établi que les néonicotinoïdes ne sont plus aussi efficaces que prévu, et qu’ils peuvent être remplacés par d’autres solutions abordables et moins toxiques.