Du 30 novembre au 12 décembre 2023, le plus grand sommet sur le climat, la COP28, réunit à Dubaï près de 200 États. Andréanne Brazeau, notre analyste en politiques climatiques, et Marie-Eve Leclerc, chargée de projet en mobilisation, sont sur place.
Cette année encore, l'adoption de mesures ambitieuses et efficaces par les pays entourant notamment la sortie des énergies fossiles sera au centre des discussions, dans le but de maintenir le réchauffement de notre planète à moins de 1,5 °C, et ce, de façon juste et équitable.
C’est quoi la COP?
Le terme « COP » signifie « Conférence des Parties » à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), une entente internationale portant sur la lutte contre le réchauffement climatique signée en 1992 qui réunit presque tous les pays du monde. Ayant lieu presque chaque année depuis 1995, la COP sur le climat en sera à sa 28e édition, d'où l'appellation COP28.
La COP rassemble également de nombreuses parties prenantes, dont la société civile (les groupes autochtones, les scientifiques, les ONG environnementales, etc.) et des entreprises qui viendront apporter leur pierre à l'édifice.
Quel sera le rôle d’Équiterre à la COP?
Équiterre va mener différentes activités sur place, notamment suivre les négociations entourant le Bilan mondial, la cible de développement des énergies renouvelables et le Programme de travail sur la transition juste, et analyser et vulgariser les grandes décisions qui seront prises et l’impact qu’elles auront sur la planète.
Cette année, dans le cadre des activités des pavillons du Canada et de la Francophonie, en partenariat avec la Chaire UNESCO en prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violents, Équiterre présentera un panel sur la désinformation climatique et la polarisation les 2 et 5 décembre : deux dangereux phénomènes qui freinent l'action climatique et profitent à l'industrie fossile.
Qu’attendons-nous de la part du Canada et du Québec?
Malgré un gain important pour la justice climatique à la COP27, qui s’est tenue il y a un an en Égypte, le Canada et le reste du monde n’ont pas été à la hauteur de la crise climatique en ce qui concerne sa véritable cause : notre dépendance aux énergies fossile. Il y a encore beaucoup de travail à faire de la part de nos gouvernements pour atteindre les objectifs fixés lors de l’Accord de Paris en 2015. En ce moment, selon le Rapport 2023 sur l'écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions, on se dirige vers un réchauffement climatique de 2,5 à 2,9 degrés d’ici 2100!
Du côté du Québec, on s’attend à ce qu’il soit proactif et utilisent ses réseaux internationaux pour inciter les gouvernements à délaisser l’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures sur leur territoire et à ce qu’il prenne des mesures pour réduire la consommation de pétrole et de gaz chez lui.
Pourquoi certaines organisations boycottent la COP28 mais pas Équiterre?
L’annonce des Émirats arabes unis comme pays hôte de la COP28 et la nomination du sultan Al Jaber, PDG de la compagnie pétrolière nationale des Émirats arabes unis, comme président ont provoqué un mouvement de boycott de la part de certaines organisations de la société civile. Or, en boycottant la COP, nous laissons plus de place au lobby pétrolier et aux autres pollueurs majeurs qui, eux, ne se gênent pas pour y participer. Ils étaient plus de 600 lobbyistes fossiles l’an dernier! Équiterre estime donc que le boycott n’est pas une option. La question à se poser est la suivante : qui bénéficierait de l’absence de la société civile sur place?
Au-delà du contexte propre à la COP28, de nombreuses voix s’étaient déjà élevées ces dernières années dans la communauté environnementale pour dénoncer les COP à cause du manque d’ambition des pays et de la présence des pétrolières. Or, la COP, aussi imparfaite soit-elle, permet de réelles avancées qui sont durables dans le temps. Pensons à la création du Fonds pour les pertes et dommages en 2022.
Nous agissons aussi comme des chiens de garde auprès des gouvernements du Canada et du Québec afin de s’assurer que ce qu’ils disent sur la scène internationale soit le plus ambitieux possible et que ces engagements et prises de position se transforment en action à la maison.
Notre présence est également cruciale pour amplifier les voix des communautés les plus vulnérables qui, elles, n’ont pas le luxe de boycotter les COP. Nous les appuyons pour faire pression sur les pays du Nord si nous souhaitons faire pression, surtout lors de moments clés risquant de compromettre l’action climatique mondiale, afin de pousser les gouvernements à prendre des engagements plus ambitieux et à les mettre en oeuvre rapidement.
Nous ne manquerons pas de vous informer sur l’actualité de la COP - grandes décisions prises, annonces, écoblanchiment et désinformation climatique sur place, activités des gouvernements du Québec et du Canada - au cours des deux prochaines semaines.
Pour plus d'informations, veuillez contacter
Chargée de projet, Mobilisation
meleclerc@equiterre.org
Marie-Eve Leclerc
Chargée de projet, Mobilisation
Passionnée par l’environnement et les gens, Marie-Eve a fait du développement durable un principe de vie qu’elle applique au quotidien.
Au cours des 10 dernières années elle a travaillé auprès de plusieurs ONG environnementales, s’occupant de campagnes de sensibilisation sur les changements climatiques ou la mobilité durable, de l’organisation d’évènements écoresponsables, ou encore de formation et d’accompagnement.
Convaincue qu’on change le monde un geste à la fois, elle s’implique dans de nombreux comités citoyens et organisations environnementales à titre bénévole.
Ses formations académiques en biologie et en agronomie puis, au 2e cycle, en agroforesterie et en développement rural intégré, lui ont permis de répondre à une curiosité et un besoin de comprendre les systèmes vivants afin d’avoir une vue d’ensemble et de trouver des solutions aux problématiques complexes.
Marie-Eve a rejoint Équiterre en 2015 comme chargée de projet aux évènements spéciaux et à la mobilisation. Elle a notamment organisé un colloque sur l’agriculture de proximité, la course bénéfice 2017 Changer le monde, de même que deux marches pour le climat qui ont chacune rassemblé 25 000 personnes à Québec et à Ottawa.