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Actualité  •  2 min

Des véhicules toujours plus gros : comment en sommes-nous arrivés là?

VUS bleu claire devant un mur couvert de graffiti

Publié le 

camions blancs

Alors que plusieurs perçoivent la présence de véhicules surdimensionnés sur nos routes comme une fatalité due aux impératifs de notre immense territoire, de notre rude hiver ou de la vie familiale, il n’en a pas toujours été ainsi. Pourtant, ledit territoire demeure inchangé, le climat se réchauffe et on fait moins d’enfants qu’avant. Comment expliquer que les camions légers, les «gros chars», soient donc devenus la norme?

Pour approfondir cette question, Équiterre a mené une série d’études en partenariat avec la Chaire Mobilité de Polytechnique Montréal, qui a pu retracer les origines de cette montée en puissance des fameux camions légers – véhicules utilitaires sport (VUS) et multisegments –, qui ont vu leur nombre exploser de 280% entre 1990 et 2018 au Canada.

Ce que les études révèlent, c’est que les gros véhicules sont non seulement plus nombreux, mais leur prolifération dans le parc automobile canadien a complètement changé son portrait.

Plus gros, plus haut, plus grand

Ces nouveaux rapports présentent une analyse de l’évolution de quelques caractéristiques des véhicules et mesurent l’inquiétante «course à la grosseur» des dernières décennies.

Ainsi, entre 1994 et 2019, la voiture moyenne commercialisée au Canada a vu sa masse en kilogrammes augmenter de plus de 25%. C’est énorme! Ce changement s’est par ailleurs opéré sans égard aux conséquences sur les infrastructures routières et sur les individus les plus vulnérables tels que les piéton.ne.s – notamment les enfants –, les cyclistes ou ceux et celles au volant de plus petites voitures.

La hauteur moyenne et l’empattement des véhicules ont quant à eux grimpé d’environ 7%. Et la surface au sol en mètres carrés a augmenté de 11%. Bref, plus hauts, plus larges, plus volumineux: toutes les caractéristiques importantes de nos véhicules ont emprunté cette route dangereuse.

Résultat? Le phénomène contribue à réduire l’espace de stationnement disponible en ville et entraîne des bouchons de circulation plus fréquents. En résumé, il accroît la congestion routière. Tout le monde y perd au change.

La voiture traditionnelle en voie d’extinction?

Comment expliquer cette véritable enflure automobile, alors qu’il n’y a pas si longtemps, les véhicules se ressemblaient tous? Il faut d’abord savoir que lors de leur mise en marché, les camions légers étaient utilisés pour des usages commerciaux. Question de maintenir leur coût compétitif pour les entreprises, ils ont été soumis à des normes environnementales moins contraignantes dès l’arrivée de celles-ci. Or, ces normes n’ont toujours pas été ajustées adéquatement, bien que que ces mêmes camions légers soient maintenant utilisés par un nombre croissant d’individus de tous horizons.

La démocratisation du format «camion» a ensuite pris de l’aplomb en 2008, de sorte que de nos jours, le nombre de VUS et multisegments possédés est en forte augmentation parmi tous les groupes d’âge, tant du côté des hommes que des femmes.

De plus, malgré le fait qu’en 2019, l’écart de prix moyen entre les voitures et les camions légers était de plus de 10 000$, les facteurs contribuant à l’intérêt grandissant pour les véhicules plus imposants se multiplient : prix faible du carburant, méthodes de financement à (trop) long terme, effet de cohorte, étalement urbain, etc. Tous ces éléments pourraient même sonner le glas de la voiture traditionnelle.

Pour freiner l’expansion continue de ces mastodontes et renverser cette dangereuse tendance, exigeons une réglementation adéquate et sérieuse en cette période d’élections fédérales.

Les décisions politiques doivent aussi favoriser un meilleur partage des infrastructures routières existantes au lieu de constamment chercher à les agrandir pour s’adapter à des véhicules de plus en plus gros, mais aussi de plus en plus nombreux.

POUR EN SAVOIR PLUS
Comprendre la hausse des camions légers au Canada afin de renverser la tendance