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En tant qu’analyste en politiques climatiques et environnementaliste dévoué à la cause, j’ai été heureux de voir récemment les gouvernements fermer la porte à des projets d’énergies fossiles. Je vous avoue qu’il m’arrive parfois d’être découragé – les combats sont souvent très longs et frustrants. Mais tout le travail que je fais, que vous faites, que nos alliés-es au Québec, au Canada et à l’international font, en vaut la peine, car ça marche. La lutte aux énergies fossiles est loin d’être gagnée, mais on commence à voir de plus en plus de projets être abandonnés faute d’acceptabilité sociale.
Récentes réussites pour le mouvement : Vista et Keystone
En juillet 2020, plus de 10 000 sympathisants et sympathisantes d’Équiterre ont joint leur voix à des dizaines de milliers d’autres à travers le Canada en signant une pétition contre l’expansion de la mine de charbon Vista, l’une des plus grandes mines de charbon thermique au Canada. Nos efforts ont porté fruit, il y a quelques semaines, le gouvernement canadien a fermé la porte à cette expansion ainsi qu’à toute nouvelle d’exploitation du charbon thermique.
Un peu plus tôt dans l’année, nous avons été plusieurs à célébrer la victoire du grand mouvement de contestation en opposition au projet d’agrandissement du pipeline Keystone dont le permis a été révoqué dans les premiers mois de mandat du président américain Joe Biden.
Le mois dernier, TC Énergie annonçait l'abandon définitif du projet.
L’opposition aux énergies fossiles ne faiblit pas et c’est tant mieux, car on a encore des parties à gagner!
Ce qui m’encourage vraiment, c’est de voir à quel point des collectivités de toutes les régions du continent se mobilisent pour un avenir meilleur, comme contre GNL Québec au Saguenay et tout récemment contre Goldboro LNG dont le gazoduc passerait par l’Estrie. Cette prise de conscience citoyenne et la non-acceptabilité sociale qui se développe de plus en plus pour ces projets ont de grandes conséquences : plusieurs investisseurs financiers ne les considèrent plus rentables et les gouvernements peinent de plus en plus à leur donner le feu vert. En bout de ligne, il faut que les gouvernements écoutent les demandes de leurs citoyens et citoyennes!
Le mouvement contre les énergies fossiles passe à l’étape supérieure
Chaque lutte contre chaque projet est essentielle - elle se nourrit de l’énergie des militants-es et des citoyens-nes. Mais on réalise de plus en plus qu’à chaque projet abandonné, un nouveau se crée malheureusement ailleurs. D’un océan à l'autre, un réseau tentaculaire de gazoducs ne cesse de s’étendre en Amérique du Nord. Au lieu de recommencer à chaque fois, c’est le moment de s’attaquer aux problèmes systémiques de nos sociétés et de nos économies qui permettent que ces projets se développent encore en plein crise climatique.
La bataille ne sera pas entièrement gagnée tant que nos gouvernements demeureront ouverts à agrandir ou construire de nouveaux oléoducs et gazoducs, et à exporter du charbon thermique. Exigeons de meilleures décisions de nos élus-es! C’est en se mobilisant ensemble que nous arrivons à faire reculer les énergies fossiles.
Nous travaillons fort chez Équiterre, avec l’aide d’alliés-es à travers le monde, à emmener les politiques publiques de nos pays à interdire ces projets dignes d’une autre époque. Nous avons d’ailleurs offert un webinaire sur les stratégies à mettre en place globalement pour y parvenir. Si vous l’avez manqué, je vous invite à visionner la rediffusion.
C’est notre responsabilité collective de freiner les énergies les plus polluantes du Canada. Il est temps pour les gouvernements de tous les paliers de couper le gaz.
Merci pour votre mobilisation, merci pour votre dévouement à la planète. Ça vaut tellement la peine et on fait de beaux progrès!
Continuons à changer le système ensemble!
Émile Boisseau-Bouvier
Analyste en politiques climatiques et transition écologique