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Actualité  •  4 min

Quatre solutions pour réduire les émissions de GES des camions de Montréal

Plan large du centre ville de Montréal vu du Mont Royal

Publié le 

« Si tu l'as reçu, c'est venu dans un camion. » – Jimmy Hoffa

L’importance insoupçonnée que représente le transport de marchandises dans nos vies est soulignée par cette citation. Et elle est d’autant plus d’actualité aujourd’hui avec l’explosion du commerce en ligne durant la pandémie de COVID-19. Le projet d’Équiterre, réalisé en collaboration avec l’Institut Pembina et Jalon entre juin 2020 et novembre 2021, explore justement les façons de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) des camions de livraison sur le dernier kilomètre, dont plus particulièrement dans la grande région de Montréal.

Or, qui dit plus de livraisons à domicile, dit aussi plus de congestion routière, plus de bruit et, forcément, une augmentation d’émissions de polluants atmosphériques et de GES.

« La Ville de Montréal a déjà annoncé qu'elle voulait réduire ses émissions de 55 % d’ici 2030 et atteindre la carboneutralité d’ici 2050 », explique Andréanne Brazeau, analyste en mobilité chez Équiterre. « Mais pendant ce temps-là, les émissions du secteur du transport continuent d’augmenter! »

En effet, les statistiques sont assez inquiétantes :

  • Le secteur des transports est déjà responsable de 39 % des émissions de GES à Montréal, plus que tout autre secteur;
  • Au Québec, les émissions de carbone liées au transport de marchandises ont augmenté de 190 % de 1990 à 2018, soit avant même l’explosion du commerce en ligne;
  • Pendant ce temps, de 1990 à 2017, le nombre d’immatriculations de véhicules lourds sur le territoire de Montréal a augmenté de 16 %;
  • Sans surprise, les émissions du transport de marchandises devraient dépasser celles des véhicules à passagers d’ici 2030 au Canada.

À Montréal, les effets combinés de cette tempête parfaite se font déjà sentir, car une récente étude estimait que la population montréalaise perdait 3 000 000 d’heures de travail chaque année en raison de la congestion routière! 

SE MOBILISER POUR TROUVER DES SOLUTIONS


Face à cette problématique grandissante, l'Institut Pembina, Jalon et Équiterre ont cherché à identifier des solutions pour réduire les émissions de GES liées à la livraison urbaine à Montréal.

« Notre but était vraiment d’outiller la Ville de Montréal et de l’aider à implanter des mesures concrètes à court, moyen et long terme afin de décarboniser le transport de marchandises, » explique Andréanne Brazeau, qui a mené l’étude chez Équiterre.

Après près d’un an de recherche et d’entretiens avec 35 intervenants du milieu du transport, incluant des entreprises et des villes, le groupe a publié un tout nouveau rapport intitulé « Réduire les émissions des camions à Montréal: une étape à la fois » qui propose quatre solutions concrètes afin d’aider la métropole à réduire les émissions du transport de marchandises :

1. Utiliser des vélos-cargo électriques et des mini-hubs
L’utilisation d’un vélo-cargo permet d’augmenter les points de livraison de 15 % à l’heure, comparativement à un camion conventionnel. Autorisés sur les zones piétonnières et sur les pistes cyclables, ces vélos sont faciles à garer et permettent les livraisons même en hiver. Des mini-hubs stratégiquement situés en ville peuvent être utilisés pour le transbordement et le transfert de marchandises de grands camions vers des véhicules plus petits, y compris les vélos-cargos.

2. Optimiser les systèmes de livraison et la logistique
La réduction du nombre de camions de livraison partiellement remplis, la modification des heures de livraison ainsi que celle des itinéraires sont autant de façons d’optimiser les opérations.

3. Construire des casiers à colis pour livraison directe
Déjà déployée en banlieue de Montréal, cette solution permet de réduire les déplacements des camions de livraison à domicile et d’effectuer davantage de livraisons à un même endroit, ce qui sécurise les quartiers résidentiels, en plus de réduire les émissions de polluants atmosphériques.

4. Accélérer le déploiement de véhicules zéro émission pour les livraisons en ville
Les véhicules zéro émission (VZE), qui comprennent notamment les véhicules électriques à batterie et les véhicules à pile à hydrogène, réduisent les émissions de polluants et sont relativement silencieux, permettant ainsi d’effectuer des livraisons dans les zones résidentielles en dehors des heures de pointe sans bruit. Il faut toutefois prévoir une augmentation de l’offre de VZE et du soutien financier aux entreprises, ainsi que la construction d’infrastructures de recharge.

UNE APPROCHE PROGRESSIVE MAIS STRUCTURANTE


En plus de ces quatre solutions pour le secteur du transport de marchandises, le rapport propose également des outils stratégiques pour aider les gouvernements à les implanter, notamment par l’entremise de mesures réglementaires incitatives et dissuasives, incluant des allègements fiscaux et l’écofiscalité.

« Nous suggérons d’adopter une approche progressive où tous les niveaux de gouvernement jouent un rôle proactif et font preuve de leadership pour créer un environnement favorable à la mise en œuvre de ces solutions », explique Andréanne Brazeau, analyste politique en mobilité chez Équiterre. « Pour ce faire, nous devons offrir aux entreprises des mesures incitatives concrètes et convaincantes durant une période de transition initiale afin d’accroître l’abordabilité des solutions proposées rapidement. »

CE QU’ON PEUT FAIRE


En attendant l’implantation de ces solutions, il y a des choses toutes simples qu’on peut faire dans l’immédiat afin de réduire les émissions de GES des camions :

  • Privilégiez les achats locaux et sur place ainsi que les déplacements en transport zéro émission.
  • Si vous faites des achats en ligne, essayez autant que possible de regrouper vos achats.
  • Mieux encore, si vous n’êtes pas pressé, choisissez une livraison plus tard, afin d’optimiser la logistique et de réduire le transport.

LIRE LE RAPPORT

POUR EN SAVOIR PLUS


SOUTIEN FINANCIER

L’Institut Pembina, Jalon et Équiterre remercient la Fondation familiale Trottier pour son soutien financier dans le cadre de ce projet.