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Recycler, ramener nos appareils électroniques dans un point de dépôt, trouver à quel endroit amener nos vieux objets pour qu’ils aient une deuxième vie, etc. on a souvent l’impression que le poids repose sur les épaules des individus quand vient le temps de gérer les objets que nous n’utilisons plus.
Mais si la responsabilité des objets en fin de vie reposait plutôt sur les producteurs et productrices et non sur les individus? Ainsi, les producteurs et productrices pourraient prendre en considération la fin de vie de leurs produits en amont, lors de la fabrication, en favorisant la mise en marché des produits plus durables et réparables et en mettant en place des mécanismes pour éliminer les matières non réutilisables de façon responsable.
Chez Équiterre, nous travaillons pour que ça devienne réalité!
La gestion des matières résiduelles est un enjeu à traiter sans plus attendre quand on sait que le Canada se classe en tête de liste des pays qui génèrent le plus de déchets dans le monde et que le Québec est l’une des provinces au pays qui en produit le plus (697 kg de déchets par personne par année!). C’est d’autant plus préoccupant sachant que bien des objets qui sont envoyés à l’enfouissement ou à l’incinération sont encore en bon état et qu’ils auraient pu être utilisés pendant de nombreuses années si l’on avait réussi à l’en détourner.
Que dit la loi sur la fin de vie de nos objets?
Pour certaines catégories de biens (comme les appareils électroniques, les batteries et la peinture) la responsabilité revient aux producteurs et productrices de mettre en place un programme de récupération et de recyclage de leurs produits. C’est ce qu’on appelle la responsabilité élargie des producteurs (REP).
La REP c’est quoi?La responsabilité élargie des producteurs est une approche qui vise à transférer la responsabilité de la gestion des matières résiduelles engendrées par la consommation de produits aux entreprises qui sont à l’origine de leur mise en marché.
Le projet de modification de ce règlement est actuellement en cours pour que davantage d’objets en fin de vie soient récupérés et recyclés par les producteurs et productrices. Depuis 2020, les appareils de réfrigération et de congélation font l’objet d’une REP et le gouvernement du Québec prévoit ajouter les batteries de véhicules électriques, certains produits comme les plastiques agricoles, des produits pharmaceutiques et des bombonnes de propane et de butane.
La liste actuelle est un bon point de départ, mais ce n’est pas assez! Ces produits ne représentent que 4 des 24 produits prioritaires établis par le Ministère de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques en 2015.
Nous croyons aussi que cette modification de règlement devrait mettre plus l’emphase sur le réemploi et que les cibles proposées devraient être plus contraignantes. À titre d’exemple, seulement 10 % des appareils électroniques ont eu une deuxième vie selon le plus récent bilan diffusé!
C’est pourquoi Équiterre a déposé un mémoire dans le cadre de la consultation publique sur la modification de la REP pour demander au gouvernement que plus de produits soient assujettis à ce règlement. Que ce soient les vêtements, les meubles, les jouets, bien des objets qui pourraient avoir une deuxième vie devraient être détournés de l’élimination grâce à un tel système.
Les électroménagers, nocifs pour l’environnement
L’ajout des produits de réfrigérants (comme les climatiseurs et les réfrigérateurs) est attendu depuis longtemps, car ceux-ci ont une empreinte environnementale particulièrement importante. Cette nouvelle mesure devrait éventuellement permettre une baisse de plus de 200 000 tonnes de GES chaque année (ce qui équivaut aux émissions annuelles de plus de 60 000 voitures).
Les gaz présents dans les électroménagers comme les réfrigérateurs ont un potentiel de réchauffement planétaire de 1400 à 10 900 fois plus élevé que celui du dioxyde de carbone (CO2). Un seul frigidaire en fin de vie polluerait autant qu’une voiture qui roule 17 000 kilomètres!Les producteurs et productrices devraient avoir la responsabilité de s’assurer dès la conception de leurs produits que des mécanismes soient mis en place pour prolonger leur durée de vie afin d’en faciliter le réemploi et, lorsque cela n’est plus possible, pour qu’ils soient recyclés - idéalement localement - selon des normes sociales et environnementales strictes.
Pour en apprendre plus sur nos propositions concernant la récupération et la valorisation des objets, consultez notre mémoire déposé dans le cadre de la consultation publique sur la modification de la REP.
Amélie Côté,
Analyse principale, réduction à la source
Source :
- Bilan 2018 de la gestion des matières résiduelles au Québec
- Impacts environnementaux
- Analyse d’impact réglementaire du projet de règlement modifiant le Règlement sur les halocarbures
Pour aller plus loin :
41 recommandations d’Équiterre pour confronter la crise des déchets