Le Québec est à un tournant historique de sa saga énergétique : il est prêt à amorcer une sortie définitive de l’ère des énergies fossiles!
Pas plus tôt que le 2 février, le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles du Québec a déposé le nouveau projet de loi 21. Ce projet de loi, qui mettrait fin à toute exploration ou exploitation pétrolière au Québec, serait une première mondiale. Le gouvernement fait donc un pas important dans le sens exigé par l’urgence climatique et par la population. Ce dernier doit néanmoins s’assurer de tracer une voie qui permettrait à toutes les autres juridictions de nous suivre.
Sortir des énergies fossiles c’est le geste à poser pour un gouvernement qui se veut responsable en 2022 vis-à-vis de sa population et de la crise climatique. Ce projet de loi en est un bel indicateur. Mais à quel prix?
Un projet de loi qu’on aime qu’à moitié
Le projet de loi n°21 est, entre autres, le résultat d’une vigilance et de la mobilisation inlassable de groupes citoyens partout au Québec. C’est avec soulagement et enthousiasme que nombre de militantes et militants qui se sont battus pour protéger notre santé, notre sécurité et la nature, accueillent cette importante avancée.
Cette joie a duré….le temps d’une annonce! Puisque du même élan le ministre annonçait qu’il paierait 75 % des coûts de nettoyage de puits abandonnés (par l’industrie pétrolière et gazière). Autrement dit, non seulement le projet de loi prévoit d'indemniser l’industrie, mais en plus il indique que ce serait aux contribuables de payer pour la réparation et le nettoyage des puits. Le tout, pour une somme de 100 millions de dollars!
Dédommager l’industrie pétrolière et gazière - responsable de cette crise - à hauteur de 100 millions de dollars créerait un dangereux précédent que ni la population québécoise ni la planète ne peuvent se permettre.
Sortir des énergies fossiles au Québec : qui paie?
L’argent public doit servir à investir dans la transition et non à nourrir le problème. Il faut mettre fin aux subventions publiques. Tout nouveau projet d’expansion et de production de pétrole et de gaz doit être rejeté, et encore moins subventionné. Ces millions de dollars doivent être injectés dans nos infrastructures, dans notre santé publique et redirigés vers une réelle transition.
Avec cet objectif en tête, Équiterre a participé aux audiences consultatives autour du projet de loi le 23 février dernier, durant lesquelles nous avons soumis un mémoire et avancé les recommandations principales suivantes portant sur le context climatique, la réputation du Québec et sa responsabilité climatique et l’impact de ce projet de loi sur les communautés et les premiers peuples :
- Que le gouvernement procède à l’adoption du projet de loi sans offrir de compensations aux compagnies pétrolières et gazières afin d’éviter de freiner la transition énergétique au Québec et ailleurs dans le monde;
- Que le projet de loi soit adopté afin d’éliminer les effets néfastes du développement de l’industrie pétrolière et gazière sur les communautés affectées;
- Que le gouvernement s’engage à rencontrer les groupes autochtones dans le cadre de ses consultations publiques sur le projet de loi dans l’optique de favoriser une relation plus étroite entre le gouvernement et les peuples autochtones.
100 M$ : c’est un choix politique
Donner des fonds publics en cadeau aux pétrolières et gazières est un choix politique et non une obligation légale.
Cessons d’enrichir les compagnies d’énergies fossiles. Leur accorder des cadeaux créerait un dangereux précédent susceptible d'alourdir substantiellement les coûts de la transition énergétique. Combien croyez-vous que l’Alberta devrait dépenser pour mettre la clé sous la porte de son industrie?
Il est primordial que le gouvernement québécois adopte, avant les prochaines élections, le projet de loi n°21 et qu’il le fasse en ne faisant pas de cadeaux aux compagnies pétrolières et gazières sous forme d’indemnisation à la suite de l’adoption de cette loi.
Le gouvernement Legault ne doit pas céder au chantage des compagnies qui sont déjà à pied d'œuvre pour mendier des millions de dollars de fonds publics sous forme d’indemnisation. Et c’est ce que nous exigeons encore et toujours.
Fini les cadeaux à l'industrie pétrolière et gazière
Voir le résumé