Colleen Thorpe
Directrice générale
Publié le
En me promenant dans mon quartier récemment, je suis tombée sur une très belle chaise, abandonnée sur le trottoir et parfaite pour mon bureau. Il est toujours surprenant de trouver ce genre d’objet en bon état sur le bord du chemin : si on est en manque d’une chaise, on ressent en effet de la joie d’avoir été choisi(e) par les cieux lorsque des personnes ont laissé tomber ce cadeau. Puis on en vient à se poser toutes sortes de questions et, pour ma part en tout cas, à réfléchir sur nos modes de vie.
Dans notre société de consommation, la plupart d’entre nous avons, à un moment ou à un autre, adopté cette croyance : le bonheur ne se réalise que par l'accumulation de biens matériels, résumé par une liste d’épicerie aussi implacable que perpétuelle : une voiture toujours plus grosse, une maison toujours plus grande, une garde-robe toujours plus belle et des gadgets toujours plus récents.
Mais ce besoin de consommation effrénée n’est pas sans conséquences. Il a des impacts immenses sur notre planète (augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES), gaspillage de ressources, prolifération des déchets) et sur les travailleurs et travailleuses (mauvaises conditions de travail, faible rémunération). Il a aussi des impacts sur notre bien-être... et pas de la meilleure façon, bien évidemment.
Inconsciemment, nous nous comparons sans cesse avec l’autre : c’est une course pour être celui ou celle qui possède le plus, qui voyage le plus… et ce devoir de comparaison nous angoisse. Je le dis souvent : on produit autant d’anxiété que de GES. Donc, de la même façon que nous luttons pour ralentir nos émissions, il faut travailler pour réduire notre niveau d’anxiété et nous concentrer plutôt sur ce qui nous apporte réellement du bonheur.
La bonne nouvelle, c’est que les recherches se multiplient sur le sujet et nous avons davantage de connaissances aujourd'hui sur ce qui nous rend heureuses et heureux. Par exemple, les études montrent qu'au-delà d’un certain salaire (qui couvrirait les besoins de base), notre bonheur n’augmente quasiment plus*. D’autre part, les neurosciences nous ont appris que le bonheur résulte davantage de la connexion entre les gens que de l'accumulation de biens matériels. Vous vous en doutiez un peu, non?
La solution est donc là, et à portée de main : consommer moins et mieux pour être plus heureux, ensemble. Ce n'est évidemment pas facile d'adopter une nouvelle façon de voir et d’embarquer dans un mode de vie différent surtout dans un système qui pousse à la consommation. Pour cette raison, il faut amorcer des dialogues sur la sobriété et l’économie du bonheur pour mieux identifier des solutions collectives.
Ce virage vers le moins et mieux sera au centre d’une prochaine campagne, que nous avons très hâte de vous faire découvrir!
En outre, nous avons la chance chez Équiterre de bénéficier des talents et de la sagesse de Nadine Bachand, notre analyste principale en agriculture et alimentation, qui a approfondi la question de la recherche du bonheur dans son livre Méditer – La Terre vue de l’intérieur Coffre à outils pour incarner la paix. Selon Nadine, cultiver la bienveillance est indispensable pour rendre notre société plus solidaire et écologique. Un beau message à garder en tête.
Il est temps de freiner les impacts insidieux de l'hyperconsommation sur nos vies et la nature. Travailler toujours plus, pour s’acheter d’autres chaises et jeter les plus vieilles au chemin n’apporte pas le bonheur. Nous ouvrir à un mode de vie plus sain, nous reconnecter à nous-même et au monde qui nous entoure, oui.
Colleen Thorpe
Directrice générale
*Source :
Salaire et bonheur au travail: est-ce que les deux vont de pair?