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Québec, 14 septembre 2022 — En attendant que le gouvernement publie des études sur le troisième lien autoroutier entre Lévis et Québec, Équiterre dévoile la toute première analyse environnementale du projet. Sous forme de test climat, cette analyse démontre que le troisième lien, dans son état actuel, est incompatible avec les objectifs de lutte contre la crise climatique du Québec selon une récente analyse menée par l’experte en mobilité d’Équiterre en collaboration avec le Pôle intégré de recherche — Environnement, Santé et Société (PIRESS).
Basée sur les quelques données disponibles, l’analyse évalue la compatibilité du projet avec quatre critères de la transition écologique : l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre (GES) et l’empreinte environnementale, l’adaptation et la résilience, la justice sociale et autres cobénéfices, ainsi que la saine gouvernance.
« En l'absence de données fournies par le promoteur du projet, cette analyse qualitative du troisième lien a été menée à l'aide de grands principes faisant consensus en matière de transition écologique et tenant compte d'un éventail d'impacts possibles du projet. Pour le milieu scientifique, les études et les analyses chiffrées du gouvernement doivent être rendues publiques le plus rapidement possible »,
Le projet n’obtient pas la note de passage
Les résultats du test climat, qui prend la forme d’une analyse multicritères, sont sans équivoque : le troisième lien échoue en obtenant la note de 24 sur 75, soit 32 %. Le projet est jugé peu compatible avec chacun des quatre critères évalués.
« Il y a un consensus scientifique sur le fait que des projets comme le troisième lien entre Lévis et Québec n’ont pas leur place dans une société qui s’attaque sérieusement à la crise climatique et environnementale. Sachant tous les impacts potentiels de l’accroissement de la capacité routière, il est déplorable qu’on continue à faire fi de la science et mettre de l’avant de tels projets », explique Andréanne Brazeau, analyste politique en mobilité chez Équiterre.
Atténuation des émissions de GES et empreinte environnementale : 33 %
Le projet permettrait difficilement de placer le Québec sur la voie de la carboneutralité, non seulement en raison des émissions liées à la construction, mais également parce que les véhicules qui y circuleraient ne seraient pas exclusivement zéro émission avant plusieurs décennies. En plus des énormes quantités de ressources nécessaires à la construction, les résidus d’excavation représenteraient une quantité astronomique de déchets.
Adaptation et résilience face aux dangers climatiques : 17 %
Le troisième lien obtient un faible résultat pour ce critère, puisqu’il entraînerait l’intensification de l’étalement urbain, particulièrement à Lévis. Autrement dit, on verrait une perte d’habitats naturels et de territoires agricoles accrue, menaçant la résilience du Québec dans le contexte de crise climatique.
L’augmentation de la capacité routière, qui mènerait nécessairement à une hausse du nombre de véhicules sur nos routes, ce que l’on appelle la demande induite, crée un cercle vicieux où il faut accorder toujours plus d’espace aux véhicules (stationnements, emprises des autoroutes, échangeurs, rues, etc.).
Bénéfices socioéconomiques : 39 %
Parmi différents constats, la place prépondérante accordée à l’automobile dans la plus récente mouture du projet accentue les inégalités et les enjeux de santé et de sécurité, en plus de ralentir l’amélioration de l’offre multimodale et d’accroître la congestion dans la région de la Capitale-Nationale à long terme.
Rien ne permet de croire que le projet entrainerait des retombées économiques importantes, compte tenu de son coût estimé à 6,5 milliards de dollars, d’autant plus que les tunnels voient généralement leur coût augmenter de 35 % en moyenne, et les délais de construction sont la règle plutôt que l’exception. Par ailleurs, au Québec, pour chaque dollar dépensé en déplacements automobiles par un individu, la société paie 9,20 $.
Saine gouvernance : 22 %
L’absence d’études d’opportunité et de faisabilité, et d’analyses sur les besoins et les projections de circulation est décriée par des centaines de spécialistes et scientifiques. Il en ressort un manque de rigueur et de transparence dans la gestion de ce dossier.
« L’analyse est claire : le troisième lien ne passe pas le test de la transition écologique. Il ne devrait pas aller de l’avant si l’on souhaite agir en bon gestionnaire et avec cohérence dans la lutte contre la crise climatique »
L’heure n’est plus à l’expansion routière
« Repensons nos modes de transport et nos pratiques d’aménagement. Les solutions viables pour résoudre les enjeux de congestion sont multiples, et le troisième lien entre Lévis et Québec n’en fait pas partie. L’ère de l’auto solo est révolue : il est temps de favoriser les modes de transport durables et abordables, tout en créant des milieux de vie sécuritaires et résilients. Utilisons nos énergies pour identifier celles qui sont adaptées à notre région », conclut Alizée Cauchon, analyste principale - relations gouvernementales chez Équiterre.
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Chargée de communications, Relations publiques