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Par Courtney Mullins, chargée des communications, Équiterre, à la COP24 à Katowice, en Pologne
Vous pouvez sentir le charbon dans l’air à Katowice. Le téléphone blanc d’un collègue Québécois est maintenant gris. Lors d’une conférence de presse hier, un médecin polonais a dit que la pollution atmosphérique causée par le charbon est aujourd’hui une urgence médicale et Al Gore nous a donné la statistique suivante : un bébé né à Varsovie aujourd’hui inhalera l’équivalent de 1 000 cigarettes au cours de la première année de sa vie, à cause du smog et des autres polluants atmosphériques.
Quand on vient du Québec, où l'hydro-électricité est la source principale d'énergie, sentir la pollution émanant du charbon à l'extérieur des murs de ma première COP est une expérience qui donne à réfléchir… et me fait me rendre compte à quel point le charbon est toujours très enraciné dans les cultures et les économies de certaines régions. Le président polonais, Andrzej Duda, a ouvert la COP24 avec un discours dans lequel il a prétendu que l’industrie du charbon « n’est pas en conflit avec la protection du climat et les progrès dans ce domaine », affirmant qu’il serait difficile pour la Pologne de ne pas utiliser l’équivalent des 200 années de charbon qu'elle a dans le sol. Ceci était son discours inaugural. Il se voulait inspirant…
Mais la beauté de ces COPs c’est qu’elles rassemblent les pays du monde entier, mettant en lumière ce que fait chaque nation face à la crise climatique. On se critique et on s’encourage mutuellement à rattraper notre retard et faire notre part. On est aussi inspiré par l'ingéniosité et le leadership de nos pays pairs.
Après avoir écouté les plans de la Nouvelle-Zélande et du Costa Rica pour devenir carboneutres et avoir découvert un nouveau rapport pour la transition européenne vers les énergies 100 % renouvelables, j'ai assisté à une conférence de presse qui présentait un rapport sur l'industrie pétrolière et gazière du Canada. Ma bulle a éclaté. C’est clair, nous ne faisons pas tous notre transition énergétique à la même vitesse.
À une COP où le mot-clé est AMBITION et où tout le monde demande aux Partis d’avoir des engagements plus ambitieux pour limiter le réchauffement climatique à 1.5C au-dessous des niveaux préindustriels, les groupes de la société civile canadienne ont invité notre gouvernement fédéral à assumer un certain leadership. Nous avons vu ce leadership dans le lancement de l’alliance « Énergiser au delà du charbon » avec le Royaume-Uni à la COP23 l'année dernière, qui a maintenant plus de 75 membres. Nous avons vu ce leadership dans la création du Groupe de travail : Transition équitable pour les collectivités et les travailleurs des centrales au charbon Canadiennes et nous avons vu ce leadership dans la récente annonce du Canada qu’il prévoit toujours la suppression progressive de l’électricité issue du charbon d’ici 2030 ( qui permettra d’éviter 260 morts prématurées; 40 000 crises d'asthme et 190 000 jours avec des difficultés respiratoires et une activité réduite d’ici 2055). Selon notre ministre de l'Environnement et du Changement climatique, Catherine McKenna, "Nous ne sommes pas sortis de l' ge de pierre parce que nous avons été à court de pierres. Nous sommes devenus plus intelligents."
Bien que le résultat final de la COP24 n’est pas aussi ambitieux que désiré, les Parties ont réussi à établir les règlements pour l’Accord de Paris et ont été appelées à revenir aux deux prochains COPs avec plus d’ambition.
Mais il faut faire davantage. J’ai entendu à maintes reprises à la COP24 que limiter le réchauffement moyen à 1,5C est faisable du point de vue technologique et économique - il suffit d’une volonté politique. Et comme l’a dit le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, lorsqu’il est revenu à Katowice cette semaine : « Si nous gaspillions cette occasion, nous perdrions notre dernière chance de mettre un terme aux changements climatiques. Ce serait non seulement immoral, mais aussi suicidaire. »