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Pendant combien de temps la poussière retombera-t-elle dans la foulée des élections américaines avant que nous soyons nous-mêmes en élection au Canada? Bien malin qui peut prédire ce qui se passera d’ici la tenue des élections générales, le 28 avril 2025.
Les prochaines élections fédérales au Canada seront déterminantes pour notre capacité à contrebalancer certains reculs environnementaux anticipés à la suite des élections américaines. Les défis seront nombreux pour conserver notre indépendance et s’assurer d’avoir des leviers d’actions pour protéger la nature et les collectivités canadiennes, adapter nos milieux de vie et nos terres agricoles pour les rendre plus résilients et atténuer l’ampleur des changements climatiques en faisant de meilleurs choix.
Or, pour se rapprocher des préoccupations des électeurs, le gouvernement actuel envoie des signaux contradictoires. Après avoir misé sur un agenda environnemental à la portée ambitieuse (plafonnement des émissions du secteur pétrolier et gazier, règlement sur l’électricité propre, loi sur les emplois durables, etc) le gouvernement fédéral a aussi acheté un pipeline et affaibli son propre outil de tarification de la pollution. Et alors que la période des fêtes approche, il mise sur la surconsommation, laquelle est en partie responsable de nos problèmes environnementaux actuels, avec le retrait de la TPS sur une panoplie de biens éphémères et des chèques cadeau d’une valeur de 250$ à tous ceux qui gagnent moins de 150 000$.
Si les élections des États-Unis se sont en partie jouées sur la question du coût de la vie, les formations politiques qui compétitionneront lors de la prochaine élection fédérale auraient intérêt à faire des propositions électorales qui soient moins à courte vue que la tendance actuelle.
Ce que veulent les canadien.ne.s de leur prochain gouvernement
En matière environnementale, un coup de sonde de la firme Léger pour le compte d’Équiterre effectué au mois de novembre nous apprenait que 70% des gens souhaitent que le prochain gouvernement en fasse davantage en matière de lutte aux changements climatiques, d’adaptation et de protection de la nature. Le message est clair: continuons d’avancer.
Le Québec se démarque avec 83% des gens sondés qui souhaitent voir le gouvernement fédéral en faire plus, tandis que l’Alberta est à la traîne des provinces canadiennes avec 53% des gens qui partagent cet avis. Mais, fait à noter, s’il y a des disparités régionales, cette demande au prochain gouvernement d’en faire plus est partagée également dans toutes les catégories d’âge, chez les hommes et les femmes et chez les personnes sans enfant et avec enfants, ce qui est rare.
Toutes les politiques environnementales que nous avons testées reçoivent 50% ou plus d’appui. Parmi celles-ci, notons que celle qui reçoit le plus fort appui de la part des répondants (81%) concerne le financement des infrastructures, de l’entretien et des opérations de transport collectif pour réduire la congestion routière. Voici une solution bien concrète à un problème qui l’est tout autant. Voici aussi une façon de ne pas pratiquer l’évitement dont je parlais dans le premier texte de la série.
Changements climatiques : des conséquences bien réelles dans la vie des gens
17% des Canadien.ne.s estiment avoir été victimes personnellement de phénomènes climatiques extrêmes qui ont engendré des dommages matériels et financiers pour 9% de la population.
64% des gens sondés s’attendent à une augmentation de leurs primes d’assurance habitation en raison des changements climatiques
Le rôle essentiel du gouvernement fédéral
Peu importe le résultat des prochaines élections fédérales, le message est clair: les Canadien.ne.s s’attendent à ce que leur prochain gouvernement s’active sur le front de la protection de la nature, de l’adaptation et de la lutte aux changements climatiques. Rien dans ce sondage ne nous indique que les gens souhaitent jeter le bébé avec l’eau du bain. Peut-être que certaines politiques ou réglementations actuelles vont être appelées à évoluer. D’autres devront être ajoutées pour compléter le portrait, mais pour répondre aux aspirations des gens les chiffres nous démontrent que les gens s’attendent à du sérieux de la part de leur prochain gouvernement sur le plan environnemental.
Alors que les différentes formations politiques affinent leurs stratégies et fourbissent leurs armes électorales elles devront donc garder en tête les attentes de la population envers les politiques environnementales existantes et à venir. Le rôle du gouvernement fédéral est essentiel à cet égard, car ce palier de gouvernement est perçu par les Canadien.ne.s comme étant le mieux placé pour prendre des décisions pour lutter contre les changements climatiques (76%), s’adapter aux changements climatiques (64%) et protéger la nature et la biodiversité (52%).