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Opinion  •  2 min

Retour sur les élections américaines

Publié le 

Un peu plus d’une semaine après les élections américaines, un brouillard persiste, même si tout a été dit, ou presque.

Les thèses pour expliquer les résultats du vote sont multiples et prendront du temps à être bien comprises. Il y aurait une grande déconnexion entre les élites urbaines et le monde rural. Les progressistes auraient laissé tomber les travailleurs. L’inflation aurait pris le dessus sur le climat et plus encore. Il s’agirait d’un rejet des politiques identitaires. Les Américains ne seraient pas prêts à élire une femme. Les milliardaires auraient acheté l’élection. Les algorithmes se nourriraient de désinformation et influenceraient le vote. Le vote anti-système l’aurait emporté sur le statu quo, etc.

Il y a probablement des éléments de vérité dans chacune de ces affirmations, mais je me méfie des explications uniques à des phénomènes complexes, tout comme je me méfie des solutions politiques simplistes. Selon une analyse du Financial Times1, une tendance mondiale démontre que peu importe le message ou les appartenances idéologiques, les électeurs ont décidé de faire sortir les dirigeants en place au cours des périodes pandémique et inflationniste, comme pour les punir.

Mais une chose me saute aux yeux : le résultat de vote démontre que consciemment ou non, les américain(e)s ont opté pour la stratégie d'évitement face aux problématiques actuelles. Une tendance qui fait aussi son chemin chez nous.

Est-ce un mécanisme de défense face aux différentes crises et problèmes sociaux qui sévissent? Une conséquence de la pandémie qui a contribué à déstructurer nos liens sociaux et à éroder la confiance envers nos institutions? Quelle qu’en soit la cause, l’évitement semble être une posture populaire face aux maux actuels.

Pourtant, cette posture ne règlera pas les causes de la crise climatique et ne permettra pas de diminuer ses impacts sur nos vies.

Certain(e)s diront que les démocrates ont sous-estimé la préoccupation des Américain(e)s face à la diminution de leur pouvoir d’achat, symbolisée par l'augmentation de la facture d’épicerie.

S’il est vrai que le panier d’épicerie a augmenté, chez nos voisins du sud comme par ici, comment pouvons-nous conjuguer les efforts pour diminuer le coût de la facture d'épicerie avec le besoin de trouver des solutions pour s’assurer que les producteurs puissent bénéficier d’un revenu à la hauteur de leurs efforts? Simultanément à la hausse du panier d’épicerie, plusieurs producteurs locaux sont obligés d’arrêter ou de réduire leurs activités.

On parle de la hausse des prix, mais quelles mesures mettons-nous en place pour alléger la facture des consommateurs(-trices) en améliorant l’offre et en facilitant leurs choix vers des aliments sains et moins néfastes pour notre environnement? Le couponnage? Les cartes de fidélité?

S'il devient de plus en plus difficile de produire et d’acheter des aliments, quel avenir espérer pour notre système alimentaire l’an prochain, dans 5 ans ou encore dans 10 ans, si le risque se matérialise que notre production agricole perde de sa capacité à nous nourrir, faute de protection de nos terres agricoles et de mesures pour améliorer la santé des sols, faute de relève agricole et faute d’action climatique pour limiter les pertes de récoltes dues aux intempéries climatiques ? Si personne ne pose la question, nous éviterons obligatoirement les solutions.

L’évitement face à nos problèmes systémiques ne se limite pas au secteur agroalimentaire, on l’observe un peu partout.

La congestion? On visera les pistes cyclables, les chantiers de construction, les travaux mal planifiés, les infrastructures mal entretenues pour atteindre l’équilibre budgétaire et les cônes oranges. Bref, partout ailleurs que dans sa manifestation principale : la croissance infinie du parc automobile .

L’augmentation du coût de la mobilité? On fustigera la taxe carbone qui fait augmenter le prix de l’essence. Alors que les coûts des véhicules ont presque doublé depuis la pandémie au grand profit des constructeurs et de leurs actionnaires. Tout pour éviter d’aborder la question de la redistribution de la richesse et des inégalités de notre système économique pour le bien collectif.

L’évitement est tentant, mais il nous faut prendre une grande respiration et oser affronter les problématiques de front. En cette période déstabilisante, le rôle de notre organisation est d’autant plus important. Équiterre poursuivra son travail essentiel afin de garder un regard éclairant sur les défis environnementaux et de présenter des solutions responsables aux citoyen(ne)s, aux organisations et aux gouvernements.

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