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Les tours de télécommunications ont quant à elles un impact certain sur les oiseaux. En effet, une étude de l’University of Southern California fait état de 6,8 millions d’oiseaux morts par année en raison de ces tours aux États-Unis et au Canada.
Une fois la durée de vie des éoliennes dépassée, soit après environ 20 ans, celles-ci peuvent être démontées et les sites restaurés. Malgré tout, chez Équiterre, nous croyons qu’il est important de bien connaître les impacts des éoliennes sur les milieux naturels afin de les atténuer le plus possible. Nous ne traiterons ici que des impacts des éoliennes sur le déboisement, la faune ailée (oiseaux et chauves-souris), qui sont les principaux impacts recensés dans la littérature à ce sujet.
Le déboisement
L'installation d'une éolienne peut impliquer la coupe d’un boisé, principalement pour la construction de chemins d'accès et de lignes de transport d'électricité pour la transmission d’énergie produite. Ce déboisement doit se faire selon un cadre de référence élaboré par Hydro-Québec. Lorsqu’un déboisement est nécessaire, il est habituellement question d’un territoire restreint. En effet, les routes et structures d’un parc d’éoliennes occupent environ 5 % de la surface au sol et permettent une occupation à usages multiples de l’espace. Ainsi la culture, le pâturage pour le bétail ou même la création d’aires protégées peuvent cohabiter avec les éoliennes.
De surcroît, lors du démantèlement d’un parc éolien, le terrain doit être réhabilité à son état naturel selon les ententes prises au préalable avec le propriétaire du terrain. Au Québec, un décret gouvernemental oblige également le promoteur d’éoliennes à respecter les divers engagements pris dans le cadre de l'étude des impacts sur l'environnement du projet.
Certes, lors de l’étude d’impact environnemental, il est primordial d’évaluer la perte et la fragmentation d'habitat pour la faune et la flore. Cette étude doit se faire au cas par cas en analysant les espèces locales. Ainsi, il s’avère nécessaire d’évaluer les impacts d’un déboisement, et ce, même si cette superficie est minime.
Effets sur les oiseaux
Les oiseaux sont les animaux les plus touchés par l’implantation de parcs éoliens. Toutefois, les impacts des éoliennes sur la faune aviaire s’avèrent minimes en comparaison d’autres activités humaines. Ainsi, une étude canadienne rapporte que les chats sont les principaux facteurs de décès des oiseaux. Il s’en suit une longue liste incluant les lignes de transmission électrique, les collisions sur les bâtiments et véhicules routiers, l’industrie forestière et les pesticides. En ce qui a trait aux principaux impacts des éoliennes sur la faune aviaire, ils sont de quatre types :
- La mortalité causée par les collisions d’individus avec les éoliennes;
- La perte d’habitat liée au déboisement nécessaire à la construction des éoliennes, de leurs chemins d’accès ainsi qu’aux lignes de transport de l’électricité;
- Le dérangement associé aux activités humaines durant la phase de construction des parcs;
- Le dérangement associé à la présence des éoliennes (mouvement des pales, bruit, vibration).
Des études d’impacts fauniques doivent être réalisées par les promoteurs des projets avant leur réalisation. Ces travaux consistent notamment à faire l’inventaire des espèces qui utilisent le site d’étude comme habitat de nidification ou comme corridor de déplacement durant la migration.
Bien qu’il est primordial que les études d’impacts liées aux projets d’implantation d’éoliennes essaient d’évaluer les effets sur une large gamme d’espèces, les espèces désignées en péril en vertu des législations provinciales ou fédérales doivent recevoir une attention toute particulière. L’aigle royal, le pygargue et le faucon pèlerin sont quelques-unes des espèces en péril qui pourraient subir des impacts liés à un projet de développement éolien au Québec.
Selon les connaissances scientifiques actuelles, la grive de Bicknell devrait être prise davantage en considération par les acteurs de la filière éolienne québécoise. Cet oiseau, peu connu du grand public, a été placé sur la liste des espèces menacées en 2009 par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC).
On retrouverait 95 % de l’habitat des grives de Bicknell au Québec, ce qui accroît la responsabilité de la province à leur égard. Ces dernières possèdent une aire de nidification très restreinte, généralement en altitude et souvent près des sommets et des crêtes des collines. Ces endroits sont souvent très venteux et donc propices à l’installation des éoliennes. Or, la réduction et la fragmentation des habitats de reproduction pourraient être particulièrement dommageables pour cette espèce.
Des mesures peuvent être prises afin d’atténuer l’impact des projets éoliens sur cet oiseau. Il semble primordial de poursuivre et d’approfondir les études scientifiques concernant cette espèce et les impacts des éoliennes sur ses populations. À titre d’exemple, le Regroupement QuébecOiseaux a travaillé à l’élaboration d’un modèle de prédiction de l’habitat de cette espèce afin de bien anticiper la répartition de la grive de Bicknell dans une aire donnée. Cette connaissance permettrait de mieux concevoir les projets éoliens avant même de réaliser les études d’impact. Néanmoins, des travaux de recherche sont nécessaires afin de poursuivre le développement de cet outil.
Comme pour n'importe quel projet énergétique, il serait important de prendre en compte les effets cumulatifs des différents projets éoliens sur l’espèce plutôt que d’évaluer individuellement les impacts de chaque projet, et ce, particulièrement lorsque des parcs éoliens se trouvent à courte distance les uns des autres. En ce sens, le regroupement QuébecOiseaux recommande la création d’un Fonds de protection de l’habitat de la Grive de Bicknell pour financer et partager ces recherches afin d’arriver à une cohabitation harmonieuse entre ce petit oiseau et nos géants des vents.
Il faut cependant souligner le travail et la volonté de certaines entreprises éoliennes en ce sens. Dans le cadre d’un projet au Massif du Sud, par exemple, les parties prenantes ont travaillé en collaboration afin de minimiser les impacts des zones sensibles et ont finalement choisi de ne pas construire d'infrastructures dans les secteurs de reproduction de la grive de Bicknell.
Effets sur les chauves-souris
Les chauves-souris sont d’une grande utilité pour l’homme et pour l'agriculture, notamment parce qu’elles se nourrissent d’insectes nuisibles, réduisant du même coup l’usage de pesticides. Une étude du magazine Science chiffrait à 3,7 milliards de dollars les pertes en revenus agricoles qui surviendraient suite à une éventuelle disparition de ces amis ailés en Amérique du Nord. Certaines de ces espèces de chiroptères sont grandement fragilisées par le syndrome du museau blanc qui a fait son apparition dans les dernières années. En 2012, inquiet devant cette nouvelle maladie, le COSEPAC a désigné trois espèces de chauves-souris comme étant en voie de disparition: la pipistrelle de l’Est, la petite chauve-souris brune et la petite chauve-souris nordique.
Malheureusement, il est démontré que les éoliennes sont également, dans une moindre mesure, une cause de mortalité pour différentes espèces de chauves-souris. Les chiroptères peuvent être victime d’un impact direct sur les pales des éoliennes, ou encore de barotraumatisme (des variations de pression atmosphérique causées par le passage des pales au niveau du mat des éoliennes et qui provoquent des hémorragies internes). Afin de réduire l’impact des éoliennes sur celles-ci, il est nécessaire de connaître ces populations avant tout développement éolien. Ainsi, avant d’obtenir l’autorisation pour leurs projets, les promoteurs doivent produire un inventaire des individus de ces mammifères volants, à l’aide de la détection ultrasonique notamment. De plus, comme certaines de ces espèces sont migratoires et qu’une très grande proportion des décès de chauves-souris a lieu pendant la période de migration automnale, il est important de déterminer si l’emplacement du projet est utilisé comme zone de maternage, comme couloir de migration ou comme lieu d'hivernage pour ces dernières.
Malgré les nombreuses études récentes sur le sujet, il est encore difficile de prévoir de façon précise les impacts d’un projet éolien sur les populations de chauves-souris, ce qui rend les mesures de suivi, une fois les éoliennes en fonction, très importantes. La recherche de carcasses autour des éoliennes permet d’évaluer la mortalité des chiroptères sur un site, ce qui pourrait mener à l’adoption de certaines mesures de mitigation.
Cela dit, en 2011, le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs considérait qu’il n’y avait aucun cas rapporté d’éoliennes particulièrement problématique en matière de mortalité des chauves-souris au Québec. Le ministère des Ressources naturelles et de la Faune a, quant à lui, créé un comité de travail composé de biologistes, dont le rôle est d’établir un seuil de mortalité acceptable dans le but de préserver ces espèces.
De plus, certaines études récentes proposent des pistes intéressantes afin de réduire la mortalité des chiroptères, notamment en augmentant le seuil de vitesse de vent nécessaire pour l’activation des éoliennes la nuit ou avec l’émission d’ultrasons désagréables pour les chauves-souris, mais inaudibles pour l’humain, qui les incitent à se tenir à distance des éoliennes.