Le Sommet d’action pour le climat organisé par le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, se tiendra le lundi 23 septembre. Ce sommet est une occasion pour Guterres de démontrer que le multilatéralisme fonctionne encore. Il répond également à l’appel des jeunes, qui, à l’exemple de Greta Thunberg, demandent aux politiciens de passer des discours à l’implantation de solutions rapides, justes et transformationnelles.
La demande du secrétaire général est la suivante : ne venez pas prononcer des discours vides ; venez faire des annonces concrètes. Les pays sont ainsi appelés à revoir à la hausse leurs cibles actuelles de réduction de gaz à effet de serre (GES) liées aux engagements de Paris, actuellement insuffisantes si l’on souhaite atteindre le zéro émission en 2050, indispensable pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. Pour ce faire, les émissions mondiales de CO2 devraient commencer à diminuer dès maintenant, et chuter d’environ 45 % d’ici 2030.
En juin dernier, le gouvernement du Québec a annoncé une démarche de consultation afin d’élaborer le Plan d’électrification et de changements climatiques 2030 (PECC), qui sera présenté au public en janvier 2020 et guidera l’action du Québec pour la prochaine décennie. Cette initiative permet à un important nombre d’acteurs de la société de civile de contribuer à la rédaction de ce plan. Mais cet exercice doit surtout s’aligner avec la science et les engagements pris à l’échelle internationale. Est-ce que ce plan suivra les conseils du Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat (GIEC) pour diminuer les émissions de CO2 rapidement et dès maintenant, et à respecter notre engagement dans l’Accord de Paris à limiter le réchauffement à 1,5 °C ?
Le Québec dans la cour des grands
Le Québec a la capacité et les moyens de répondre à l’appel de Guterres. Nous avons une expertise en énergies et en technologies propres reconnue, appréciée et même citée en exemple à l’étranger. Le Sommet d’action pour le climat est une occasion pour que le Québec se distingue en matière de leadership climatique. L’intention de participer au sommet doit se concrétiser par des gestes significatifs à l’échelle domestique, et ce, même si le gouvernement développe toujours son plan d’action.
La diplomatie climatique internationale a fait émerger le leadership d’acteurs non étatiques. Le Québec s’est déjà démarqué en étant le premier État fédéré à participer à la finance climatique internationale en 2015. Dans son budget 2019-2020, il renouvelait cet appui à la coopération internationale pour le développement durable et à la lutte contre les changements climatiques.
Le Québec est une nation riche au sein d’un Canada qui, per capita, est l’un des plus grands émetteurs de GES à l’échelle globale. Nous pouvons et devons faire beaucoup plus afin d’éliminer les hydrocarbures de notre économie, notamment par l’électrification, une priorité du gouvernement, et commencer rapidement la transition économique vers les énergies propres. Nous devons également nous assurer que toutes les décisions gouvernementales, particulièrement en transport et en infrastructures, soient cohérentes avec l’impératif climatique et ne viennent pas contrecarrer les réductions des émissions. Autrement dit, il ne s’agit pas seulement d’adopter des cibles de réduction de GES ambitieuses, il faut prendre les décisions, parfois difficiles, qui permettront d’atteindre ces cibles.
Le Québec a une population mobilisée, une électricité renouvelable à 99,8 % et une volonté de tous les secteurs de la société de faire face à la crise climatique. Il est donc parmi les juridictions les mieux placées pour devenir un leader sur la question. Le sommet de New York est une occasion de montrer une volonté politique et une conviction fermes afin de faire face à l’un des défis les plus arbitraires et importants de notre époque.