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En 2020, deux ans après avoir pris le pouvoir, le gouvernement Legault adoptait le Plan pour une économie verte 2030. L’un des piliers? Un développement sans précédent des transports en commun. C’était également une promesse électorale que Christian Dubé, alors président du Conseil du trésor, rappelait sur plusieurs tribunes. Nous avons applaudi.
Quatre ans plus tard, qui oserait encore dire que le gouvernement est proactif dans ce dossier?Les services stagnent, se détériorent ou, pire encore, sont à risque de disparaître. C’est le cas de trois lignes de trains de banlieue du Grand Montréal.
Gérer la fougère des autres
Mme Geneviève Guilbault, la ministre des Transports et (de moins en moins) de la Mobilité durable, nous résumait sa vision au printemps dernier: aux municipalités de payer pour les opérations des sociétés de transport, et au gouvernement de financer les infrastructures. Héritée des années 90, cette approche désuète a encouragé les villes à se développer autour du réseau autoroutier supérieur, payé par l’État, aggravant encore plus la congestion.
Et aujourd’hui? Bien que le gouvernement joue dans les faits un certain rôle financier dans les opérations, il n’a pas l’intention d’en faire plus. Pourtant, entre 2007 et 2015, Québec a permis une augmentation de l’offre de service de 32 %, grâce à des programmes de soutien au développement.
N’ayant pas d’autre choix, face à un manque à gagner considérable, les 82 villes du Grand Montréal, mais aussi Gatineau, Sherbrooke, Trois-Rivières et maintenant Québec, ont décidé de recourir à cette solution.
Cependant, il serait sage de ne pas tout miser sur cette solution. Il serait probablement plus logique et équitable de l’accompagner d’une augmentation de la contribution sur l’essence (gelée par le gouvernement depuis une décennie) pour que les automobilistes payent en fonction de leur usage de l’auto, plutôt que sur la simple possession.
C’est ce qu’a proposé la Communauté métropolitaine de Québec, présidée par le maire Bruno Marchand, pour améliorer les services dans la région. Refus catégorique du gouvernement Legault.
Et pourtant, cette approche existe déjà dans certaines régions, comme dans le Grand Montréal et en Gaspésie, avec des résultats positifs. Le Bas-Saint-Laurent a annoncé son intention de faire de même ― une demande à laquelle Monsieur Legault s’est d’ailleurs montré ouvert.
Alors pourquoi bloquer cette solution? Cela constitue une attaque directe contre l’autonomie des municipalités… et un désengagement envers les citoyens et citoyennes qui attendent désespérément des services. En résumé, l’automne dernier, on leur a donné le pouvoir de taxer l’immatriculation, mais on les critique quand elles l’utilisent.
Et ensuite, on bloque l’utilisation d’une source de revenus traditionnelle, la taxe sur l’essence, qui serait plus logique et qui a fait ses preuves.
Des solutions et des résultats, s’il vous plaît
Pendant ce temps, le gouvernement compte créer l’agence Mobilité Infra Québec pour accélérer des grands projets de transport collectif et baisser les coûts de construction. Des objectifs légitimes, mais une situation particulièrement ironique, non?
Le gouvernement veut construire de nouvelles infrastructures, mais refuse que celles qui existent déjà soient financées correctement. Un paradoxe qui ne fera qu’empirer si l’on n’agit pas.
Alors quoi faire? Il est temps d’agir et de livrer des résultats.
Dans son prochain plan d’action en mobilité durable, le gouvernement doit fixer une cible de croissance des services de 7 % par an et donner aux municipalités les moyens d’y arriver. Sinon, les mairesses et maires qui ont pris l’autobus jusqu’à Québec la semaine dernière pour demander des solutions auront fait ce chemin pour rien.
Cette lettre a initialement été publiée par Le Soleil le 19 septembre 2024
Les autres signataires sont membres du comité directeur de l’Alliance TRANSIT
Marie-Soleil Gagné, directrice générale d’Accès transports viables
Andréanne Brazeau, analyste principale pour le Québec, Fondation David Suzuki
Florence Junca Adenot, professeure associée en études urbaines, UQAM
Martin Vaillancourt, directeur général, Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ)
Sarah V. Doyon, directrice générale, Trajectoire Québec
Christian Savard, directeur général, Vivre en Ville
Emmanuel Rondia, directeur général, Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Montréal)
Samuel Pagé-Plouffe, coordonnateur, Alliance TRANSIT