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Fiche

Plafonnement des émissions des industries du pétrole et du gaz

Un cadre indispensable pour freiner la crise climatique

Publié le 

Les émissions de gaz à effet de serre (GES), qui sont causées par la combustion des énergies fossiles, amplifient la crise climatique. Les changements climatiques font non seulement des ravages en amplifiant la météo extrême, mais ont également des impacts considérables sur tous les aspects de notre quotidien, comme l'économie, l'agriculture et la santé publique.

Afin d'atténuer la crise climatique, de nous protéger et de bâtir une société plus résiliente, le gouvernement fédéral doit s’attaquer au secteur le plus polluant du Canada : l’industrie pétrolière et gazière, qui est responsable de 28,2 % des émissions de GES nationales.

Un cadre réglementaire, qui devrait paraître d’ici la fin de l’année 2024, a ainsi pour but de plafonner leurs émissions. Il serait impossible pour le Canada d’atteindre ses cibles climatiques sans imposer aux principaux émetteurs de faire leur part.

L'industrie gazière et pétrolière est responsable de 44 % des émissions de méthane du pays gaz, un gaz 70 fois plus polluant que le CO2.

Alors qu’un sondage révèle que 80 % de la population québécoise soutient ce type de mesures, ce règlement est vivement critiqué par les industries fossiles. On voit en effet de plus en plus d’informations remettant en cause ces réglementations, qui sont parfois jugées trop contraignantes et inefficaces pour encourager une véritable action climatique.

Dans les faits, qu'en est-il vraiment?

D’abord, en quoi consiste le règlement sur le plafonnement des émissions de GES de l’industrie du pétrole et du gaz?

Il s’agit d’un système de plafonnement et d’échange : chaque entreprise touchée par la réglementation devra respecter des limites d'émissions spécifiques mais si elle n’est pas capable de respecter cette limite, elle devra payer.

Ce système concerne toutes les installations pétrolières, les petites comme les grandes.

Ce règlement a donc pour effet de dissuader les entreprises d’émettre plus de GES.

Quel impact le plafonnement des émissions aura-t-il sur l’économie canadienne?

Il faut se rappeler que les grandes compagnies pétrolières ont réalisé des profits records dans les dernières années. Au Canada, elles ont gagné près de 40 milliards de dollars en profits en 2022, en plus de recevoir d’importantes subventions fédérales venant tout droit de la poche des contribuables. De l’argent qui bénéficierait davantage à toute la société canadienne s’il était investi dans la décarbonisation de l’économie et des nouvelles opportunités d’emplois pour les travailleurs et travailleuses.

Le plafonnement des émissions, et la réduction conséquence des émissions de GES, aiderait à limiter les conséquences des changements climatiques, qui nous coûtent actuellement très cher.

Le règlement entraînera-t-il des pertes d'emplois massives?

Grâce à la loi canadienne sur les emplois durables qui vient récemment d’être adoptée, les emplois et les collectivités qui dépendent économiquement des industries fossiles devraient avoir les moyens et le soutien pour transformer leur secteur. La transition de ce secteur devrait donner accès à des emplois durables et décents, notamment dans le secteur de l’énergie propre qui devrait croître de près de 50 % pour atteindre 639 200 emplois d’ici 2030.

Des investissements significatifs dans des technologies propres et des infrastructures sont également prévus dans le Plan de réduction des émissions du Canada pour 2030, pour faciliter cette transition.

Le plafonnement des émissions va t-il permettre de réduire suffisamment les émissions pour atteindre les objectifs climatiques?

Oui, les cadres de plafonnement et d’échange similaires ont été utilisés avec succès dans plusieurs autres pays et régions pour réduire les émissions de GES, comme en Californie qui a vu une réduction de ses émissions tout en maintenant sa croissance économique.

Mais pour ce faire, le règlement doit être ambitieux et rigoureux. Équiterre et ses partenaires recommandent que la réglementation :

  • soit alignée sur la science climatique et sur la cible de réduction des émissions de GES du Canada pour 2030;

  • exclut les passe-droits qui permettraient à l’industrie fossile de se soustraire à ses obligations;

  • entre en vigueur le plus tôt possible, soit au plus tard en 2025.

Donc, oui, les émissions de l’industrie fossile doivent réellement être plafonnées!

Depuis des décennies, l'industrie fossile fait d’énormes profits, tout en sachant que le pétrole et le gaz causent la crise climatique. Ils sont donc en partie responsables des conséquences de la crise que nous vivons actuellement.

Pourtant, leurs efforts pour limiter leurs émissions ne sont ni suffisants ni assez rapides. Ces dernières années, la production de pétrole et gaz n’a fait qu’augmenter, entraînant ainsi une hausse des GES. À titre d’exemple, entre 1990 et 2022, les émissions des sables bitumineux ont augmenté de 467 %!

Le gouvernement doit donc mettre en place des règles contraignantes pour que ces entreprises fassent leur part, sans que le coût n'incombe à la population.

Analyste, Politiques climatiques et énergétiques