Territoires non cédés de la Nation algonquine anishinaabe [OTTAWA], 20 mars 2023 - Le rapport de synthèse publié aujourd’hui par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) le montre clairement : le monde dispose des données scientifiques et des solutions nécessaires pour lutter contre le changement climatique, mais l’inertie politique et les intérêts fossiles empêchent leur mise en œuvre et menacent la santé et la sécurité de l’humanité et de notre planète. Pour le Canada, il incombe désormais aux leaders politiques d’agir et de mettre en œuvre de véritables solutions, dès maintenant.
Le rapport de synthèse AR6 du GIEC est le dernier morceau de l’évaluation la plus complète de la science climatique à ce jour, et sera fondamental pour la politique et la prise de décision au cours de cette décennie critique. Il démontre que le seul moyen d’éviter les pires conséquences des changements climatiques est de réduire rapidement et profondément les émissions de combustibles fossiles, mais que les plans actuels condamneraient le monde à des impacts beaucoup plus dangereux, fréquents et extrêmes, qui frapperaient le plus durement les communautés marginalisées.
Le rapport indique ce qu’il faut faire pour que les pays corrigent le tir : intensifier immédiatement les efforts d’atténuation, tout en développant l’adaptation pour renforcer la résilience aux effets qui ne peuvent plus être évités, et remédier aux pertes et aux dommages. Les flux financiers doivent être réorientés des énergies fossiles vers les énergies propres et les solutions climatiques, et les pays du Nord doivent respecter leurs engagements en matière de financement climatique pour soutenir la transition énergétique et l’adaptation dans les pays du Sud.
Heureusement, les énergies renouvelables sont plus abordables, plus efficaces et plus faciles à mettre à l’échelle que jamais. Le rapport montre que la mise en œuvre de mesures d’atténuation et d’adaptation peut également produire de nombreux co-bénéfices pour la santé, le bien-être et les moyens de subsistance. Mais pour tirer parti de ces avantages, le monde doit s’attaquer à sa dépendance aux combustibles fossiles et y mettre fin.
Pour galvaniser l’action, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a annoncé un programme d’accélération et organisera un sommet sur l’ambition climatique à New York en septembre. Pour les pays du Nord comme le Canada, le prix d’entrée au sommet comprend l’engagement d’atteindre la carboneutralité le plus proche possible de 2040, de cesser d’octroyer des licences ou de financer de nouvelles activités pétrolières et gazières, et d’arrêter toute expansion des réserves existantes de pétrole et de gaz. La question de savoir si le Canada intensifiera ou non ses efforts en matière de climat au cours des prochains mois, dans la mesure nécessaire pour participer au sommet, constituera un test décisif de la volonté de ce gouvernement d’écouter les données scientifiques et d’assurer un avenir plus sécuritaire.
Citations:
Caroline Brouillette, Directrice générale par intérim, Climate Action Network – Réseau action climat Canada:
« Les scientifiques ont travaillé sans relâche pour évaluer l’état de notre planète au cours des huit dernières années. Le GIEC est clair comme de l’eau de roche : agir sans tarder est la seule option sécuritaire, en particulier pour les populations marginalisées les plus vulnérables au changement climatique, et nous serons confrontés à des dangers croissants à chaque dixième de degré d’augmentation de la température.
« Il faut maintenant que les gouvernements sortent de leur dangereuse complaisance et prennent enfin le relais en réduisant les émissions dans tous les systèmes et secteurs, en investissant dans l’adaptation et en réagissant aux pertes et aux dommages, à la vitesse et à l’échelle requises. Il est temps de s’attaquer, une fois pour toutes, à la mainmise de l’industrie des énergies fossiles sur les politiques, qui bloque l’action climatique depuis des décennies. Au cours des prochains mois, le gouvernement canadien doit montrer comment il alignera ses actions sur la science, fera sa juste part et mettra en œuvre un changement rapide, équitable et transformationnel. »
Andréanne Brazeau, analyste des politiques climatiques, Équiterre:
« Le nouveau rapport du GIEC ne peut être plus explicite: les solutions les plus efficaces pour nous permettre d’avoir un avenir sécuritaire et plus juste existent déjà et sont à notre portée. Il faut transformer notre production, notre consommation, nos déplacements, notre alimentation et l’aménagement de notre territoire. Les choix que nos élu.e.s feront dans les prochaines années auront des conséquences à très long terme sur nos collectivités et le vivant. Il nous faut donc des efforts coordonnés, car les conséquences sur notre santé, notre agriculture et notre économie se font de plus en plus sentir. Tous ces impacts sont interconnectés et la réponse sociale et politique doit l’être aussi. »
Dre Claudel Pétrin-Desrosiers, Présidente, Association québécoise des médecins pour l’environnement:
« Le rapport du GIEC confirme que nous détenons les solutions afin de faire face à la crise climatique avec ambition et agilité. Dès maintenant, nous devons réduire rapidement nos émissions de gaz à effet de serre ; arrêter de subventionner les énergies fossiles ; et veiller activement à la restauration et à la protection des espaces naturels verts et bleus. Non seulement ces actions permettront-elles une plus grande justice socio-économique, mais elles seront aussi porteuses d’une meilleure santé globale pour tous et toutes. »
France-Isabelle Langlois, directrice exécutive, Amnistie internationale Canada francophone:
« Les communautés vulnérables et les Peuples Autochtones subissent de façon plus importante les effets négatifs de la crise climatique. Le rapport du GIEC met bien en lumière le besoin de s’appuyer sur les droits humains pour une transition juste, mais également pour l’adaptation et l’atténuation des conséquences de la crise climatique. Bien que le temps soit compté, limiter la hausse de la température à moins de 1.5˚C est encore atteignable avec des actions immédiates et des politiques ambitieuses concertées des États. »
Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada :
« De l’ouragan Fiona aux incendies dévastateurs en passant par les inondations et les vagues de chaleur meurtrières, le Canada sait à quoi ressemble la crise climatique.
« Le rapport du GIEC montre qu’il existe des solutions permettant de sortir de cette autoroute infernale qui nous conduit droit vers un réchauffement planétaire catastrophique où les personnes qui en sont les moins responsables sont les plus touchées. Nos gouvernements doivent cesser d’aider les entreprises d’énergies fossiles et les autres pollueurs, en cessant, entre autres, d’autoriser de nouveaux pipelines ou projets pétroliers et gaziers. Le temps est venu qu’ils commencent à tenir les compagnies pour responsables et à les faire payer pour les pertes et dommages qu’elles causent. Les solutions sont nombreuses pour agir contre la crise climatique et l’heure est au déploiement sans ménagement. Ce rapport est un véritable plan d’action pour l’humanité et l’une des dernières portes de sortie qui s’offrent à nous pour construire un monde plus juste et plus sécuritaire. »
Anne-Céline Guyon, chargée de projet experte climat, Nature Québec:
« Alors que prend fin le sixième cycle de rapports du GIEC, nous ne pouvons plus faire semblant de ne pas savoir. Nous avons maintenant toutes les données en main. Nous connaissons les impacts catastrophiques d’un dépassement de la température globale au-delà de 1,5°C. Nous connaissons les solutions, les vraies, et nous savons qu’il faut les appliquer au plus vite dans un esprit de justice sociale. Et enfin, nous savons qu’il faut répondre à la crise climatique en même temps qu’à la crise de la biodiversité. La seule question est : Qu’attendons nous ? »
Marie-Christine Bélanger, directrice Service-Conseil et Innovation à la Société de coopération pour le développement international (SOCODEVI):
« Le nouveau rapport du GIEC est clair: il faut poser maintenant des gestes concrets pour aider les populations les plus vulnérables à s’adapter aux changements climatiques. SOCODEVI, à travers ses projets appuyés par le réseau coopératif et mutualiste du Québec, met en place des solutions justes, inclusives et équitables qui favorisent la protection ainsi que le maintien des écosystèmes et de la biodiversité dans le but d’améliorer les conditions de vie des collectivités. Le GIEC le dit : on doit en faire plus! Le Canada doit augmenter ses investissements en aide internationale afin d’assurer un futur viable et durable pour tout le monde. »
Jean-François Boisvert, membre du comité de coordination, Front commun pour la transition énergétique:
« Le GIEC nous rappelle une fois de plus l’urgence d’agir, soulignant que la fenêtre de temps pour éviter un réchauffement catastrophique rétrécit rapidement.
Espérons que nos dirigeants entendront l’appel et entreprendront sans tarder la transition requise pour assurer la pérennité de notre société. »
Aliénor Rougeot, Responsable de Programme climat et énergie, Environmental Defence Canada:
« Le rapport du GIEC nous rappelle que la transition vers les énergies renouvelables est inévitable et urgente. Les gouvernements fédéraux et provinciaux doivent adopter des politiques décisives pour éliminer progressivement les combustibles fossiles, qui sont la principale cause de la crise climatique. C’est une occasion unique de construire un avenir plus propre et plus prospère pour tous, mais cela nécessite des plans ambitieux et des investissements massifs dès maintenant pour assurer une transition juste et bénéfique pour les travailleurs et les communautés à travers le Canada. »
Gerardo Almaguer, président-directeur général, Développement international Desjardins (DID):
« Sans surprise, nous sommes entrés dans l’ère des conséquences. Travaillant en étroite collaboration avec les populations locales depuis plus de 50 ans, DID est un témoin privilégié des impacts des changements climatiques. Nous sommes convaincus que la mobilisation des institutions financières locales et de la finance verte est un puissant moteur de changements systémiques, permettant l’adoption de modes de consommation et de production durables, ainsi que de solutions fondées sur la nature. Le gouvernement canadien et les ONG doivent continuer à unir leurs efforts pour accélérer l’autonomisation économique des personnes, des femmes, des jeunes et des communautés défavorisées. C’est une condition essentielle pour renforcer leur résilience et les aider non seulement à faire face aux changements climatiques, mais aussi à saisir les opportunités associées à la transition vers une économie plus verte.»
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