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Il y a 2 ans j’avais prédit, comme plusieurs environnementalistes d’ailleurs, que le pipeline Énergie Est de TransCanada ne serait jamais construit et que le pétrole des sables bitumineux ne sortirait donc pas du pays en passant par le Québec. L’automne dernier, TransCanada a annoncé la fin de son projet.
Aujourd’hui, j’ose y aller d’une deuxième prédiction. L’expansion du pipeline TransMountain de Kinder Morgan ne sera elle non plus jamais réalisée, n’en déplaise à madame Notley, Première ministre de l’Alberta et M. Justin Trudeau, Premier ministre du Canada. Le pari de miser leur avenir politique sur ce projet, devenu un symbole de la lutte aux changements climatiques au pays, est très risqué, surtout pour le Premier ministre canadien.
La première raison qui sous-tend cette prédiction est que de nombreuses nations autochtones s’opposent au projet. La constitution canadienne leur accorde plusieurs droits et il est loin d’être certain que ces droits aient été respectés dans les processus d’approbation du pipeline, rappelons-le. 18 recours sont présentement devant les tribunaux à ce sujet. Peu importe les jugements à venir, il est certain que les parties feront appel, possiblement jusqu’à la Cour suprême du Canada, ce qui pourrait prendre des années.
Or, tant que ces recours ne sont pas épuisés, Kinder Morgan sera dans l’incertitude; les investisseurs n’aiment pas l’incertitude, ce qui explique leur décision de suspendre les dépenses liées au projet.
La deuxième raison qui laisse croire à l’abandon de ce projet de pipeline est que la province de la Colombie-Britannique s’y oppose et est aussi devant les tribunaux pour défendre ses droits. À ce sujet, le gouvernement du Québec a cru bon d’intervenir dans le débat politique en soulignant qu’Ottawa devrait respecter la volonté des provinces dans le cadre de l’évaluation environnementale de ces mégaprojets. Pourquoi monsieur Couillard est-il intervenu dans un débat qui concerne deux provinces gouvernées par le NPD de l’autre côté du pays? La réponse est simple : le droit qui gouverne un pipeline est exactement le même que celui qui encadre la construction d’une ligne à haute tension.
Depuis des décennies, le développement du potentiel hydro-électrique au Labrador est bloqué par le refus du Québec de permettre la construction d’une ligne à haute tension qui traverserait le Québec.
Si la Cour suprême confirmait le droit du fédéral d’imposer un pipeline à la Colombie-Britannique, contre la volonté de cette province, Terre-Neuve se lancerait dans la construction d’une ligne à haute tension entre le Labrador et New York. Vous imaginez la crise constitutionnelle ?
Enfin, les villes de Burnaby et Vancouver, où se terminerait le pipeline de Kinder Morgan, y sont opposées.
Combien de citoyens, combien d’autochtones, devront se faire arrêter avant que Kinder Morgan et Trudeau ne reculent? Devrons-nous assister à des drames comme lors de la crise d’Oka, dont le point de départ de la discorde était… un terrain de golf?
Lors des élections en 2015, Justin Trudeau avait proclamé que les gouvernements accordent des permis, mais que ce sont les communautés qui donnent les permissions. Il avait raison et n’aurait pas dû l’oublier.