Dubaï, 7 décembre 2023 - En direct de la COP28, Équiterre salue le dépôt du cadre réglementaire pour le plafonnement des émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur pétrolier et gazier, mais souligne qu'il faudra le rendre plus exigeant et devancer son échéancier pour qu’il atteigne son objectif.
Le gouvernement fédéral a en effet annoncé un système de plafonnement et d’échange de crédits pour renverser la tendance à la hausse des émissions de l’industrie fossile canadienne.
« On se réjouit d’enfin voir prendre forme le prochain règlement sur le plafonnement des émissions de gaz à effet des secteurs pétrolier et gazier. Ça fait longtemps qu’on l’attend. La détermination du gouvernement du Canada est à souligner quand on sait à quel point il y a de la résistance à l’égard de toute forme de réglementation de la part de l’industrie fossile, dont les pratiques de désinformation et d’écoblanchiment sont appuyées et même amplifiées par certains gouvernements provinciaux. »
-Andréanne Brazeau, analyste des politiques climatiques chez Équiterre
D’importants ajustements à prévoir
Pour l’organisation, beaucoup de travail reste toutefois à faire afin que le projet de règlement, promis en 2021 à la COP26, soit à la hauteur de l’urgence climatique.
« Dans sa forme actuelle, le cadre manque d’ambition et de rigueur. Il comporte trop d’échappatoires, dont les crédits compensatoires, et il entrera seulement en vigueur en 2026, ce qui est bien trop tard si on souhaite que le secteur pétrogazier fasse réellement sa part dans l’atteinte de nos objectifs climatiques de 2030 et 2050. Le règlement devra être aligné avec ce que la science nous dit », ajoute-t-elle.
Des critiques prévisibles et malhonnêtes
Équiterre s’attend aux habituelles critiques de l’industrie fossile - qui fait pourtant des profits record et n’investit presque rien en énergies renouvelables -, en plus de la traditionnelle contestation devant les tribunaux par certains gouvernements provinciaux qui se rangent derrière elle.
« Les compagnies pétrogazières sont toujours prêtes à piger dans le plat de bonbons et prendre l’argent des contribuables afin de protéger les profits de leurs actionnaires, tout en moussant des technologies hyper coûteuses qui n’ont pas fait leurs preuves comme la capture et le stockage de carbone au nom de la “décarbonation”, mais quand vient le temps d’assumer leurs responsabilités, elles vont se réfugier dans les jupons de quelques politiciens et politiciennes toujours enclin(e)s à faire passer les intérêts de l’industrie avant ceux de la population », indique Marc-André Viau, directeur des relations gouvernementales d’Équiterre.
Alors que la COP28 bat son plein, rappelons qu’un nombre record de lobbyistes des secteurs du pétrole et du gaz sont à Dubaï. Pour rappel, une majorité écrasante de Québécois(es) - 87 % - appuient l’idée de réglementer les émissions de l’industrie fossile canadienne, et environ 60 % de la population albertaine également.
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