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La journée de Cupidon est synonyme de démonstrations affectives de toutes sortes (lire ici on ♥ l’amour). Le 14 février est également une journée de grande affluence chez les fleuristes. Seulement aux États-Unis, 2 milliards de dollars sont dépensés en fleurs et 250 millions de roses sont achetées pour cette seule journée!
Comme ⅔ des fleurs vendues au Québec proviennent de l’extérieur, nous nous sommes demandés s’il s’agissait d’un achat responsable pour la planète et les travailleurs.euses. Leçons tirées : il faut faire très attention avec l’achat de fleurs importées et il existe de nombreuses façons de fleurir votre vie de façon locale et responsable.
Fleurs en pot, fleurs locales et de saison, fleurs équitables : vous trouverez dans cet article tout ce qu’il vous faut pour faire plaisir tout en consommant localement!
Évidemment, n'oubliez-pas que le cadeau le plus écolo (et le plus beau) est immatériel… ♥
© Chloé Roy Floramama
14 février : journée internationale des travailleurs.EUSES de la fleur
Il est fort probable que derrière votre joli bouquet de fleurs importées, acheté avec amour et de bonnes intentions, se cache un travail effectué en majorité par des femmes et des enfants. Ceux-ci ont des emplois précaires, sous-payés et des conditions propices au harcèlement sexuel, (pas super pour la fête de l’amour ¯\_(⊙︿⊙)_/¯ ). Par exemple, au Kenya où sont produites la majorité des roses du monde, le salaire médian pour une personne travaillant dans l’industrie florale est l’équivalent de 83 $ par mois, alors que le minimum requis pour satisfaire les besoins de base est d’environ 155 $.
Aussi, puisque les importateurs exigent des fleurs impeccables, le recours aux pesticides, fongicides et engrais chimiques est plus élevé dans l'industrie florale que dans tout autre secteur agricole. Les travailleurs.euses n’en sont habituellement pas protégés et la population environnante subit les conséquences de la pollution et de la contamination de l’eau.
Afin d’en savoir plus sur la réalité de ces travailleurs et travailleuses, nous vous invitons à visionner le documentaire « À fleur de peau, un bouquet de la Colombie », présentant l’industrie de la rose en Colombie.
Nos suggestions pour consommer des fleurs de façon responsable
1. OPTEZ POUR DES FLEURS EN POT
Les fleurs (ou plantes) en pot sont beaucoup plus durables que les fleurs coupées. Elles sont aussi nécessairement cultivées au Canada puisqu’il est interdit d’importer de la terre au pays. Vous pouvez également favoriser un choix de plante dont la semence provient du Québec. Pourquoi ne pas offrir un cadeau encore plus personnel en faisant l’ensemencement par vous même?
Conseil de Julie Duzyk, fleuriste chez Les Bois Les Feuilles : « Toutes les orchidées sont formidables pour cette raison-ci : elles ont une floraison qui dure une saison. S’il reste quelques 3, 4 ou 5 boutons à ouvrir, on a une plante dont la floraison va se poursuivre pendant 6, 8 voire 10 semaines. Au-delà de ça, c’est une plante vraiment facile d’entretien et qui demande somme toute très peu d’éclairage et ne veut pas de soleil direct. Au niveau symbolique, presque toutes les orchidées refleurissent un an après leur première floraison. Non seulement tu offres un cadeau qui est durable, mais elle va refleurir à la date de la réception du cadeau : c’est comme si le cadeau se répétait de lui-même. J’en ai eu déjà vu qui avaient 17, 22 et 24 ans! »
Wowwww, touchant et symbolique, une fleur à l’image de l’amour qui dure!
2. OPTEZ POUR DES VÉGÉTAUX DE SAISON
Bouquets des 4 saisons par © Annie Lord Artiste Florale
Acheter des végétaux d’ici en fonction des saisons est le choix le plus écologique : il permet d’éviter la dépense énergétique d’une production en serre. En hiver, le cèdre et la cocotte se retrouvent en abondance au Québec. En plus d’être un choix original, peu coûteux et écoresponsable, le feuillage ne demande pas d’emballages comparativement aux fleurs qui en demandent souvent 2 à 3 couches pour résister au froid québécois.
Des fleurs de saison pour un mariage de saison : oui je le veux!
Votre mariage est probablement le moment de votre vie où vous investirez le plus d’argent dans les fleurs. Profitez de cette occasion pour faire un choix significatif et responsable. Avec l’aide d’un.e fleuriste, vous pourriez créer un arrangement local avec des fleurs des champs/sauvages/du fleuve et différentes verdures. Des feuilles, des écorces, du sapinage et de jolies branches peuvent faire de magnifiques décorations, et les fleurs pourraient garnir les bouquets ou la couronne de la mariée. De quoi la faire resplendir!
Pour d’autres idées de mariage, consultez le geste du mois Un mariage éco responsable : oui je le veux!, tiré du mariage de Steven Guilbeault, en 2016.
© Photos Bianca Desjardins et arrangements floraux par Annie Lord Artiste Florale
3. POSEZ DES QUESTIONS À VOTRE FLEURISTE
Quelles sont vos fleurs équitables?
Les fleurs équitables permettent de garantir des normes sociales et environnementales plus élevées, telles que des règles de santé et de sécurité, un horaire décent, une réduction de l’utilisation des pesticides et un salaire au moins égal à la moyenne nationale. Toutefois, la production et le transport des fleurs demeurent polluants. Il est préférable de s’assurer que les fleurs achetées soient certifiées par l’une des certifications suivantes : Fairtrade, Rainforest Alliance, Veriflora, Florverde et Sierra Eco. Sierra Eco est une organisation qui propose une plateforme de recherche afin de repérer facilement les fleuristes québécois qui possèdent des fleurs équitables. Le magazine L’actualité a créé une liste de 15 fleuristes équitables au Québec.
Quelles sont vos fleurs locales? D’où viennent-elles?
Encourager les fleuristes locaux plutôt que les importateurs étrangers permet entres autres de réduire de beaucoup les émissions de CO2 résultant du transport. Malgré tout, la production de fleurs en serre demeure riche en dépenses énergétiques : il peut être bon de s’informer sur les pratiques des producteurs locaux.
Conseil de Julie Duzyk, fleuriste chez Les Bois Les Feuilles : « Je propose pour la Saint-Valentin des bouquets de tulipes. En ce moment la tulipe locale est magnifique (elle provient de l’est du Canada). Elle est également très abordable. La tulipe, quand elle gèle, devient translucide comme de la porcelaine. C’est possible de s’amuser avec ça et de faire des bouquets qu’on peut laisser à l’extérieur et qui deviennent givrés, donnant un tout autre rendu. Il y a aussi d’autres fleurs locales comme le chrysanthème et la marguerite. On ne pense pas à ça, mais on peut demander au fleuriste de monter un bouquet différemment et obtenir un résultat qui est unique! »
© Photo à droite de Floramama
4. ÉVITEZ LES MAGASINS GRANDE SURFACE, LES ÉPICERIES ET LES DÉPANNEURS
En grande surface, les fleurs sont mal étiquetées (il n’est pas obligatoire d’indiquer leur provenance, contrairement aux aliments) et on arrose toutes les plantes indistinctement. Aux problèmes environnementaux s’ajoute le risque de contamination des plantes et de la boiserie. En effet, les végétaux achetés dans les grandes surfaces ont un risque plus élevé d’être infectés par des champignons parasites, des insectes ou des acariens, qui peuvent être transmis à vos autres plantes.
* Posez vos questions aux épiceries d'aliments naturels ou bio qui peuvent s'approvisionnent local, bio et/ou équitable en fleurs.
Répertoire de fleuristes ET FERMES FLORALES écoresponsables :
Annie Lord
Atelier Carmel
Fleurs & Cie
Floralia
Floramama
Les Bois Les Feuilles
Oursin fleurs
Prairies
Prune-les-Fleurs
Teatro Verde
Des producteurs locaux :
Les fleurs Maltais
Origine fleurs
Pivoines Capano
Rose Drummond
(Informez-vous auprès des producteurs locaux à propos de la dépense énergétique et de l’usage de pesticides, de fongicides et d’engrais chimiques.)
Pour aller plus loin - REPORTAGES :
« La révolution des fleurs », La Presse, 6 juin 2017
« Des fleurs équitables », Téléquébec, 11 février 2009
« D'où viennent les fleurs que vous achetez? », Protégez-vous, 15 janvier 2014
« Oursin fleurs: la fleuriste écologique », Le Devoir, 11 novembre 2017
« Pour des fleurs écoresponsables à la Saint-Valentin! », Ferme Saint-Vincent, 28 janvier 2015
© Photos Les Bois Les Feuilles