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CHARM EL-CHEIKH, 20 Novembre, 2022 – Au terme de plus de deux semaines de négociations climatiques dans le cadre de la 27e Conférence des Parties (COP27), Équiterre célèbre l’adoption rapide d’un mécanisme de financement pour compenser les pertes et préjudices que subissent les pays et les communautés vulnérables à travers la planète. L’organisation déplore toutefois le manque d’ambition des pays développés, dont le Canada, en ce qui concerne les engagements visant l’élimination de toutes les énergies fossiles du bouquet énergétique mondial bien que leur production et leur consommation soient à la source de la crise climatique.
« Alors que la question des pertes et préjudices a été ajoutée à l’agenda des négociations à la dernière minute, un plafond de verre vient d’être brisé en matière de justice climatique grâce au travail acharné des pays du Sud et de la société civile. C’est à croire que les pays développés sont en mesure de reconnaître les problèmes et de faire avancer les négociations rapidement lorsque la volonté y est. » -Andréanne Brazeau, analyste politique chez Équiterre, depuis l’Égypte.
Néanmoins, les pays développés, dont le Canada, n’ont pas été à la hauteur des enjeux. Au-delà de l’avancée sur le plan des pertes et préjudices, nous nous dirigeons toujours vers un réchauffement climatique de 2,7 degrés Celsius d’ici 2100 au lieu de 1,5 degré tel que fixé par l’Accord de Paris. Il est décevant de constater que les pays du Nord sont arrivés à la COP27 les mains pratiquement vides tant en termes d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre (GES) qu’en termes d’adaptation et de finance climatique.
« Bien que nous ayons réussi à préserver les acquis de Glasgow, l’influence du secteur pétrolier et gazier demeure immense. Nous n’arrivons toujours pas à nommer adéquatement la principale cause de la crise climatique à savoir toutes les énergies fossiles, dans une décision-cadre. C’est tout simplement injuste que les grands pollueurs s’en sortent encore indemnes alors que les catastrophes climatiques s’intensifient », estime Émile Boisseau-Bouvier, analyste des politiques climatiques d’Équiterre, également en Égypte.
Le Canada : incohérence après incohérence
La politique climatique interne du Canada a teinté sa performance à la COP27. Contrairement aux appels pressants du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) et de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le pays a choisi le statu quo en ce qui a trait aux énergies fossiles qui sont pourtant à la racine de la crise climatique.
« En plus de n’avoir fait aucune annonce significative pour rattraper son retard en termes d’action climatique à l’échelle nationale, le Canada a manqué sa chance de tirer l’ambition internationale vers le haut. Mettant plutôt de l’huile sur le feu, il a choisi d’offrir une vitrine aux fausses solutions des compagnies pétrolières et gazières au sein de la programmation de son tout premier pavillon à la COP », déplore Andréanne Brazeau.
Équiterre s’attendait à ce que le Canada arrive à Charm el-Cheikh réellement préparé avec, entre autres, une stratégie rehaussée pour atteindre la carboneutralité d'ici 2050, mener une transition juste dans le monde du travail, adapter le territoire au dérèglement du climat, assumer sa juste part de la finance climatique et réaliser sa promesse de la COP26 de mettre fin au financement public des énergies fossiles à l’international d’ici la fin de 2022.
Québec : des annonces bienvenues, mais qui manquent de mordant
Les annonces du gouvernement du Québec entourant les 10 millions de dollars supplémentaires au Fonds pour l’adaptation aux changements climatiques des Nations unies et les 6,6 millions de dollars pour appuyer la lutte contre l’insécurité alimentaire en Côte d’Ivoire, en Haïti et au Sénégal sont d’excellentes nouvelles du point de vue de la coopération internationale.
Aussi, Équiterre accueille avec optimisme la nouvelle Stratégie de mobilisation pour l’action climatique du Québec, accompagnée d’une enveloppe de 46,4 millions de dollars tout en rappellant que la mobilisation est un levier essentiel pour faire pression sur les gouvernements afin d’atteindre, voire même dépasser, les cibles actuelles.
« Les annonces du Québec sont certes positives, mais elles ne s’attaquent pas aux enjeux immédiats de l’urgence climatique. La mission québécoise à la COP27 était davantage guidée par des intentions économiques qu'environnementales. Si elles sont parfois complémentaires, les premières ne peuvent se substituer aux deuxièmes », affirme Émile Boisseau-Bouvier.
Équiterre estime que le Québec ne fait toujours pas sa juste part de l’effort mondial et déplore le refus du gouvernement de rehausser sa cible de réduction des émissions de GES conformément à ce qu’exige l’Accord de Paris. L’absence d’une nouvelle stratégie nationale d’adaptation ou, au minimum, de lignes directrices en la matière est tout aussi préoccupante alors que la population québécoise paie déjà les frais des impacts du dérèglement climatique.
« La COP27 aurait été l’occasion idéale pour le Québec de prendre conscience de la nécessité d’agir conformément à la gravité de la crise climatique mondiale et de proposer des mesures concrètes pour transformer rapidement notre société de manière juste et durable », conclut le porte-parole.
Enfin, Montréal accueillera la COP15 sur la diversité biologique en décembre, un sommet qui offrira une chance supplémentaire aux États d’arrimer leurs paroles et leurs actions environnementales. Les crises conjointes du climat et du vivant qui affectent déjà notre quotidien devraient être des motivations suffisantes pour pousser les gouvernements à agir rapidement et concrètement, à l’échelle nationale et locale.
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La participation d'Équiterre à la CdP-27 est notamment rendue possible grâce à l'appui financier du ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.