Publié le
Montréal, 7 avril 2022 - Équiterre estime que le budget fédéral ne reflète pas l'urgence climatique puisque les ambitions de son plan de réduction des émissions seront annulées par le développement du projet pétrolier Bay du Nord.
« On confirme les intentions du plan de réduction des émissions, mais les coupes dans les subventions aux énergies fossiles sont tout simplement microscopiques. On se serait attendu à ce que la ministre Freeland prenne plus au sérieux ses responsabilités sur le plan environnemental, mais ce budget ne le reflète pas » a affirmé Marc-André Viau, directeur des relations gouvernementales d’Équiterre.
Un gouvernement à l’écoute… du lobby fossile
Équiterre dénonce vivement les généreux crédits d’impôt accordés par le gouvernement pour le captage, l’utilisation et le stockage du carbone : une option technologique embryonnaire, chère et que le lobby des hydrocarbures instrumentalise pour continuer à produire le plus longtemps possible.
« On l’a vu avec la décision sur Bay du Nord et on le revoit aujourd’hui : le lobby de l’industrie fossile a l’oreille du gouvernement, qui reprend presque tel quel son vocabulaire d’écoblanchiment si souvent employé pour mousser des échappatoires technologiques inefficaces », affirme Émile Boisseau-Bouvier, analyste des politiques climatiques d’Équiterre.
Équiterre salue néanmoins les engagements concernant la divulgation obligatoire des risques financiers relatifs aux changements climatiques. Toutefois, il n'y a aucune raison que la reddition de comptes ne débute qu'en 2024. La loi fédérale sur la carboneutralité est entrée en vigueur en juin 2021 et elle oblige la ministre des Finances à présenter un rapport annuel. Ce délai de 3 ans pour répondre aux exigences de la loi est totalement injustifié.
Une nouvelle occasion ratée en transport
Équiterre souligne l’absence d’un mode de financement efficace et fiscalement responsable de son programme d’incitatifs à l’achat de véhicules zéro émission, alors qu’il sera rouvert pour revoir le plafond d’admissibilité de certains modèles.
« Bien qu’une généreuse somme de 1,7 G$ supplémentaires sur cinq ans soit accordée pour les subventions à l’achat de véhicules électriques, la facture est encore une fois épongée par l’ensemble des contribuables », explique Andréanne Brazeau, analyste en mobilité d’Équiterre.
Équiterre propose depuis des années la mise en place d’un système de redevance-remise, où une surtaxe à l’achat des véhicules plus polluants financerait l’achat des véhicules les moins polluants. Cette recommandation est d’ailleurs endossée par la Coalition pour un budget vert.
«En refusant de revoir la source de financement du programme, on ne s’attaque ni à la croissance de notre parc automobile ni à l’explosion de la taille de nos véhicules. On mise tout sur la carotte et on n’ose pas utiliser le bâton. L’heure des demi-mesures est révolue et le gouvernement s’y refuse sur ce plan », ajoute l’analyste.
Techno-optimisme en agriculture
Équiterre s’inquiète aussi de l’accent mis sur les solutions technologiques en agriculture, au lieu de financer le transfert des connaissances déjà existantes. Les technologies naturelles sont plus durables que les nouvelles technologies.